jeudi 31 janvier 2008

Les mots-valises se font la malle

Badaud à badaud : situation dans lequel deux passants (de préférence espagnols) se livrent un duel pour apercevoir le mieux les incidents dans la rue et, parfois ils en viennent aux mains auquel cas le linguiste précis parle dès lors d'un mano à mano.

lundi 7 janvier 2008

2007, l'année du Blachier

Vous ne le savez peut-être pas mais 2007 aura été l'année où pour la première fois, le cosmos a été éclairé par la pensée de Grégory Blachier. L'inextricable écheveau qui anime la marche du monde est démêlé irrégulièrement sous nos yeux par l'observateur à moitié philosophe, à moitié blogueur, mais cent pour cent pas content. Transis, nous attendions fébrilement son avis bien senti sur des sujets épineux qui nous laissaient figés dans l'incompréhension (et même, nous n'osions le reconnaître, la crainte). Ainsi, lorsque des émeutes ont éclaté à Villiers-le-bel, il nous a entretenus pour notre bien de conscience citoyenne sur le salaire du président, et jamais là où on l'attendait, à propos de Chavez, son contre-pied parfait nous a entraîné dans la sémantique de sa candidate. C'est lui qui a parlé des téléphones portables en Afrique, ce à quoi personne, bande d'inconscient, n'avait osé penser. En 2007, il nous suffisait de lire du Blachier pour que notre nuit soit impossible ou tourmentée. Il arrivait au courageux Blachier de ne pas prendre parti pour ou contre les grèves laissant filer la métaphore jusqu'à s'emberlificoter, prenant de airs de Pythie. Alors pour se reposer de tant de posture ou envolées intellectuelles, il laissait sa page vacante plusieurs semaines ou alors il revenait nous parler de ce dont il ne faut pas parler ou ne pas prêter attention* avec un art consommé de la prétérition à la manière de Monsieur Jourdain.



En 2007, Blachier a lu un livre. Étouffant de rage contre les tests ADN, qui se font un peu partout dans le monde sauf devant les portes de sa rédaction, il a posé sa plume pour méditer sur du Morandini et son ouvrage de science-fiction. Il faudra au moins cela pour nous éclairer sur l'avenir sombre des hordes d'extrême-droite néolibérale.



Nous avons hâte de voir enfin le Blachier sortir de sa grotte pour se frotter aux Dégueulasses, aux petites frappes telles que Finkielkraut, Hortefeux ou Bourlanges sur les plateaux de télévision, car enfin sa pensée pourra se déployer foudroyante devant le pays tout entier. On les attend les ministres falots qui n'ont qu'à bien surveiller leurs bretelles tombantes, car l'éditorialiste veille, l'éditorialiste tue, l'éditorialiste bloggue.

*Ne manquer pas son "Pourquoi je me fous des vacances de Sarkozy"
Grégory Blachier, son
oeuvre 2007

vendredi 4 janvier 2008

Scène d'horreur sur la rive gauche

Albert Thibaudet le disait, la politique en France est sinistrogyre.
Pour preuve renouvelée, la droite actuelle est encore tellement complexée par la dite grandeur morale de la gauche, qu'elle s'essaie à en reproduire les traits. Le nouveau président, qu'on dit pourtant décomplexé, a composé sur le papier un gouvernement à faire rosir de jalousie les tenants de la bonne pensée. Ainsi, la première ministre d'importance qui a des origines maghrébines est issue des rangs du parti conservateur, comme en Allemagne, d'ailleurs, où le chancelier est une femme. Il faut dire qu'à gauche, on est si sûrement assis et depuis bien longtemps dans ses préceptes qu'on peut se permettre le luxe d'être quelque fois sexiste, quelque fois raciste et bien souvent très éloigné du peuple. Il y a, chers amis, que de ce côté du cerveau (le bon) il n'y a plus rien à prouver.

Ce mouvement des idées, celui qui a fait passer l'âpre combat du Progrès en un confort de Rttistes, a amené avec lui toute une classe anciennement conservatrice dans les rangs du progrès social en lutte aux forces dominantes, la classe populaire se voyant là sommée de choisir parmi les notables qu'ils rêvaient jadis de pendre avec leur boyau. En conséquence, le premier parti dit de gauche et son univers intellectuel, s'il n'est pas fait de malencontreux lapsus religieux ou d'origine d'aristocrate bourguignon, s'époumonne à dire que déclin il n'y a pas, qu'il ne faut pas toucher aux acquis, alors qu'on aurait espéré de ce côté une poigne de réformistes en veux-tu-en-voilà. Pour fuir ce paradoxe, et ne pas trop se mentir à soi-même, on a dévié du social vers le culturel et une fois que tous ceci a été massacré avec la mauvaise grâce du jardinier débutant, on s'est tourné vers la société du spectacle, car dans charity business, il y a business où là, on a encore la main.