lundi 30 mars 2009

Aux sens amollis qui dorment


Oh, je l'ai trouvée, mes frères ! Ici, sur la plus haute des hauteurs, la source de la joie coule pour moi ! Et il y a une vie où la racaille ne vient pas s'abreuver elle aussi.[...]
Eté sur les hauteurs parmi les sources fraîches et le silence heureux : ô venez mes amis, que le silence soit plus heureux encore!
ApZ, F.Nietzsche, p.162


source

Poltergeist

Hier, je tentais de rattraper mon manque d'éducation cinématographique, -mon absence d'enfance, dirait Elle- en regardant un incontournable du film frissonnant qui nous vient des amériques et qu'aucun enfant digne de ce nom n'a manqué. Il s'agit de Poltergeist, un film de 1982 vaguement freudien et engagé, un critique avisé y verrait une prophétie ou une allégorie de la crise des subprimes à venir. J'ai noté d'emblée de jeu que le réalisation est crédité à Tobe Hopper, nom qui me disait vaguement quelque chose en lien avec des tronçonneuses macabres qui vivent et tuent, mais je n'en suis pas sûr. Il semblerait que c'est un film initiateur d'un genre célèbre. C'est assez bien fait, il y a des belles images et le scénario ne s'empresse pas de nous déballer son suspens à chaque minute, ce qui est exploit pour un film d'américains. Bien sûr, un énième rebondissement épuise le spectateur. Mais on a un légère frousse de temps en temps. Peut-etre qu'un jour, je jeterais un oeil sur les Star Wars, Superman, que je n'ai jamais daigné voir par snobisme ou attardement social, no sé. Il est à ce propos étonnant de noter que les petits espagnols bien que plus proche du folklore national ont une culture mainstream assez proche des enfants américains.

samedi 28 mars 2009

Le grand macabre, le jour d'avant


La pression monte. Le critique théâtre de la dh n'a pas bien dormi. Il s'agit d'un événement à Bruxelles. J'ai croisé une collègue de travail, elle était enchantée. Il y aura une certaine excitation dans la salle, palpable. Je connais un peu l'histoire et j'avoue que cela ne me déplairait pas de la voir adapter au théâtre. Un monde inspiré de Brughel devrait me ramener à l'enivrante lecture du chagrin des belges. J'ai entendu à la radio quelques pièces de Ligeti et cela ne m'a pas déplu. Ce devrait être bon. Je crains un peu pour nos places et le confort qu'elles peuvent ne pas procurer.

vendredi 27 mars 2009

Le grand macabre

On me dit que le Grand Macabre, qui se tient à la Monnaie est incontournable. J'entends partout éloges et célébrations enthousiastes. Je réponds : hum. Attendons de voir. L'opéra de Ligeti doit passer d'abord sous les fourchettes caudines du critique théâtre de la dh (c'est moi).
Le directeur Peter de Caluwé a demandé à la fura dels Baus d'adapter l'opéra de Ligeti à la Monnaie. Le fait que la pièce qui inspire l'oeuvre est une pièce de Michel de Ghelderode, un vieux belge dont le génie est oublié est un bon prétexte pour participer à l'engouement général. Comme tout bon critique de théâtre d'un tabloïd bruxellois qui se respecte, je me suis procuré, difficilement, le livre original, La ballade du grand macabre. Je vais le lire, afin de m'imprégner de l'atmosphère de ce dramaturge oublié (et peu joué). Le fait aussi que ce soit la Fura dels baus qui s'y emploie ajoute à la curiosité, il s'agit d'une troupe inventive, stimulante et catalane. J'ai toujours eu envie de me pencher sur leur oeuvre, que j'associe, peut-être à tort, à celle d'Alain Platel. Le fait, enfin, que ce soit l'unique opéra de Ligeti, désignée comme une oeuvre majeure de notre siècle pousse le critique théâtrale de la dh à sortir de sa tanière et de la lecture de son quotidien favori. J'irai dimanche et pour l'événement, je porterai cravate, je prendrai quelques notes de la séance explicative afin de les restituer à mon abonné n°1 (que je salue, salut à toi, JL).

mercredi 25 mars 2009

Aux sens amollis qui dorment

Source

A grands coups de tonnerre et de feux d'artifice célestes - ainsi faut-il parler aux sens amollis qui dorment.
ApZ, F.Nietzsche, p.155



