mercredi 3 mars 2010

Mémoires


Bonaparte n'était pas aimé à son nouveau prytanée : morose et frondeur, il déplaisait à ses maîtres, il blâmait tout sans ménagement. Il adressa un mémoire au sous-principal sur le vices de l'éducation que l'on y recevait. [...] Attentif aux questions académiques, il y répondait; il s'adressait avec assurance aux personnes puissantes qu'il ne connaissait pas : il se faisait l'égal de tous avant d'en devenir le maître. Tantôt il parlait sous un nom emprunté, tantôt il signait son nom qui ne trahissait point l'anonyme. Il écrivait à l'abbé Raynal, à M.Necker; il envoyait aux ministres des mémoires sur l'organisation de la Corse, sur des projets de défense de Saint-Florent, de la Mortella, du golfe d'Ajaccio, sur la manière de disposer le canon pour jeter des bombes. On ne l'écoutait pas plus qu'on n'avait écouté Mirabeau lorsqu'il rédigeait à Berlin des projets relatifs à la Prusse et à la Hollande.
Chateaubriand, Napoléon, La petite vermillon, p.34, Livres XIX à XIV des Mémoires d'outre-tombe

Ainsi nous apprenons que faire des mémoires sur tout est une passion bien française. Lorsque j'étais à l'hôpital, que les médicaments faisaient leurs fol effets de drogues, j'avais promis au médecin que j'allais faire un rapport pour "améliorer l'organisation du travail de cet hôpital". Tous les fous se prennent un peu pour Napoléon.

Cela étant, si Napoléon nous était contemporain, il n'écrirait pas des mémoires (seulement des bâclés), il ouvrirai un blog et couvrirait des sites amis de commentaires signés Nap.

Aucun commentaire: