mercredi 31 mars 2010

Peur sur Grenoble

retrouver ce média sur www.ina.fr


L'homme qui va être jugé là a fait trembler Grenoble. Un reportage d'Alpes Magazine datant des années quatre-vingt. Vous pouvez y voir un reportage d'époque sur les Brigades rouges - groupe 666.
Je vous ai parlé de l'affaire Matencio, j'ai trouvé sur l'i.n.a un long et bon reportage avec des images de Grenoble. Disfruta.

lundi 29 mars 2010

Le Pactole coule dans vos poches, Moinet


L'avantage avec les films de Clouzot est que si on pense s'enchanter de la France villageoise et heureuse d'antan, on déchante bien vite car la mesquinerie, l'immoralité n'ont pas d'époque. No lo olvides.


dimanche 28 mars 2010

Faites entrer Accusaman

La semaine dernière, mes petits agneaux, j'ai fauté en douce, je me suis jeté dans le grand frisson. J'ai regardé contrairement à ma résolution du début d'année Faites entrer Accusaman. J'espère tout clément que vous savez l'être avec les faibles, que vous en comprendrez la raison. L'intrigue lointaine d'une trentaine d'année eut lieu dans une région qui fut mienne, la région grenobloise. Je ne vais pas vous raconter ma vie, je ne suis pas là pour cela, mais comme tout citoyen du monde d'aujourd'hui, j'ai habité aux quatre coins de l'hexagone (comme le dit le journaliste). Lorsqu'on me demande d'où je viens, pour ne pas répondre nulle part, je parle de l'endroit qui m'a le plus longuement retenu, Grenoble. L'intrigue domincale promenait sa poésie géographique (une départementale est pour un moi un poème) dans les rues et les alentours de la capitale des Alpes, qui en plus de charrier sa grammaire spatio-temporelle ajoutait la nostalgie d'un âge d'or. Le malfrat conduisait la police de la place Notre-Dame au Sappey, de la place Victor Hugo jusqu'au final la place du Tribunal, où quelques étudiants paresseux buvaient probablement un peu de sirop noyé dans leur bière. Le moment le plus marquant fut la retransmission d'une bande sonore sur laquelle était gravée une conversation avec le criminel. Celui-ci avait une voix, un ton, un discours, une politesse, une voix des années soixante-dix.

Un reportage d'époque, ici

mercredi 24 mars 2010

No lo olvides

RadioAlmendralejo, le blog qui rapporte des points au scrabble (Espagnol)

El valor de escribir bien, idiota.

mardi 23 mars 2010

España en tiempos revueltos

Lorsque, sortant du débris de Carthage, je traversai l'Hespérie avant l'invasion des Français, j'aperçus les Espagnes encore protégées de leurs antiques moeurs. L'Escurial me montra dans un seul site et dans un seul monument la sévérité de la Castille : caserne de cénobites, bâtie par Philippe second dans la forme d'un gril de martyre, en mémoire de l'un de nos désastres, l'Escurial s'élevait sur un sol concret entre des mornes noirs. Il renfermait des tombes royales remplies ou à remplir une bibliothèque à laquelle les araignées avaient apposé leur sceau, et des chefs-d'oeuvres de Raphaël moisissant dans une sacristie vide. Ses onze cent quarante fenêtres, aux trois quarts brisées, s'ouvraient sur les espaces muets du ciel et de la terre: la cour et les hiéronymites y rassemblaient autrefois le siècle et le dégoût du siècle.

Chateaubriand, Napoléon, La petite vermillon, p.133,Livres XIX à XIV des Mémoires d'outre-tombe

Comme vous l'aurez compris, j'en suis au moment où Napoléon est venu s'embourber en Espagne. Une phrase : Toute la vaillance des Français leur fut inutile, les forêts s'armèrent et les buissons devinrent ennemis est un joli condensé de l'étude de Clausewitz sur la guerrilla espagnole.