Hier, quand la lune s'est levée, j'ai cru qu'elle allait donner le jour à un soleil : si large elle était, si lourde comme d'un fruit sur l'horizon.
Mais cet aspect de grossesse était mensonger à mes yeux ; je préfère croire à la part d'homme qu'il y a dans la lune plutôt qu'à ce qu'il y a en elle de femme.
Et bien sûr ce noctambule effarouché n'est guère homme non plus. En vérité, sa mauvaise conscience accompagne sa marche sur les toits.
ApZ, F.Nietzsche, p.198


mardi 24 mars 2009

Théâtre et chemins de fer

Lors de la conférence de l'érudit Beaumarchais, septième génération du nom, nous eûmes le bonheur de mille et une anecdotes érudites et passionnantes dans ce qui constitua une bienheureuse manifestation de gai savoir. Le thème était mince, le théâtre et les chemins de fer, mais ne fut qu'un prétexte à de longues divagations riche de connaissances et de trépidantes informations. Beaumarchais, spécialiste de Labiche, a recherché dans l'œuvre du dramaturge les occurrences ferroviaires, alors que se tient à l'affiche les chemins de fer au théâtre de la place des martyrs. Il a relu les premières définitions que lui consacraient les dictionnaires et les Larousse de l'époque, en un temps où le rail faisait son apparition pour le meilleur et pour le pire. Les situations cocasses du fait des premier pas, si j'ose dire, balbutiants de la machine à vapeur, n'échappèrent pas à Labiche, ni aux hygiénistes, sérieux et austère, qui pontifiaient sur les désagréments physique de cette diabolique invention. Les traités d'hygiène et de chemins de fer feraient de divertissantes lectures. Je me souvins avec émotion du magnifique poème d'Alfred de Vigny sur le taureau de Carthage. Parmi les anecdotes, on nous expliqua que l'essor de la boisson malté qui ravit les gosiers, la bière, ne dût son essor qu'à l'apparition du train, locomotion plus stable, qui empêchait le frelatage des anciens trajets en diligence, ainsi que la guerre des linguistes s'écharpant sur l'usage des mots de ce champ lexical à connotation anglaise. Parmi ces combats, nous eûmes le mot "quai" que les puristes débarquaient de la mer pour les camper au centre des campagnes, lui qui n'avait rien demandé, et ceci pour faire barrage à l'immonde plateforme, trop anglais et donc vulgaire, ah oui, l'anglais était l'américain pour le français de l'époque. Puis, peu à peu, le confort des trains répandu par l'étonnante science des américains ont achevé de rendre ce moyen de voyage pratique et chic. C'est alors que le peintre Monet put proposer son paisible train dans le paysage, bien loin des visions scandalisés de nos frileux réactionnaires.



Train dans la campagne, Claude Monet, 1870









vendredi 20 mars 2009

Le réverbère crochu

"Je suis né en mai. C'est moi le printemps. Destinée ou pas, on en prend marre de vieillir, de voir changer les maisons, les numéros, les tramways et les gens de coiffure, autour de son existence. Robe courte ou bonnet fendu, pain rassis, navire à roulettes, tout à l'aviation c'est du même. On vous gaspille la sympathie. Je veux plus changer. J'aurai bien des choses à me plaindre, mais je suis
marié avec elles, je suis navrant et je m'adore autant que la Seine est pourrie. Celui qui changera le réverbère crochu au coin du numéro 12 il me fera bien du chagrin. On est temporaire, c'est un fait, mais on a déjà temporé assez pour son grade". extrait de Mort à crédit.

C'est la phrase que Claude Habib lit en fin d'émission. Magnifique.

mercredi 18 mars 2009

Pourquoi Céline?

