lundi 15 mars 2010

La danse de l'albatros

Peut-on dire que Gérald Sibleyras, dramaturge contemporain qui fait les beaux jours du théâtre parisien est de la trempe des Marivaux ou Labiche? Sur la foi d'une pièce donnée en représentation au théatre royal du Parc*, La danse de l'albatros, sur la foi de l'enchantement et de la joie qu'on en a retiré, on peut penser que oui. Léger comme Marivaux, absurde et délirant comme Labiche, le spectateur jubile d'autant plus qu'on semble mettre en scène avec talent les subtiles observations de Philippe Muray. La danse de l'albatros est le combat inutile d'un homme d'avant dépassé par son époque. Il résiste contre les marches pour la paix, la dictature de la détente, la littérature des livres de bains pour enfants de zéro à six mois, les recommandations de Santé pour tous, les faux rebelles, les cours de danse afro-brésilien et les niveaux d'alerte. Merveilleux.

Dans son dernier roman, Loin, Renaud Camus met en scène les aventures épisodiques entre Jean, calme érudit et une jeune femme Ono, toute auréolée de la parlure moderne. Gérald Sibleyras peint Thierry, un zoologue proche de la retraite vivant une histoire avec une femme de vingt-deux ans, auteure de livre de bain. Les deux hommes surmontent la barrière de la langue par les attractions physiques, bestiales, propre aux jeux de séductions. Peu à peu, l'amour se perd, les mondes deviennent trop différents, ils ne s'interfèrent plus. Chacun se remet à sa place. Loin quand il est encore possible.

*Acteurs impeccables et décors soignés, comme toujours.

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