Mais pourquoi Chateaubriand dit "les Espagnes"?





dimanche 21 mars 2010

L'éloquence de Bossuet

Répliques, l'émission du 20 mars

Pourquoi Bossuet nous est-il tant étranger? L'avons-nous déjà lu, classique parmi les classiques?

Pourtant, il a été la voix de la France, comme l'ont été Victor Hugo et Voltaire. Certes, son œuvre souffre d'une vision théologico-politique radicale, La politique tirée de l'écriture Sainte est son programme, à l'écart de notre sensibilité contemporaine, sa langue, qui est aussi notre langue, fait encore l'admiration des rhétoriciens. Ces sermons, ses oraisons funèbres peuvent être lues et aimées, ce n'est pas de l'araméen, mes amis et après quelques lectures que l'internet nous permet, je ne suis pas perdu dans cette langue du Grand Siècle. Son Sermon sur les mauvais riches peut s'avérer croustillant et son éloge du silence dans ses Instructions aux Ursulines de Meaux du miel pour l'esprit.

L'émission de ce samedi vaut pour plusieurs choses, pour l'exercice d'admiration des invités érudits, ce qui est toujours un plaisir, pour quelques citations de Tocqueville lues par Finkielkraut, pour le recadrage historique d'une période obscure de notre savoir (La Fronde, les guerres de Religion, l'édit de Fontainebleau). Au début, Finkielkraut déclame une citation de Bossuet, il y met un ton théâtral qui fait dire qu'il est possible de faire des lectures publiques qui serait tout à fait plaisantes. Après tout, ce sont des sermons qui s'adressaient à un large public.

Jean-Luc et les voitures du peuple

Hey man !
Nice shoes
Nice car
Nice rock
You've got a nice wife too, and this one could be mine
Ghinzu, Mine
Hé, Damien/ si tu es trop saoul ce soir/
Appelle-moi et je viens te chercher/
J'ai une couverture et dans mon coffre, tu pourras t'allonger/
Jean-Luc et les voitures du peuple, Guindailleurs au garage noir

samedi 20 mars 2010

Petit manuel de guerre idéologique

Il a fallu un peu moins de trois mois aux comités de vigilance pour commencer leur travail de flicaillons et de procureurs. Comme je l'avais annoncé ici, la libération de la parole "monstrueuse" et nauséabonde dont le vilain Eric Zemmour fait le commerce, salit l'image de notre idéal multiculturel, qui est en passe de réussir. Les dizaines d'intellectuels organiques justifient enfin leur promotion en tapant à bras raccourcis, il fallait pour les Miller, les Bonnaud, les Dély montrer qu'on n'était pas là par hasard. Comme le doux Lindenberg en son temps, ils allaient faire le travail. Calomnier, invectiver, décourager, amalgamer, submerger, attaquer. Le dernier livre de Zemmour, Mélancolie française, donne l'occasion à la meute de se déchaîner et au public de comprendre ce qu'est une guerre idéologique. Un tournant dans le culture war français. Les pasdarans de la bien-pensance ne comprennent pas que plus ils matraquent, plus il donne du crédit et une publicité toute béhachélienne à son essai et à ses idées. Ils apprendront tôt ou tard que ceci se fait dans l'ombre, dans l'oubli, que passer sous silence une oeuvre est la meilleure des méthodes pour la liquider. On laisse l'homme dans le silence et on l'en en sort opportunément pour l'accuser violemment. Etant un inconnu pour tous, il sera d'autant plus facile de le discréditer et de la faire porter les idées lamentables que l'on combat (Gougenheim, R.C). Pour Zemmour, cependant, il y a eu un petit ratage. L'animal est tenace, il a la force de l'abnégation et connaît un petit succès populaire, qui fait que des émissions en mal d'audience sont toujours tenté de l'inviter. Il a l'expérience des médias et sait s'adresser au public, ainsi il esquive les manipulations simplificatrices et outrancières de ses ennemis, son profil ne satisfait à aucune étiquette.

