jeudi 28 octobre 2010

La Chute de l'Abbé Jehoël de la Croix-Jugan


Je lis ces derniers jours d'un rythme mieux soutenu, L'Ensorcelée. Le fils semble aimer sa lecture à haute voix. Je pense aux thèmes que je pourrais ici développer si ce blog était bien tenu. Il y a l'usage du patois normand ravissant et poétique, confirmant les propos à ce sujet de Barbey. Il m'est arrivé de faire le parallèle avec Orange mécanique de Burgess, où la langue fabriquée n'avait plus besoin de traduction, car on la comprenait, on l'épousait au fur et à mesure. Le thème de la Chute, captivant, et les éloges de la Religion, plus présente que les critiques de la Modernité, que la préface pourtant nous annonçait omniprésente. Mais tout est fait bien mieux que moi, ici.



mercredi 20 octobre 2010

La pente de la célébrité

Chers amis, attentifs comme vous l'êtes, vous avez certainement constaté qu'en bas de cette page gît un chiffre, qui n'est pas un login ou les coordonnées paypal, mais est bien le rang de ce blog dans l'officiel classement des blogs tenu par wikio.fr. Bien sûr, ce blog confidentiel ne tutoie pas les sommets et montre bien l'utilité de mon entreprise aux yeux du monde. Depuis trois ans que j'en suis le tenancier, je ne cède pas à un quelconque découragement. Je reste à l'abri dans un entresoi ouaté et silencieux qui nourrit la vie de l'esprit. Car je connais les ficelles de la réussite dans ce genre d'entreprise et il ne tient qu'à ma volonté pour remonter la pente de la célébrité de la bloghorée. Les ingrédients sont connus.

Dans un premier temps, une actualisation (ou update) régulière ou quasi frénétique. Le badaud aime le nouveau et s'il voit qu'il n'y a aucun texte depuis des jours, vous oublie aussi vite qu'il vous a rajouté dans vos favoris. Pour le faire venir, il ne faut pas hésiter à se faire connaître des autres en laissant en lien votre page, n'y allez pas comme un américain, faites des commentaires régulièrement de façon à vous faire connaître. En général, soyez localisables aux rayons des idées, afin d'appartenir à un groupe (idée de proximité ou de copinage). Soyez donc simple. Les passants cliqueront sur votre nom et les voilà piéger dans votre blog. C'est l'étape d'identification. Lorsqu'il est là, encouragez le à commenter et surtout répondre en mettant en valeur son commentaire, il reviendra voir si la conversation amorcée est nourrie. Une autre manière de le retenir est bien évidemment de se concentrer un temps soit peu sur le fond. Faire des textes courts qui collent au cul de l'actualité et des polémiques du moment pour lequel vous avez un avis qui se discutent (contrairement à ce pitoyable post) avec des thèmes récurrents et des idées fixes, avec un fil conducteur. Vous pouvez aussi mettre des trucs sympas qui amusent et font parler ou glisser un peu de sexe (très lucratif). J'ai essayé l'insulte, la prise à partie violente, ça a bien marché. Parfois, j'ai envie de tailler un blog populaire (mais pas trop) pour ameuter, cela nécessite des épaules larges, du temps et de la patience. Si vous avez d'autres conseils, n'hésitez pas à les faire partager.

mardi 19 octobre 2010

La chair et les nerfs

Parmi les grandes dichotomies qui clivent le monde et en particulier la France, (mais comme dirait Proust cité de mémoire, l'universel sur les cimes du particulier, et comme tout Marcel qu'il fut, il était français), il y en a une que je me plais à traquer, moi, qui a une passion toute récente et peut être éphémère pour les dichotomies. Parmi nos très jeunes enfants, nos nouveaux nés, il y a d'un côté ceux qui sont tout en nerf et ceux qui sont tout en chair (c'est valable aussi pour les filles, mais je m'en préoccuperais plus tard, nerveux, ne sois pas énervé, affamé, ne reste pas sur ta faim). Comment les reconnaît on, comme dirait la mère qui allaite ? L'enfant a deux passions, il a faim et il veut dormir, parfois, ces passions coïncident, se chevauchent, se superposent. Son ventre gargouille, pendant que ses yeux se baissent irrémédiaboliquement. Le nerveux s'agace et veut manger d'abord, le charnel sait qu'il mangera après son reposant et agréable somme, il s'endormira donc. Le sommeil l'emporte sur la rageuse sensation de famine.
Qu'en pensez vous?

lundi 18 octobre 2010

L'inspiration vient du Vermont

L'Ode au Vermont continue. Au hasard d'une lecture sur Wikipédia, cherchant des contes pour enfants, je cherche quelques informations sur la notice biographique de R.Kipling, célèbre écrivain anglophone que d'aucuns connaissent comme le créateur du Livre de la jungle, rédigé dans le Vermont.


Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, le jeune couple retourna aux États-Unis et loua une petite maison près de Brattleboro dans le Vermont pour une somme de dix dollars par mois. Carrie était enceinte de leur premier enfant.

« Elle fut meublée avec cette simplicité d'une époque qui ne connaissait pas la location-vente. Nous fîmes l'acquisition d'une énorme chaudière de seconde ou troisième main qui alla dans la cave. Pour accommoder des tuyaux de fer-blanc de huit pouces de diamètre nous fîmes généreusement percer notre mince plancher (c'est pur miracle que nous n'ayons pas été brûlés dans nos lits au moins une fois par semaine cet hiver là) et nous vécûmes extrêmement, égocentriquement heureux. »

C'est dans cette maisonnette, surnommée Bliss cottage (la villa du bonheur parfait) que naquit leur premier enfant, une fille, Joséphine, « la nuit du 29 décembre 1892 sous trois pieds de neige. L'anniversaire de sa mère tombant le 31 et le mien le 30 du même mois, nous la félicitâmes de cet esprit d'à propos. » C'est dans cette maisonnette que Kipling eut pour la première fois l'idée de ce qui allait devenir Le Livre de la jungle :

« Mon bureau faisait sept pieds sur huit et de décembre à avril la neige s'accumulait jusqu'au rebord de la fenêtre. Or il se trouvait que j'avais rédigé une histoire sur les travaux forestiers en Inde où je parlais d'un enfant élevé par des loups. Dans le silence et l'attente de cet hiver 1892 je sentis remonter des souvenirs des lions maçonniques des magazines pour la jeunesse que je lisais enfant, et voici qu'une phrase du roman de Rider Haggard Nadia, the Lily (Nadia le lys) se combine avec l'écho de ce récit. L'idée une fois précisée dans ma tête, la plume fait le reste, et je n'ai qu'à la regarder commencer à écrire des histoires sur Mowgli et les animaux qui allaient constituer le Livre de la jungle.6 »

Après la naissance de Joséphine, la maisonnette devint trop petite et les Kipling achetèrent un terrain de dix hectares appartenant au frère de Carrie, Beatty Balestier. C'est là, sur le flanc d'une colline rocheuse surplombant le fleuve Connecticut, qu'ils firent construire une maison que Kipling baptisa « Naulakha » en l'honneur de Wolcott 8. Naulakha, qui signifie littéralement « neuf lakh » (ou neuf cent mille roupies) en hindî, était le nom donné aux colliers des reines dans les contes populaires de l'Inde du nord13, un « bijou sans prix », selon la traduction qu'en donnait Kipling.

Cette retraite au cœur du Vermont, ainsi qu'une vie « saine et propre », stimula l'imagination de Kipling. En l'espace de quatre ans, il produisit, en plus du Livre de la jungle, un recueil de nouvelles (The Day's Work, (Le Travail de la journée)), un roman (Capitaines courageux) et de nombreuses poésies, dont le volume des Seven Seas (Les Sept Mers). Le recueil de poèmes intitulé Barrack-Room Ballads, qui contient deux pièces célèbres, Mandalay et Gunga Din parut en mars 1892. Il prit un plaisir immense à rédiger les deux volumes du Livre de la jungle, chef d'œuvre d'imagination poétique, et à répondre à l'abondant courrier de ses jeunes lecteurs.

mercredi 13 octobre 2010

Barbey d'Aurevilly par Kléber Haedens

Toujours sur le front de la Normandie, avec Barbey, je m'accorde le temps de consulter mon Haedens "Une histoire de la littérature française"(p.372).

