jeudi 31 décembre 2009

Réveillon des hommes seuls

Happy New Year from peteski on Vimeo.


source

Bonn. On passait la nuit à lire un chef d'œuvre russe, dont on se souviendrait des années après. Dans les placards, il y avait peu à manger. Une demi-heure avant le changement de date, on mettait ses chaussures, la rive du Rhin n'était pas très loin. Les coups des pètards ont éclaté, sur le large fleuve, de la fumée, au bout d'une heure, on aurait dit les fins d'une antique bataille navale, ça sentait la poudre. On était enchanté.

The Office

Un animateur de la télévision américaine s'introduit dans une série.

mardi 29 décembre 2009

La burqa et le cercle des idiots par Abdelwahab Meddeb

Abdelwahab Meddeb a exprimé son point de vue sur la burqa et il l'a fait en tant qu'intellectuel musulman. Il est tout à fait réjouissant de lire un penseur qui offre une telle hauteur de vue et tout aussi réjouissant de voir le monde, tant vilipendé, de mettre à disposition de ses lecteurs un article de cette trempe.

C'est ici, courez-y : La burqa et le cercle des idiots

Extraits : "Le niqab vient d'être interdit dans les espaces scolaires et universitaires d'Al-Azhar au Caire, la plus haute institution sunnite. Son patron, M. Tantawi, a rappelé que le niqab n'est pas une obligation divine, une farîd'a, ni une disposition cultuelle, une ibâda, mais une âda, une coutume. Et le mufti d'Egypte, Ali Juma, confirme cette assertion : il s'agit d'une coutume arabique antéislamique que l'islam est en mesure de dissoudre".

"Avant d'en venir à la burqa, il convient de situer la prescription du voile dans une société misogyne, construite sur la séparation des sexes, sur une hiérarchie des genres, estimant que les femmes excitent plus le désir que les hommes. Il faut constater au commencement que la prescription qui impose le voile aux femmes émane de la société en laquelle est né l'islam il y a quinze siècles, une société endogame - qui encourage le mariage entre cousins -, où prévaut l'obsession de la généalogie, où la sexualité est indissociable de la filiation".




lundi 28 décembre 2009

Le retour de Marx

Répliques du 5 décembre

Alors que nous assistons simultanément à la commémoration de la chute du mur de Berlin et à la résurrection d'une crise financière destructrice de richesse, il semble que s'immisce dans cet interstice un regain pour la pensée de Marx. Si la réalisation d'une bureaucratie collectiviste et autoritaire a entraîné derrière nous un désastre sans commune mesure, que certains perçoivent comme une dénaturation de la pensée marxiste, loin est le temps où le capitalisme était le système triomphant et sans alternative. Avec la crise, on perçoit la volonté d'une limitation de l'économie moderne dont l'irrationalité inquiète. Que peut apporter Marx? Le débat que nous proposait Alain Finkilekraut réunissait un marxiste M.Löwy et l'excellent P.Raynaud, bon et honnête connaisseur des pensées d'extrême-gauche. Pour l'un, le marxisme demeure une irréfutable critique du système, toujours d'actualité, et dont il convient de réecrire une radicalité écologique, pour l'autre, le marxiste n'apporte aucune solution alternative viable, tant du point de vue politique ( quid du compromis démocratique d'enrichissement de tous sous condition de croissance ? liberté et croissance), économique et écologique (le marxisme est productiviste). Le socialisme des pays de l'est n'apparaît sous cet angle comme un capitalisme sans liberté entravé. Les deux systèmes ne proposent donc pas des forces de limitation, " les philosophies de l'histoire n'a fait que la transformer, il convient de l'épargner". A la lumière de ces citations apparaît avec force les arguments du conservatisme.

"En brisant le cadre précapitaliste de la société, le capitalisme a donc rompu, non seulement les barrières qui gênaient ses progrès, mais encore les arcs-boutants qui l’empêchaient de s’effondrer". J. Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie, Payot, 1961.