Petit exemple de procès médiatique : ici

jeudi 18 mars 2010

Lost highway

Dans ma mitsubitchi 1995 à l'arrêt, je tournais le volant dans tous les sens. Je montais le son de l'autoradio, un concert classique; Beethoven, le meilleur, je pensais à nos futures escapades vers la mer du nord. J'étais joie. Un nouveau cadeau allait bientôt m'être remis. C'est la fête des pères en Espagne et je suis déjà comblé.

Bien à vous

La vie normale est merveilleuse.

mercredi 17 mars 2010

La beauté de l'outrance

J'ai entre les mains un cahier qui reprend des pages de la diatribe de Barbey d'Aurevilly contre Didérot, publiée à l'époque sous le titre Goethe et Diderot. On y trouve les phrases que Raphaël Enthoven avaient lu en ouverture de son émission sur le philosophe, elles m'avaient attiré. J'ai trouvé par chance quelques feuillets chez un bouquiniste. C'est virulent et bien tourné. Je serais bien malin de m'en inspirer car il faut dire que seule la violence des attaques provoquent la réaction et l'échange dans la vie des blogs et ramènent la meute des commentateurs.
En effet, Diderot, c'était la discussion faite homme. C'était le haut bavardage incontinent, le ruissellement de la parole tombant incessamment du sommet d'une tête fumante. il fermait les yeux et ouvrait la bouche, et cela partait, et ruisselait à noyer cinquante petits Sainte-Beuve là-dedans.

Mais Diderot était, lui, un talent essentiellement extérieur. Au lieu de se concentrer, il se répandait. Il n'aurait pas attendu, comme Richardson, cinquante ans derrière un comptoir, avant de lancer une Clarisse Il était du siècle le plus superficiel. Comme un bourgeois qu'il était, -comme un parvenu et un Turcaret de lettres, -il rafolait des salons où les grands seigneurs ennuyés l'écoutaient comme un oracle. Sa vanité s'étalait là. Il s'y dépensait effroyablement. Il se dépensait au café, au foyer des théâtres, partout où les hommes étaient rassemblés et où il pouvait ruisseler de paroles.[...] Peintre qui crevait sa peinture pour passer sa tête par le trou de sa toile, afin qu'on le vît bien et au'on l'entendît bien toujours.

mardi 16 mars 2010

Le coeur français

Le concept de French paradox est né il y a près de vingt ans lorsque statisticiens et cardiologues se sont intéressés aux données concernant des maladies des artères coronaires (infarctus du myocarde…). L’analyse des données mettait en évidence qu’en dépit de facteurs de risque identiques, les Français jouissent d’une santé cardiovasculaire à faire pâlir nos voisins européens et américains. Pour certains chercheurs, cette énigme, le fameux French paradox, trouverait son explication -entre autres- dans la consommation de vin. Pas si simple cependant puisque la santé cardiovasculaire d’un individu résulte de facteurs génétiques et de facteurs environnementaux comme l’alimentation, l’activité physique, la consommation d’alcool et de tabac. Les études épidémiologiques sont difficiles dans ce domaine où les facteurs de risque sont nombreux, certains liés entre eux, et où les paramètres sociaux jouent un rôle important.

Le French paradox alimentaire ou comment les Français, qui mangent plus de graisses et boivent plus de vin rouge que les autres, bénéficient d’un taux aussi faible d’accidents cardio-vasculaires. Tel est le sujet de cette quatrième Conférence Louis Pasteur. L’accent est mis sur les rôles que peuvent jouer les vins sur les maladies cardio-vasculaires.
Malgré tout, le French paradox intrigue tout particulièrement les cardiologues anglosaxons, qui ne cessent de se demander pourquoi le taux de mortalité par infarctus du myocarde est inférieur de moitié en France à celui que l’on observe aux États-Unis.