Jules Barbey d'Aurevilly (1808 1889) est un homme d'un autre âge et il ne faut pas chercher ailleurs les raisons de son insuccès. Barbey a traversé son époque en protestant avec hauteur contre tout, contre les fausses réputations, contre les médiocres, extraordinairement vêtu, capable de vider un verre d'eau de vie sans sourciller, aussi légendaire que d'Artagnan, catholique et royaliste incorruptible, ayant beaucoup lu dans sa province normande, lançant des mots frappants et terribles, prodiguant sa verve et ses images et tournant dédaigneusement le dos à la foule.

Une vieille maîtresse, L'Ensorcelée, Un prêtre marié, Le Chevalier Des Touches, Une histoire sans nom, romans déséquilibrés, pleins d'histoires effrayantes, de mouvement, de satire véhémente, livres inégaux, rocailleux, soudain pathétiques, doivent une grande part de leur puissance à l'atmosphère de la campagne normande qu'ils évoquent avec passion. Le chef d'oeuvre de Barbey, Les Diaboliques, recueille des nouvelles admirables et tourmentées dont certaines coupent le souffle et rappellent le meilleur Balzac. Barbey avait la haine des naturalistes, de leur minutie, et il se laissait emporter par son imagination, son langage abondant et plein de sève. Mais le plus étonnant exemple de ses partis pris se trouve dans sa critique littéraire. Barbey s’y montre toujours prêt à se lancer tête baissée dans ses injustices épiques, et l’on n’en finirait pas de relever ses erreurs et es incompréhensions têtues, éclatant d’une noble fureur. Mais Barbey, lorsqu’il tombe juste, peut aller aussi loin que le plus pénétrant des critiques et laisser tomber négligemment des images magnifiques qui définissent un homme pour l’éternité.



lundi 11 octobre 2010

Le ventre

Il n'y a aucune raison de lire L'Ensorcelée de Jules Barbey d'Aurevilly (1852). C'est un livre d'aucune actualité, qui ne s'accroche à aucune des branches du monde moderne. Un goût affirmé pour la littérature et ses plaisirs vous épargnera de passer à côté de ce chef d'oeuvre.

Un jour, cherchant un peu de documentation sur Diderot, j'ai eu la chance de trouver un texte critique d'une mauvaise foi d'enragé de Barbey sur l'auteur de Jacques le fataliste. J'ai aimé le style comminatoire et affolé de cet ami de Léon Bloy. De surcroît, je pensais benoîtement que Les diaboliques, film de Clouzot, était inspiré d'une des nouvelles de Barbey d'Aurevilly. Je m'imposais donc la lecture d'un classique qu'un professeur de français mien, je me souviens, nous avait conseillé l'été de notre classe de seconde. Ce livre est profondément ancré dans son territoire, un chef d'oeuvre d'une portée universelle réduit dans quelques kilomètres carrées d'une terre désolée, la lande de Lessay, ou comme l'expliquait son auteur sur sa tentative, "faire du Shakespeare dans un fossé du Cotentin". En outre, ce roman du terroir, du folklore sulfureux des mœurs déchus, penche vers les aventures des perdants de l'Histoire, ajoutant aux intrigues leur part d'étrangeté et de mélancolie d'un monde vibrant sur le point de mourir et de ressusciter. Enfin, il est amusant de lire les complaintes de l'auteur se plaindre du monde moderne (le sien), ce qui pour nous lointain lecteur ne peut que nous faire dire que "décidément c'était mieux avant Avant" ou que "même notre n’est pas à la hauteur de leur après Avant".

