mardi 23 mars 2010

España en tiempos revueltos

Lorsque, sortant du débris de Carthage, je traversai l'Hespérie avant l'invasion des Français, j'aperçus les Espagnes encore protégées de leurs antiques moeurs. L'Escurial me montra dans un seul site et dans un seul monument la sévérité de la Castille : caserne de cénobites, bâtie par Philippe second dans la forme d'un gril de martyre, en mémoire de l'un de nos désastres, l'Escurial s'élevait sur un sol concret entre des mornes noirs. Il renfermait des tombes royales remplies ou à remplir une bibliothèque à laquelle les araignées avaient apposé leur sceau, et des chefs-d'oeuvres de Raphaël moisissant dans une sacristie vide. Ses onze cent quarante fenêtres, aux trois quarts brisées, s'ouvraient sur les espaces muets du ciel et de la terre: la cour et les hiéronymites y rassemblaient autrefois le siècle et le dégoût du siècle.

Chateaubriand, Napoléon, La petite vermillon, p.133,Livres XIX à XIV des Mémoires d'outre-tombe

Comme vous l'aurez compris, j'en suis au moment où Napoléon est venu s'embourber en Espagne. Une phrase : Toute la vaillance des Français leur fut inutile, les forêts s'armèrent et les buissons devinrent ennemis est un joli condensé de l'étude de Clausewitz sur la guerrilla espagnole.

Mais pourquoi Chateaubriand dit "les Espagnes"?





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