Quels que soient les efforts de la démocratie pour réhausser ses moeurs par le grand but qu'elle se propose, ses habitudes abaissent ses moeurs; elle a le vif ressentiment de son étroitesse : croyant la faire oublier, elle versa dans la Révolution des torrents de sang; inutile remède, car elle ne put tout tuer, et, en fin de compte, elle se retrouva en face de l'insolence des cadavres. La nécessité de passer par les petites conditions donne quelque chose de commun à la vie ; une pensée rare est réduite à s'exprimer dans un langage vulgaire, le génie est emprisonné dans le patois, comme, dans l'aristocratie usée, des sentiments abjects sont renfermés dans de nobles mots.
Chateaubriand, Napoléon, La petite vermillon, p.52, Livres XIX à XIV des Mémoires d'outre-tombe
Livre très vivant, bien plus accessible que le seul nom de Chateaubriand pouvait pourtant éloigner. Seule la forte culture classique peut décourager. L'auteur rédige dans ses propres mémoires la vie de Napoléon. Dans un souci d'impartialité, il relate les hauts faits et les petites atrocités. Cependant, l'épopée et la gloire, quoique plus ramassées, marquent davantage le lecteur. La campagne d'Italie, dix pages formidables, qui font la gloire de l'empereur.
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