Je propose de reproduire ici quelques citations dont le souci coïncide avec le goût de ce weblog. Comme l’indique le titre, nous avons trouvé une remarquable description d’un Ventre, ancêtre de tous les ventres, qu’ils soient Ventre Un, ventre Deux, fils du Ventre, etc…

"Il avait été fort célèbre dans le Cotentin, pays de grands mangeurs et de buveurs intrépides, et il était devenu, sur la fin de sa vie, d'un embonpoint si considérable qu'il avait été obligé de faire une entaille circulaire à sa table pour y loger la rotonde capacité de son ventre. Le curé de Blanchelande l'avait connu pendant l'émigration, à Jersey, où il étonnait et émerveillait les Anglais par les prodiges de son estomac, toujours prêt à tout, et le bon abbé Caillemer en avait conservé une telle mémoire qu'il n'achevait jamais un repas plantureux et gai sans parler du prieur de Regneville. On pouvait même apprécier le degré d'excitation cérébrale du curé par le nombre d'anecdotes qu'il racontait sur le prieur". p.129


vendredi 8 octobre 2010

Jamais sans mon pyjama

Une des dichotomies les plus marquantes et les plus cachées qui distinguent le Nord et le Sud de la France est dans le fait que les gens du Nord portent des pantalons de pyjama que renient les gens du Sud, qui eux n'hésitent pas à mettre des caleçons ou simplement des shorts de sport (de l'olympique de Marseille, par exemple), qui font frisonner de dégoût les habitants du Nord. Certains d'entre vous se demandent où je dichotome la France en deux.Tel un géomètre grossier ou un huissier peu sourcilleux, un peu au dessus du Massif Central, d'une ligne qui passe de Poitiers à Mâcon (et ne me contredisez pas). J'avoue être ignorant sur les us des parisiens, formant comme toujours une classe à part, mais en règle générale, le dormeur garde le réflexe de ses origines. A titre d'exemple, moi même qui en connaît un rayon sur les départementales de France, je me vêtis la nuit d'un pantalon quand je vis au Nord et d'un quelconque tissu quand je sévis au Sud et ceci, indépendamment des températures. Mes frères se moquent d'ailleurs assez souvent de moi. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui.

Qu'en pensez vous?

jeudi 7 octobre 2010

A propos d'un nouveau cd du groupe Weezer

Ces derniers jours, le groupe américain Weezer pour lequel nous avons une petite tendresse coupable, a édité un nouveau disque distribué sous un nouveau label, Epitaph, catalogue de musiques confidentielles quoiqu'agréables. Si mes souvenirs sont exacts, le groupe avait rompu leur mirifique contrat avec leur maison de disque précédente, ce qui laissait présager pour les observateurs un retour aux fondamentaux, les origines du groupe, auxquelles il doit l'estime des "puristes". Pour ma part, je n'ai jamais pensé que Weezer ait produit un seul bon album, ils sont tous inégaux et beaucoup de chansons sont à oublier. Les compositions ont toujours oscillé entre le grandiose et le ridicule, l'efficace et le vain. La frontière est tenue, leur production quasi industrielle ne leur permet pas de séparer le bon grain grain de l'ivraie faisant d'eux des adeptes de l'adage "la quantité appelle la qualité". Ce groupe jouira d'une immense notoriété lorsqu'il arrêtera et qu'on se concentrera non plus sur les nouvelles parutions mais sur un florilège de très bonnes chansons. Pour preuve, le hasard a voulu que Pinkerton, lepremieralbumjamaiségalédepuis selon les puristes, s'est retrouvé un long moment dans mon baladeur et il était devenu insupportable. Un enregistrement d'un concert pirate était bien mieux appréciable.
Alors, que pensez de leur nouvel album à l'horrible pochette? Je vais probablement le télécharger et chercher les quatre bonnes chansons que leurs albums donnent en général à l'immense production contemporaine de musique de variétés.


Vous pouvez lire, si vous aimez avoir un avis sur tout, cette chronique détaillée sur le site pitchfork.com

mercredi 6 octobre 2010

Le destin de France Culture

"Le problème de la consommation de la culture n'est pas lié aux contenus culturels à proprement parler, ni au "public culturel". Ce qui est décisif, c'est que l'oeuvre, comme la voiture de l'année, soit condamnée à n'être que signe éphémère, parce produite, délibérément ou non, dans la dimension aujourd'hui éphémère du cycle et du recyclage. La culture n'est plus produite pour durer. Elle est soumise à la même vocation d'"actualité" que les biens matériels".
Jean Baudrillard.

Sur l'onglet du site de France culture, France Culture, actualité politique et culturelle.