Comme souvent, lorsqu'il est question de littérature, l'émission Répliques fut excellente. Le producteur Finkielkraut tirait profit de la parution d'un essai de Paul Yonnet qui y retraçait son parcours de lecteur. Celui-ci prit son commencement avec la lecture du Voyage au bout de la nuit, livre dont la tension, "le crépitement noir" lui firent une durable impression. J'ai moi aussi comme beaucoup d'autres éprouvé beaucoup d'admiration adolescente pour le roman et comme l'invité, je ne jurais que par lui. Parce qu'il exprime la douleur d'exister, la révolte contre l'ordinaire, je pense que l'adolescence est le bon moment pour le lire, on entend bien, à cet égard, que l'autre invitée, Claude Habib, l'a lu trop tard. Je dirais que le voyage... est un bon combustible pour l'adolescence. On le vit, il ne doit pas être cette curiosité qu'on visite poliment. Alain Finkielkraut retient pour sa part l'acuité du regard et le talent grandiose à faire vivre les descriptions, comme celle du crépuscule africain que vous pouvez lire plus bas.
Plusieurs idées stimulantes parcourent l'émission, "le Voyage est-il un livre pour les femmes?", peut-on parler comme Trotsky, en son temps, d'un "désespoir sincère qui se débat dans son propre cynisme", l'anti-kitsch systématique de Céline est-il trop simple? ("il ne suffit pas de rabaisser un homme pour le connaître", Alain), "Un livre anarchiste?". Puis, j'ai été amusé lorsque Claude Habib cite "la France qui ne se lave pas les pieds" selon Céline. J'ai toujours en mémoire la version de Drieu, qui évoquait la France de l'apéro et des pêcheurs à la ligne. Dans l'imaginaire de notre temps, nous connaissons tous la France d'en-bas du flegmatique et peu poétique Raffarin Jean-Pierre, j'en reste pour ma part à la France qui promène son chien que je m'attribue et dont les lecteurs dévoués de ce weblog ont peut-être relevé les occurrences. Je charge mon ami N.V. de nous trouver plus juste maxime. Et d'ailleurs, tant que nous tenons N.V., j'aimerais ses lumières sur l'antisémitisme de Céline, expliqué par l'invité (nation contre race) qui sont d'un grand intérêt. A vous.


Les citations:

Vivre tout sec, quel cabanon ! La vie c'est une classe dont l'ennui est le pion, il est là tout le temps à vous épier d'ailleurs, il faut avoir l'air d'être occupé, coûte que coûte, à quelque chose de passionnant, autrement il arrive et vous bouffe le cerveau.
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit


Figurez-vous qu’elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux mêmes. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s’allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l’Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur.
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit


Les crépuscules, dans cet enfer africain, se révélaient fameux. On n'y coupait pas. Tragiques chaque fois comme d'énormes assasinats du soleil. Un immense chiqué. Seulement, c'était beaucoup d'admiration pour un seul homme. Le ciel, pendant une heure, paradait tout giglé d'un bout à l'autre d'écarlate en délire, et puis le vert éclatait au milieu des arbres et montait du sol en traînées tremblantes jusqu'aux premières étoiles. Aprés ça, le gris reprenait tout l'horizon et puis le rouge encore, mais alors fatigué le rouge et pas pour longtemps. Ca se terminait ainsi. Toutes les couleurs retombaient en lambeaux, avachies sur la forêt comme des oripeaux aprés la centième. Chaque jour sur les six heures exactement que ça se passait.
Et la nuit avec tous ses monstres entrait alors dans la dance parmi ses mille et mille bruits de geules de crapauds.
La forêt n'attend que leur signal pour se mettre à trembler, siffler, mugir de toutes ses profondeurs.
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit


Proust, mi-revenant lui même, s'est perdu avec une extraordinaire ténacité dans l'infinie, la diluante futilité des rites et démarches qui s'entortillent autour des gens du monde, gens du vide, fantômes de désirs, partouzards indécis attendant leur Watteau toujours, chercheurs sans entrain d'improbables Cythères. (je n'ai pas les références).


L'émission est en écoute ici (pendant peu de temps encore, dépêchez-vous).