Une émission est consacrée à ce sujet sur canalacadémie, ici

lundi 15 mars 2010

La danse de l'albatros

Peut-on dire que Gérald Sibleyras, dramaturge contemporain qui fait les beaux jours du théâtre parisien est de la trempe des Marivaux ou Labiche? Sur la foi d'une pièce donnée en représentation au théatre royal du Parc*, La danse de l'albatros, sur la foi de l'enchantement et de la joie qu'on en a retiré, on peut penser que oui. Léger comme Marivaux, absurde et délirant comme Labiche, le spectateur jubile d'autant plus qu'on semble mettre en scène avec talent les subtiles observations de Philippe Muray. La danse de l'albatros est le combat inutile d'un homme d'avant dépassé par son époque. Il résiste contre les marches pour la paix, la dictature de la détente, la littérature des livres de bains pour enfants de zéro à six mois, les recommandations de Santé pour tous, les faux rebelles, les cours de danse afro-brésilien et les niveaux d'alerte. Merveilleux.

Dans son dernier roman, Loin, Renaud Camus met en scène les aventures épisodiques entre Jean, calme érudit et une jeune femme Ono, toute auréolée de la parlure moderne. Gérald Sibleyras peint Thierry, un zoologue proche de la retraite vivant une histoire avec une femme de vingt-deux ans, auteure de livre de bain. Les deux hommes surmontent la barrière de la langue par les attractions physiques, bestiales, propre aux jeux de séductions. Peu à peu, l'amour se perd, les mondes deviennent trop différents, ils ne s'interfèrent plus. Chacun se remet à sa place. Loin quand il est encore possible.

*Acteurs impeccables et décors soignés, comme toujours.

dimanche 14 mars 2010

L'an 2000 avec fracas et style


Lorsque j'allais à l'université avec Accompagnaman, les ordinateurs venaient à peine de s'installer dans une pièce inedine idoine. Nous essayions d'envoyer nos premiers courriels avec une adresse à rallonge. On découvrait l'internet et les interdits liés au surf non-pédagogique. Peu à peu, nous nous sommes habitués à rendre nos "travaux" tapés, justifiés, copiés-collés, dactylographiés. Les plus riches d'entre nous avaient déjà chez eux leur propre ordinateur, pendant qu'Accompagnateur et moi, locataires de chambre universitaire dans des résidences vétustes qui portent des noms de grands compositeurs français, nous nous rendions le soir dans notre école pour faire les dernières recherches de l'exposé du lendemain. Puis, on allait se gaver au restaurant universitaire. Aujourd'hui, Accompagnaman a traversé l'océan et m'appelle grâce à un logiciel de technologie voice over IP. Comme l'illustre la photo ci-dessus, j'attends ces appels avec patience et joie. Merci l'an deux mil.



samedi 13 mars 2010

Faut-il avoir peur de la Chine?

Répliques, l'émission du 13 mars

La Chine est devenue le premier exportateur du monde, elle est l'atelier, le laboratoire, la ferme et la banque du monde. Elle prend place dans le concert des nations sans y respecter les règles du jeu. Faut-il avoir peur de la Chine?

L'exemple de son développement est inédit. Un système léniniste cohabite avec un capitalisme sauvage. L'émergence d' un illiberal capitalism trouble les économistes, autant qu'elle inquiète les experts politiques. Certains, résignés, se demandent même si elle n'a pas trouvé la bonne formule. De là naît l'idée de dévitalisation de notre modèle démocratique qui n'a plus foi en elle-même récusée par l'arrogante réussite. Un pays sans scrupule profite de son statut d'économie dérogatoire sans respecter les droits de l'homme, il se fige sur un projet nationaliste qui obère le système international (elle se place du côté des Etats voyous et est sourde aux pressions internationales). Les questions qui tourmentent nos invités : Ce développement est-il socialement soutenable et dans quelle mesure la Chine est-elle potentiellement agressive?