A paraître : le nouveau livre

D'une discussion avec l'ami roulio du kosovo, nous nous questionnâmes en passant sur le succès éventuel des ebooks, mot encore intraduisible en français, qui désigne des appareils électroniques qui peuvent stocker quantité de livres et de revues et sensés remplacer le livre. Est-ce une nouvelle technologie marquante qui promet la disparition du livre papier? J'avoue m'être souvent interrogé sur son futur, je suis en effet tenté d'acquérir cet instrument pratique qui permettrait de ne pas transporter telle une mûle une dizaine de livres, que j'estime avoir probablement envie de lire durant un court voyage. Mais ne doit-on pas attendre le prochain saut technologique qui rendra obsolète ces outils qui ne procurent que des livres quand de nouveux jouets grantiront des applications omnipotentes? J'ai par ailleurs appris que certains appareils disposaient d'un lumignon éclairant l'écran tout à fait confortable et suffisant de sorte à ce qu'on ne soit pas obliger d'allumer la lumière de la chambre, fort gênante pour la douce qui vous côtoie et dort depuis des heures déjà. Good point. Pour l'heure, le prix reste dissuasif. The economist a livré cette semaine un court article en forme de tendance de l'année écoulée. La technologie gagne du terrain.

La popularité grandissante des livres électroniques

Les consommateurs commencent à prendre goût à l'idée de lire romans et informations sur des tablettes de plastique, surmontés de boutons manipulables à la place de pages volantes. Les ventes de E-reader prennent de l'ampleur depuis le moment où l'entreprise amazon a commercialisé le Kindle en 2007. en 2009, la chute de prix, combiné à un tourbillon de bonnes affaires, d'améliorations techniques prépare le marché à une vaste expansion. Il y a environ cinq millions de E-reader en circulation à travers le monde et le double de ce chiffre sera vendu rien qu'en 2010, selon les informations délivrées par une entrprise spécialisée dans les études de marché, ISuppli. En 2010, on s'attend à ce que la société, Apple, forte de ses capacités à améliorer des technologies existantes et à les mettre à la disposition du grand public, secoue le marché en commercialisant à son tour, une tablette proche de l'ordinateur, ce qui en ferait un idéal E-Reader.

Le titre "Read-e for the masses"signifie à la fois la lecture en format électronique pour les foules et prêt pour le marché de masse.


dimanche 27 décembre 2009

Frenzy par A. Hitchcock

Frenzy est l'avant-dernier film d'Alfred Hitchcock, et surtout un film qui marque le retour de l'enfant prodigue sur sa terre natale, et c'est ce qui est pour beaucoup dans la saveur de ce film. Le sel de cette gourmandise se trouve aussi bien dans le délicieux accent des protagonistes que l'humour,le flegme et la mauvaise cuisine qu'on dit propre aux anglais. La réplique finale: "Don't wear your tie, Mr Robinson?" concentre ce génie.

Londres est bouleversé par l'activité d'un sadique qui étrangle des femmes à l'aide de cravates. Peu à peu, l'étau se resserre autour de Dick Blaney, chômeur sans le sou et colèrique dont l'ancienne femme et la nouvelle petite copine viennent à mourir, étranglées elles aussi. Tout accable notre accusé, coupable évident. Ce n'est que par le biais de l'honnêteté intellectuelle de l'inspecteur Oxford qui pour asseoir définitivement la culpabilité du prisonnier que la justice découvrira le véritable criminel.
Contrairement à ce qu'on pourrait lire, ce film n'est ni une critique sociale, ni un témoignage de la libération des moeurs (une scène atrocement érotique subit les foudres de la censure), ce serait chausser d'un peu trop près des lunettes trop françaises, le film est anglais. Nous avons un film noir, un "conte macabre",une comédie de moeurs et de meurtre.