mardi 17 mars 2009

Les chemins de fer, pièce de Labiche

Le théâtre de Labiche semble connaître un regain d'intérêt dans les cénacles du théâtre bruxellois francophone. Deux pièces ont occupé deux troupes parmi les plus respectés de la ville en peu de temps. Célimare le bien-aimé a été porté à l'affiche du théâtre royal en ce début d'année, et les chemins de fer est actuellement joué au théâtre de la place des martyrs. On trouve par ailleurs des acteurs qui jouent dans les deux pièces, c'est le cas de Bernard Marbais, épatant à chaque fois. Labiche fut un dramaturge zélé (quelques deux cent pièces) en son temps. Même si le genre dans lequel il excelle, le vaudeville, n'est pas de nature à être hautement estimé, l'auteur eut le droit au égard des académies et des critiques sérieux, contrairement au théâtre de Balzac et Flaubert, qui s'y sont essayé en vain. A quoi doit-il sa postérité?
Les pièces de Labiche sont toujours divertissantes pour le public et pour les acteurs qui y trouvent jubilation, énergie et joie de jouer. De nombreux intermèdes chantés sont aussi agréables. Dans le cas des chemins de fer adaptée à Bruxelles, un orchestre composé d'une basse, d'une batterie et d'un saxophone accompagne les aventures trépidantes et rocambolesques des personnages. On doit à Labiche un grand talent dans l'enchaînement des situations comiques, dans la caricature des personnages truculents et dans les dialogues. L'intrigue des chemins de fer s'y prêtait bien puisqu'il s'agit d'une comédie sur le thème de l’expansion rapide du rail sous le Second Empire, déclenchant la fièvre des spéculateurs (nouveaux riches) et instrumentalisant les aspects aventureux de voyages encore aléatoires en 1855. La seconde partie narre le voyage entre Paris et Croupenbach. Je retiens les savoureux Ginginet, le nouveau riche, le faux-manchot et la nurse anglaise, qui ont déclenché des situations absurdes et quasiment surréalistes.

Il se tiendra une conférence samedi prochain sur Labiche proposé par Jean-Pierre de Beaumarchais qui m'éclairera davantage sur la célébrité du dramaturge.


lundi 16 mars 2009

Lettre à mon AccompagnaMan bien-aimé

Cher AccompagnaMan,

Sans vouloir vous commander, serait-ce possible de vous rendre dans le bureau presse de le département marketing & communication de votre organisation tout aussi non-gouvernementale que multinationale, jeter un œil sur le quotidien de référence bruxellois, car page 32, (nom de code Waterloo) vous trouverez mention du nom de votre dévoué, le 312ème du nom?

d'Almendralejo

No lo olvides

D'Almendralejo, bloggeur depuis 30 ans.

dimanche 15 mars 2009

Faites entrer AccusaMan

Je ne suis évidemment pas arrivé en retard pour la diffusion tant attendu de Faites entrer l'accusé de ce mardi soir, à une heure où le français promène une dernière fois son chien, sans oublier de regarder autant qu'il le peut les nouveaux aménagements du jardin de son voisin, à une heure où la chèffe de bureau programme son magnétoscope car elle sait, les paupières tombantes, que demain une difficile journée l'attend à rudoyer son stagiaire outrageusement paresseux (mais bloggeur de haut vol). Nous, employés téméraires, nous bravons les griffes de la nuit pour aller jusqu'au bout de cette noirceur frissonnante. Une émission de télévision.

Si le titre, le mystère des boulettes bleues, avait la saveur (l'intitulé pas les boulettes) des titres des romans de Gaston Leroux, le contenu évoquait puissamment les œuvres primitives des frères Coen dans la France de Chirac. Une mécanique détraquée par l'arrogance, la bêtise, la farce qui vire au drame, sans se départir du gâchis tragique de cette plaisanterie macabre qui ne finit jamais. L'homme est bien peu de chose, se rend-on compte avec cette émission. L'histoire rejoue les tragédies en farces qui elles mêmes se reproduisent dans un épisode de faites entrer l'accusé.

Roland Bondonny est un notable de Corrèze qui fait fortune dans le négoce de vin en Belgique. De ce fait, il partage sa vie bien arrosée entre le district d'Égletons et le business center de Fourmies. Organisateur de banquets couillus et chasseur patenté, il est connu pour sa verve gueulante, son solide sens de l'intimidation et l'injure facile. Nos cow-boys corréziens ont depuis la limitation du port de l'arme le verbe fleuri qui tue. Rien ne semble lui résister et il se permet beaucoup de choses. Cet homme, une sorte de Serge Dassault de province, est au centre des suspicions. Des centaines de chiens meurent empoisonnés par des boulettes de viandes couvertes d'un poison de couleur bleue. Suspicions nourries par le fait qu'aucun de ces chiens ne sont concernés par ces empoisonnements. La Corrèze, pays de chasse, chérit ses chiens. Ces crimes exaltent la colère de ce peuple tranquille qui se lève tôt et amoche le gibier entre copains.
Des témoins inquiètent Bondonny qui ne pourra pas échapper au procès. Jusqu'au jour où un des témoins, Marius Lac, est sauvagement assassiné par un homme de mains incompétent, sensible et absurde commandité par Bondonny que tout accuse.