vendredi 12 mars 2010

Le vif ressentiment de son étroitesse

Quels que soient les efforts de la démocratie pour réhausser ses moeurs par le grand but qu'elle se propose, ses habitudes abaissent ses moeurs; elle a le vif ressentiment de son étroitesse : croyant la faire oublier, elle versa dans la Révolution des torrents de sang; inutile remède, car elle ne put tout tuer, et, en fin de compte, elle se retrouva en face de l'insolence des cadavres. La nécessité de passer par les petites conditions donne quelque chose de commun à la vie ; une pensée rare est réduite à s'exprimer dans un langage vulgaire, le génie est emprisonné dans le patois, comme, dans l'aristocratie usée, des sentiments abjects sont renfermés dans de nobles mots.
Chateaubriand, Napoléon, La petite vermillon, p.52, Livres XIX à XIV des Mémoires d'outre-tombe

Livre très vivant, bien plus accessible que le seul nom de Chateaubriand pouvait pourtant éloigner. Seule la forte culture classique peut décourager. L'auteur rédige dans ses propres mémoires la vie de Napoléon. Dans un souci d'impartialité, il relate les hauts faits et les petites atrocités. Cependant, l'épopée et la gloire, quoique plus ramassées, marquent davantage le lecteur. La campagne d'Italie, dix pages formidables, qui font la gloire de l'empereur.

mercredi 10 mars 2010

Alexandre Adler et les grincheux

Notre ami, le chronique Alexandre Adler a pris l'habitude, grâce aux technologies de pointe et de cri (le dernier), de se ficher en notre compagnie, en général, pour ce qui est de mon cas, lors de la promenade de midi, par laquelle je me dirige vers des intentions piètrement sustentives ou vers ma gymnastique. J'écoute avec intérêt l'alerte et débonnaire savant. Tous les jours, il nous apporte sur des points sensibles de l'actualité internationale un éclairage nouveau ou plus térébrant, nous gratifie de noms, d'intrigues, de tournant historique, d'histoires, de citations, de'événements que nos journalistes, tout aveugle autant qu'ils aiment à être peuvent l'être, passent sous silence. Je recommande particulièrement la chronique très instructive sur le Nigéria, qui devrait ravir mon ami Accompagnateur. Cependant, le plaisir n'est pas entier, je dois ici vous l'avouer. Cette douceur, ce sirop pour le cerveau est bien souvent parasité. Vous n'ignorez pas que tout sympathque qu'il soit, Alexandre Adler aime prendre ses aises, et pour nous expliquer deux ou trois points comme en mille, il préfère ne retenir que les mille, de telle sorte, qu'il déborde très largement le temps offert par sa radio. Il attire froncements de sourcils, désapprobation de l'animateur qui n'ose couper la parole de ce torrent de connaissance.s Ainsi, tous les jours, on se retrouve avec des raclements de gorge agacés, qui sont sensés faire poliment comprendre au sage qu'il est temps de s'arrêter. Mais le chroniqueur n'en a cure, si bien que l'accompagnement des augures et des raclements durent bien deux bonnes minutes.

Film français

Film français de la semaine

Amer est le récit cinématographique d'une vie, celle d'une enfant qui deviendra adolescente puis femme. Le film est fragmenté, l'intrigue minimaliste progresse par ellipses et ne s'encombre pas d'étapes inutiles, ni même de dialogues. Amer est une expérience sensorielle qui s'assume.
Voici ce que l'on peut lire dans le programme de la semaine, allons voir comment nous est présenté commercialement cette affaire. "Ana est confrontée à la peur et au désir à trois moments clefs de sa vie. Un voyage charnel entre réalité et fantasmes oppressants où plaisir et douleur s'entrecroisent".
Nous n'en saurons pas beaucoup plus. Vous pouvez toujours essayer pour le coût d'un smic horaire.