vendredi 25 décembre 2009

Conte pour enfants #1

Il était une fois un jeune homme d'une gentillesse hors du commun et d'une grande bonté. Il était parmi les hommes les plus drôles de toutes les nations, de telle sorte que tout le monde se pressait à sa compagnie pour l'entendre dire les plaisanteries et les calembourgs les plus fameux. De plus, il avait, lorsqu'il chantait, une voix cristalline comme seule les anges peuvent en rêver. Il chantait souvent avec sa douce et tendre princesse qui venait d'une très noble famille française. Notre héros avait toutes les qualités si bien qu'un jour il a rejoint naturellement la plus prestigieuse école de son pays, une école où tout le monde savait tout sur tout à partir de très peu. Il avait rencontré d'autres amis aussi doux que le miel et aussi joyeux qu'un anniversaire. Il y avait juju, richie, jojo, kéké et yoyo et beaucoup, beaucoup d'autres. Ensemble, ils riaient, ils riaient, ils riaient beaucoup. Malheureusement, notre preux chevalier avait un problème, il souffrait d'une maladie cruelle dont la fatalité l'avait accablé. C'était une maladie spéciale, on l'appelait : la maladie des doigts gourds. Ses doigts étaient paralysés et il ne pouvait pas communiquer avec ses amis, qui peu à peu, avec le temps, s'éloignaient, l'oubliaient, jusqu'à l'isoler dans le plus triste des silences. Un jour, il dût aller loin, il dût traverser les océans pour des aventures et des rencontres. Jamais sa drôlerie n'en était affaibli, des quatre coins du monde, les inconnus riaient à ses histoires, admiraient sa bonté, on disait de lui en quelques minutes qu'il était une très bonne et une très hônnete personne, mais, malheureusement, ses doigts qui étaient raides comme des bâtons ne lui permettaient pas de raconter par lettres les bons moments qu'ils voulaient avec ses amis partager. On raconte qu'une fois, quand il était un enfant aux cheveux dorés, il ne put pas tenir un stylo et écrire au Père Noël, qui l'ignora et ne lui apporta pas les cadeaux qu'il méritait pourtant. Pendant longtemps, il souffrait, il souffrait en silence, car il n'aime pas dire aux autres son malheur, on dit aussi de lui qu'il est très pudique. Mais ses amis lui manquaient, ses amis n'était pas là et il ne pouvait pas entrer en contact avec eux. Quand, soudain, un jour, il y eut une nouvelle terrible. Un bon ami eut un accident, il avait perdu connaissance et restait évanoui sur son lit pendant des jours et des jours et des jours. Notre héros était très triste, car c'était un ami avec qui il riait et il parlait avec joie. Penser qu'il ne pourrait plus un jour rire avec lui était la pensée la plus triste qu'il eut. Alors il décida de répandre la nouvelle de l'accident à tous les amis de son bon ami, de leur dire ce qui s'était passé et de les rassurer, car lui savait comment son ami se rétablissait. Alors, il écrivit des lettres à juju, à richie, à jojo, des lettres à kéké et yoyo et à beaucoup d'autres, en espérant les rassurer. En lui, il était inquiet et avait très peur pour son ami, alors pour un peu oublier, il se montra très actif. Et sans s'en rendre compte, il avait écrit plus de courriels que jamais il ne l'avait fait dans toute sa vie. Il toucha un téléphone, composa un numéro et s'aperçut que sa maladie des doigts gourds avait complètement disparu ! Cependant, il ne pouvait pas profiter de sa joie, car son ami était toujours cloué sur son lit d'hôpital. Ainsi c'est dans le malheur et la difficulté des temps durs que notre héros a surmonté son handicap. Il a su faire ce que le moment imposait de faire malgré ses faiblesses. Il s'est comporté en héros. Les amis le remercièrent pour les nouvelles et la façon dont il s'occupa de son ami malade, qui guérit peu de temps après car il était dur comme le roc. Par la suite, notre doux héros, soulagé et heureux, envoya des courriels qui enchantèrent ses amis, car il était un témoignage de sa drôlerie et de sa bonté. Puis il créa un blog qui le rendit célèbre, car les gens venaient se nourrir de la joie et la fantaisie qu'il offrait aux inconnus, puis après le blog, ses doigts dont les souffrances n'étaient que lointains souvenirs s'activaient comme rarement de telle sorte qu'il rédigea un livre puis un autre puis un autre qui contribuaient à rendre le monde meilleur.

mercredi 23 décembre 2009

La folle de Chaillot

Contrairement à ce qu'en croient les mauvaises langues, le critique de la rubrique théâtre de la dernière heure ne fait pas que chômer, puisqu'il a daigné quitté ses pantoufles pas plus tard que la semaine dernière et se rendre dans un théâtre pour la première fois de la saison (qui a débuté en septembre). On voit plus bas ce qu'il nous en a péniblement pondu.

J'aime aller au Théâtre du Parc (au "TP" diraient les parisiens qui aiment utiliser les abréviations que son administration lui concocte), on y est accueilli par un personnel qui est redoutablement mieux habillé que nous, qui soigne le rituel de sorte à ce qu'on ne pense pas assister à une représentation scolaire. La salle est tout en splendeur, les sièges confortables et le public, quoique belge, de bonne tenue. Belle pompe. Pour je ne sais quelle raison, un soir, j'ai abandonné l'idée de regarder un match de football à la télévision pour m'y rendre, on y jouait la Folle de Chaillot de Giraudoux dont j'ignorais en bon journaliste de la dernière heure, à peu près tout.