Let AccusaMan in.

samedi 14 mars 2009

Séville avant la crise

Almendralejo-Séville : 161 km

Zeitgeist, léger ajoût passant inaperçu (mais que vous pouvez lire)

Je dope une vieille conférence inutile d'une citation extraite de la revue du débat. Vous savez l'avantage avec les conférences inutiles, qui ont la chance d'honorer leur libellé et donc de passer superbement inaperçu, c'est qu'on peut les améliorer et les retravailler à loisir.

Antoine Compagnon est le premier à le savoir et il l'a souligné au début du chapitre consacré à Thibaudet dans les Antimodernes (Gallimard, 2005) : "En ce temps-là [dans l'entre-deux-guerres], on croyait encore que la condition humaine ne pouvait être comprise sans la littérature, qu'on vivait mieux avec la littérature, et la critique littéraire faisait figure de discipline souveraine, rendait légitime de parler de tout sans être spécialiste de rien."

Je profite de votre venue pour que vous ne repartiez pas complètement les mains vides. Il y a dans ce même débat, un extrait d'une fable de la Fontaine, agréablement chantournée :

Un baudet, chargé de reliques,
S'imagina qu'on l'adorait.
Dans ce penser, il se carrait,
Recevant comme siens l'encens et les cantiques.
Quelqu'un vit l'erreur et lui dit :
"Maìtre Baudet, ôtez-vous de l'esprit
Une vanité si folle.
Ce n'est pas vous, c'est l'idole
À qui cet honneur se rend,
Et que la gloire en est due.

"L'âne portant des reliques",
Fable de la Fontaine, livre V, fable XIV

Appelez-moi Guilbeaudet

jeudi 12 mars 2009

L'heure de la Halde : une lettre de dénonciation

le 10 Mars 2009

Cher-(e)-s Mesdames, messieurs, membre-(e)-s de la Haute Autorité,

Citoyen engagé dans l'action solidaire, "militant équitable" comme j'aime à m'appeler, j'estime mettre depuis cinquante ans mes maigres forces dans le but de voir un jour réaliser mes utopies dans ce monde imparfait. Je salue votre travail vigilant, utile et de salubrité publique et je me félicite de votre opiniâtreté. Votre travail est le combat de tous les français, c'est une œuvre de résistance qui me réconcilie avec ce pays qui traverse, hélas, des heures sombres. Je me permets par cette présente lettre de porter à votre connaissance un ouvrage qui fait l'apologie des inégalités, et même pire sa promotion. Peu informées, mes yeux candides ont été atrocement salis par des pages d'un livre disponible de tous, à la portée des innocents, il s'agit d'Ainsi parlait Zarathoustra de F.Nietzsche. Les pages incriminées sont les pages 166 de mon édition Rivages poche, elles comportent les phrases suivantes: "Avec ces prédicateurs de l'égalité je ne veux pas être mêlé ni confondu. Car à moi la justice me dit ceci : "les hommes ne sont pas égaux." Et il ne faut pas non plus qu'ils le deviennent!". Il y a, un peu avant, d'inaceptables propos diffamatoires qui me blessent : "Ainsi la tyrannique folie de la faiblesse réclame "l'égalité" par votre voix, prédicateurs de l'égalité : vos plus secrets appétits de tyran se griment sous des paroles de vertus." Il y a par ailleurs des phrases d'une misogynie tellement obscène que la décence m'interdit de les porter à votre attention ("des petites vieilles et des petites jeunes, p.113). J'espère que les sages de la Haute Autorité sauront faire le nécessaire pour nous débarrasser des phrases de ce"philosophe" qu'il faut condamner. Les inégalités et la Discrimination sont des épines dans le coeur des femmes et hommes modernes, aidez-nous à nous en débarrasser.