samedi 6 mars 2010

Contes à rebours : le nain

Dans sa trente-cinquième année, un nain de cirque se mit à grandir, ce qui embarrassa les savants qui avaient fixé à vingt-cinq ans l'âge limite de croissance. Incapable d'amuser encore le public, ou d'accomplir une autre besogne dans la troupe, il renonce au cirque et disparaît dans la foule.
Marcel Aymé, Le nain, Gallimard, Treize nouvelles, quatrième de couverture

jeudi 4 mars 2010

Les oiseaux de mauvaise augure sont tombés de leur nid

Je n'ai pas beaucoup de temps pour moi, hélas, malheureusement accaparé par le travail. Il a fait chaud dans le bureau, toute l'après-midi, j'étais ensuqué. J'ai entendu une conversation menée par Régis Debray, il y a aussi le disque d'un groupe nommé Fugazi que j'écoute avec beaucoup d'enthousiasme. Puis Beethoven, qui nous réveille le matin, m'accompagne. Il est sur le disque du mois, on s'en imprègne comme d'un tube du moment. J'ai dû rédiger un texte de présentation d'un match de football tout à fait quelconque, comme prévu cela m'a pris des heures, j'ai travaillé, tourné ce texte imposé qui sera sur l'internet demain matin et oublié dans la foulée. Je n'ai eu que peu de temps pour ma nouvelle lecture dont j'attendais plus d'effort, de labeur, d'apreté, non, c'est bourré d'anecdotes, comme j'aime, et comme j'arrive à retenir. Impossible, en revanche, de me souvenir de la date de naissance de Napoléon. J'espère que j'arriverais prochainement à continuer ma série de textes inspirés par Belladonna. Aussi, j'aimerais écouter avec attention la semaine consacrée à la bioéthique dans les (nouveaux) chemins de la connaissance. On a regardé sur vroum.be les plus belles "poubelles" roulantes disponibles sur le marché. A ce moment, on a bien rigolé. Ce matin, Alexandre Adler a évoqué un mémoire de fin d'étude d'Obama. Ces occurences soudaines des mémoires dans ma vie ne manquent pas de sel. Mais, enfin, bon, il n'y a aucune raison qu'elles apparaissent à ce moment précis.

Eloge de la Picardie

Trouvé et recopié dans le magazine Diapason de ce mois

La Picardie, terre de somptueuses cathédrales, fut aussi, durant les XVe et XVIe siècles, pourvoyeuse de compositeurs. Certaines coururent à la gloire sous d'autres cieux, tandis que d'autres choisissaient de mener une carrière relativement banale dans une des nombreuses collégiales de cette vaste province « coincée » entre Paris et les Pays-Bas. Loyset Compère, Antoine Bruhier et Jean Mouton furent des maîtres célébrés dans tout le royaume de France et ailleurs. Nicolas de Marle publia trois messes entre 1557 et 1568, et fut « simplement » maître des enfants de chœur de l'église de Noyon (cité où était né et où se retira Mathieu Sohier, après une belle carrière à Notre-Dame de Paris). Des parcours radicalement différents qui couvrent un siècle d'Histoire, de 1470 à 1570 ; des manières de composer qui répondent à des esthétiques contrastées. Mais un fil tendu : la Picardie.
Les onze voix masculines d'Odhécaton sont passées maîtres dans l'art de dessiner une perspective polyphonique, de donner sa lisibilité à une pâte sonore assez dense — mais jamais compacte. Comme hier dans leur magnifique anthologie bâtie autour du Miserere de Josquin (Assai, Diapason d'Or), on ne cesse d'admirer la fluidité des lignes contrapuntiques chantées à pleine voix, la puissance de leurs arabesques — notamment dans la messe de Marle sur O gente brunette. L'inventivité de l'ensemble italien a raison des pages difficiles de Compère : les trois motets dégagent des atmosphères formidablement contrastées, par un judicieux assemblage des effectifs et des timbres. L'auditeur en sort convaincu de l'immense talent de ce maître encore méconnu, étoile picarde trop souvent dans l'ombre de Josquin.
Dans l'Ave Maria à cinq de Jean Mouton, Odhecaton est à mille lieues de l'homogénéité souvent lassante des formations anglaises (Brabant Ensemble, Oxford Camerata), mais s'éloigne aussi du fondu et du type de résonances vocales cultivés par certains ensembles flamands (Capilla Flamenca, Cappella Pratensis). Avec Paolo Da Col et ses chantres, l'Italie entre en force dans le monde des polyphonies renaissantes et impose un ton à nul autre pareil. Ils s'expriment librement, avec élégance et grandeur, jouant essentiellement sur deux tableaux, celui de la diversité du flux et celui de l'émotion textuelle. En une heure, défile tout un siècle de l'excellence picarde.

