J'ai entre les mains un cahier qui reprend des pages de la diatribe de Barbey d'Aurevilly contre Didérot, publiée à l'époque sous le titre Goethe et Diderot. On y trouve les phrases que Raphaël Enthoven avaient lu en ouverture de son émission sur le philosophe, elles m'avaient attiré. J'ai trouvé par chance quelques feuillets chez un bouquiniste. C'est virulent et bien tourné. Je serais bien malin de m'en inspirer car il faut dire que seule la violence des attaques provoquent la réaction et l'échange dans la vie des blogs et ramènent la meute des commentateurs.
En effet, Diderot, c'était la discussion faite homme. C'était le haut bavardage incontinent, le ruissellement de la parole tombant incessamment du sommet d'une tête fumante. il fermait les yeux et ouvrait la bouche, et cela partait, et ruisselait à noyer cinquante petits Sainte-Beuve là-dedans.
Mais Diderot était, lui, un talent essentiellement extérieur. Au lieu de se concentrer, il se répandait. Il n'aurait pas attendu, comme Richardson, cinquante ans derrière un comptoir, avant de lancer une Clarisse Il était du siècle le plus superficiel. Comme un bourgeois qu'il était, -comme un parvenu et un Turcaret de lettres, -il rafolait des salons où les grands seigneurs ennuyés l'écoutaient comme un oracle. Sa vanité s'étalait là. Il s'y dépensait effroyablement. Il se dépensait au café, au foyer des théâtres, partout où les hommes étaient rassemblés et où il pouvait ruisseler de paroles.[...] Peintre qui crevait sa peinture pour passer sa tête par le trou de sa toile, afin qu'on le vît bien et au'on l'entendît bien toujours.
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