Veuillez accepter l'expression de ma plus haute considération.
S#### J####


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Vous aussi, entraînez-vous à dénoncer ici.

mardi 10 mars 2009

L'apocalypse selon les anglais : Threads

Threads

Threads est un film effroyable, il avait donc toute sa place dans la programmation du festival Offscreen, section film post-apocalypse. En 1984, la BBC commande un film sur la fin du monde, au moment où la guerre froide laisse craindre tout et son contraire. Pour accentuer le réalisme et la terreur que peut provoquer un monde dévasté par une guerre nucléaire, la réalisation met en scène un drame documentaire, minutieux et sans concession. Le choix du documentaire élimine l'aspect cosmétique et spectaculaire (laissons ça aux américains) pour ne se concentrer que sur une description clinique qui exacerbe la crudité de ce film d'épouvante, qui comme rarement glace le sang.

Vous pouvez le voir sur googlevideos, attention ne comportant pas la mention Gentil AccompagnaMan, ce film peut ne pas convenir aux experts Baratier.






lundi 9 mars 2009

Faites entrer AccusaMan

Je ne résiste pas à l'excitation qui m'étreint pour vous annoncer la séquence de l'AccusaMan à venir. Comme je les affectionne, France d'avant, donc moisie, forcèment moisie. Notables d'antan dans la Corrèze ante-chiraquienne, bassesse, trahison, crimes. Gibiers qu'on assassine. Demain sur vos petits écrans, la France aura peur. Dans une émission récente que je dois résumer, nous fûmes en Lorraine, ce qui me fit penser lors d'une de mes conférences inutiles (dont je dois livrer les attendus, et oui, beaucoup de mie de pain sur la planche à repasser) j'affirmai que Strasbourg-Épinal-Nancy était le triangle des Bermudes de la passion criminelle. Cette fois-ci, nous nous déplacerons dans le sens de la diagonale du vide vers ce charmant coin de France rural que le monde nous envie. Cela s'appelera "Le mystère des boulettes bleues".

dimanche 8 mars 2009

Weezer

J'ai découvert le groupe Weezer dans les années 96-97, j'adorai écouter des chansons de l'album Pinkerton, avec sa pochette neigeuse que je comparai aux vues des pentes de la Chartreuse sur lesquelles donnaient ma chambre. Personne de mon entourage ne connaissait ou ne connaît Weezer, c'est un de mes secrets les mieux gardés ou plutôt un de mes secrets que je n'arrive pas à partager. Comme souvent, dans les albums du groupe, il y a quatre ou cinq chansons de très haut niveaux et les autres, médiocres. Dans Pinkerton, il y a El Scorcho, The Good Life, mais surtout Tired of Sex, avec ce cri glaçant et galvanisant, vertigineux et épidermique. Ce serait peut-être exagéré de le dire mais j'ai ce cri en moi, il résonne dans un coin de mon cerveau. Il y est stocké. Parfois, il me parvient quand je pense à des choses, sans aucune logique, je crois. Par la suite, j'ai perdu de vue le groupe, je ne pensais pas que ce fut un grand groupe, alors je n'y prêtais pas attention. Il y avait eu dans un disque suivant quelques relatifs succès qui sont parvenus à nos oreilles, tels que Hash Pipe, qui me semblait tout de même bien différent de la subtilité de Pinkerton et Island in the Sun, qui passait, par on-ne-sait-quel-hasard, on ne sait pourquoi, sur les rotations des grosses et imbéciles radios commerciales. Maladroit est un titre intéressant, mais je n' y ai jamais rien entendu. C'est par le biais de Beverly Hills, chanson irrésistible, publié en 2005, que le groupe se réinstalle dans mon existence, qui il faut le dire avait musicalement s'entend, pris quelques virages et largué quelques amours de jeunesse. Je rêve souvent en jogguant de réécrire cette chanson en français sous le titre d'"Entre-deux-guiers". Dernièrement, j'ai téléchargé le Red Album et j'y retrouve des sensations miennes d'il y a plus de dix ans, notamment à l'écoute de Troublemaker, Thought I knew, mais surtout de The greatest Man, que je me risque à comparer à Bohemian Rhapsody. On y retrouve le cri. Entre les six minutes du chemin qui sépare ma maison de mon église, je mets cette chanson immanquablement. C'est comme cela que je souviendrai des années présentes. Dans le disque, il y a bien évidemment des chansons éminemment dispensables, de telle sorte qu'on se demande toujours si c'est un bon groupe ou un groupe mineur. Mais c'est mon groupe.