mercredi 3 mars 2010

Mémoires


Bonaparte n'était pas aimé à son nouveau prytanée : morose et frondeur, il déplaisait à ses maîtres, il blâmait tout sans ménagement. Il adressa un mémoire au sous-principal sur le vices de l'éducation que l'on y recevait. [...] Attentif aux questions académiques, il y répondait; il s'adressait avec assurance aux personnes puissantes qu'il ne connaissait pas : il se faisait l'égal de tous avant d'en devenir le maître. Tantôt il parlait sous un nom emprunté, tantôt il signait son nom qui ne trahissait point l'anonyme. Il écrivait à l'abbé Raynal, à M.Necker; il envoyait aux ministres des mémoires sur l'organisation de la Corse, sur des projets de défense de Saint-Florent, de la Mortella, du golfe d'Ajaccio, sur la manière de disposer le canon pour jeter des bombes. On ne l'écoutait pas plus qu'on n'avait écouté Mirabeau lorsqu'il rédigeait à Berlin des projets relatifs à la Prusse et à la Hollande.
Chateaubriand, Napoléon, La petite vermillon, p.34, Livres XIX à XIV des Mémoires d'outre-tombe

Ainsi nous apprenons que faire des mémoires sur tout est une passion bien française. Lorsque j'étais à l'hôpital, que les médicaments faisaient leurs fol effets de drogues, j'avais promis au médecin que j'allais faire un rapport pour "améliorer l'organisation du travail de cet hôpital". Tous les fous se prennent un peu pour Napoléon.

Cela étant, si Napoléon nous était contemporain, il n'écrirait pas des mémoires (seulement des bâclés), il ouvrirai un blog et couvrirait des sites amis de commentaires signés Nap.

mardi 2 mars 2010

Génie du botulisme, le forçat de la honte

Jérôme Leroy, dans une vidéo publiée par l'ina, évoquait avec justesse le personnage BH Lévy. C'était il y a vingt ans. Rien n'a changé. Si ce blog rit du dérisoire "philosophe", un temps intellectuel, un temps romancier, un temps "homme engagé", il salue cette force et ce culot qui le font durer. Une tête de plomb dans un édredon. On pensait qu'un homme tant critiqué, dont le système a été démonté à de maintes reprises (le livre de Philippe Cohen fait référence), un homme anéanti, ne s'en remettrait jamais. Lui, revient, il a juste changé de chemise.

A lire le texte de D.Schneidermann et le texte de Causeur

Quadrilogie du phénomène :
Le beau décolleté de Paris (à venir)

lundi 1 mars 2010

Armand Roosen prend une Belga dans le paquet posé sur le bureau du commissaire. Le commissaire lui donne du feu. C'est la première cigarette d'Armand depuis neuf ans. Elle a un goût âcre, sale, brûlant. Armand Roosen se sent viellir de minute en minute.
Belladonna, Hugo Claus, Ed. de Fallois, p.306