samedi 7 mars 2009

La gazette d'Almendralejo

Le secrétaire d'état américain aux affaires étrangères, Hillary Clinton, a confirmé lors de sa visite aux pays du proche-orient la nouvelle orientation de la politique américaine en matière de relations internationales, mettant l'accent sur la nécessaire création des deux états dans les territoires dits occupés, de nouvelles bases de dialogue avec la Syrie, pendant ce temps, le président américain Obama envoie une lettre cordiale à son homologue russe et il recevait Gordon Brown, premier hôte du nouvel homme fort des Etats-unis. Il est notable le fait que les Etats-Unis ont refusé de participer aux conférences internationales sur le racisme organisé par l'onu à Genève du fait qu'il prendra vraisemblablement et résolument la tournure d'une manifestation hostile à l'existence d'Israël, vilipendé comme état raciste. Par ailleurs, les dirigeants des pays de l'union européenne ont refusé les demandes et requêtes financières de la Hongrie, créant ainsi un sentiment de malaise et d'abandon que les hongrois considèrent comme la refondation d'un mur de fer, d'autant plus que ces mêmes dirigeants se sont accordés sur la nécessité d'un plan de sauvetage des économies des pays de l'union européenne. Le Soudan voit son président, Omar Al-Bashir, appeller à comparaître devant le tribunal international de la Haye pour violation des droits de l'homme dans la région du Darfour. Enfin au Pakistan, l'équipe de cricket du Sri-lanka a été la cible d'embuscades mortelles.

vendredi 6 mars 2009

Le lecteur introuvable

Marcel Gauchet est un philosophe posé. Abonné absent des formules polémiques et de l'agitation fiévreuse des faiseurs de coup, il nous livre imperturbablement des idées éclairantes et vives sur des thèmes qui sont autant de problèmes pour la société française. Son weblog de philosophe fait la somme des interventions de l'homme dans différents médias. Le badaud peut y trouver telle que dans une bonne taverne alsacienne à boire et à manger à satiété.

Jean-François Kahn, un gourou français de la presse, le tycoon de Viroflay, que dis-je un mogul de petite banlieue, avait, si ma mémoire de lecteur occasionnel du Monde ne me joue pas des tours de cochon, déclaré, que le lecteur de journal avait changé et qu'il fallait lui fournir des phrases plus courtes et des articles moins compliquées. Cette perception de sa propre clientèle était partagée par les nouveaux propriétaires du journal Les Echos, qui eux aussi avaient vidé leurs phrases de l'élégance de la nuance, transgonflées à l'efficacité plutôt qu'au style. Je suis heureux de lire que pour l'excellent Gauchet, ils se sont trompés, "On a d'un côté des lecteurs à la recherche d'un contenu qu'on ne leur offre plus, et de l'autre une presse à la recherche d'un public qui n'existe pas". Il est en effet remarquable que la presse se tourne vers un public qui ne lit pas pensant y trouver dans cette zone inexplorée les ressources à sa survie. De ce dévoiement, le public exigeant se sent abandonné, or il ne faut pas désespérer car comme le souligne le toujours excellent (quelle constance!) Gauchet, cette base minoritaire existe et peut servir de socle à d'ambitieux entrepreneurs de presse comme l'a démontré le succès du Monde version Beuve-Méry. Nous serons toujours reconnaissant envers ceux qui nous élèvent.

jeudi 5 mars 2009

Le débat numéro 150

Je recommande chaudement la lecture de la revue Le débat, animé, comme chacun le sait, par le sémillant Gauchet, que d'aucuns considèrent comme un intellectuel de notre temps. Je me suis procuré le numéro 150 (mi-Août 2008) qui propose un dossier sur Thibaudet, la réinvention d'un critique et un autre sur l'islam, l'europe et la démocratie avec quelques belles pointures, telles que R.Brague ou B. Lewis. Vous pouvez trouver le sommaire sur cette page . J'ai d'emblée été très favorablement impressioné par la contribution d'Abdelwahad Meddeb et il me tarde de lire celle de Bernard Lewis.