Une femme, une illuminée qui habite nos rues, une femme dont on se détourne de crainte qu'elle ne nous adresse la parole, entreprend de réunir les petites gens de son quartier pour s'opposer à des investisseurs convaincus que le sol de Chaillot recèle de pétrole. Dans le premier acte, dans un bar, la France villageoise papillonne autour du monde de l'argent, petit costume sombre, air de secret et manières de parvenu. Ils se racontent le nouveau monde et ses méthodes. On les voit se frotter les mains sales. C'est savoureux. Je ne suis pas très "bohème", pourtant. J'aime Dieu et l'argent. C'est à ce moment d'ailleurs quand pris par la vigueur du dialogue, j'ai failli me lever pour crier mon assentiment, c'était vibrant, palpitant et bien j'aurais dû. J'avais lu un article sur l'ancien patron de Siemens qui avait quitté son poste suite à un scandale et qui occupe désormais la tête d'une autre incontournable entreprise. J'aurais crié, "je les connais! je connais leur nom! il y a Klaus Kleinfeld, il y a Bernard-Henry Lévy...", ces hommes sont tout en haut et s'échangent les rôles. Pour une pièce écrite en 1945, c'est troublant. Lors de l'entracte, nos excellents comédiens nous ont vendu des bibelots, les temps sont rudes pour la profession et je regrettai qu'ils ne soient millionnaires. J'ai pensé aussi sournoisement au match de football que je manquais et à ses acteurs autrement considérés, autrement rétribués. Lors du second acte, on y retrouve le sens du spectacle qui distingue ce théâtre ,à travers le décor ambitieux et grandiose comme sur une scène d'opéra. La rencontre entre les trois folles est longue et on s'ennuie un peu. En revanche, la prestation du chiffonnier est enthousiasmante et remporte la mise d'un sentiment final de satisfaction et de plaisirs repus.

lundi 21 décembre 2009

Neige

Dimanche au parc, source NYT

Fox in the snow (écoutez)

Le niveau monte aux créneaux

Laurent Mucchielli est un sociologue français. Il n'est peut-être pas très connu de vous, mais il est l'expert scientifique sur la question de l'insécurité et de la délinquance. La plupart du temps, les journaux viennent chercher sa caution, pour dire en termes sociologiques que "tout va bien"," l'insécurité, c'est dans la tête", "que ça a toujours été comme ça, de tout temps, toute chose étant égale par ailleurs". Il se situe dans la grande lignée des intellectuels organiques qui devrait faire date et dont on pourrait prendre comme origine, le livre, Le niveau monte, de Baudelot et Establet, ouvrage de 1989, qui explique que le niveau scolaire des élèves est plus élévé qu'auparavant, et même vingt ans après nos édiles n'en démordent toujours pas. Je suis allé dans une université dont les leçons étaient fortement imprégnées de ces travaux. On m'a enseigné que la sécurité s'expliquait par la hauteur des tags et que "l'insécurité des gens n'était qu'un sentiment instrumentalisé par l'opportunisme politique qui fait le jeu du front national" ou autres scories approchant. On connaissait bien les mots, "amalgames", "stigmatiser" et "fachos". Ces enseignements ont forgé l'opinion de mes petits camarades, qui voulant faire carrière les ont assimilés et parfaitement retenus. Ils font parti ou tente de faire parti de la grande classe des journalistes et hommes politiques qui convoquent leur Mucchielli pour se rassurer et calmer les inquiétudes. Les Dernières Nouvelles d'Alsace, par exemple, publie un entretien avec Mucchielli, qui synthétise sa longue et opiniâtre pensée. On n'est pas médaille de bronze du CNRS pour rien. Ce document est utile et pourra servir de pièce à conviction, gardons le bien au chaud.

"Ce qui augmente, ce ne sont pas les violences que l'on subit, mais celles que l'on déclare, comme par exemple les violences sexuelles entre mineurs ou les violences conjugales, qui étaient taboues auparavant".

dimanche 20 décembre 2009

La météo d'hier

Un bon blog érudit et passionnant se doit d'avoir une séquence météorologique. N'étant pas plus Paco Rabanne que Laurent Cabrol, pas plus Jacques Attali que Laurent Romejko, il serait prétentieux de prédire le temps de demain. En toute humilité, nous vous livrons le temps d'hier.
Janvier 1910, si vous êtes à Paris, amenez vos bottes, car il va pleuvoir.




Quai de la Rapée et Boulevard Diderot

Paris, 1910, une crue de la Seine, phénoménale. De nombreuses photos sur ce site ou sur celui-ci. Pour plus d'"infos", consultez météofrance.

vendredi 18 décembre 2009

J'ai vu mourir un monde ancien

Les saisons sont une œuvre optimiste, mais de façon ambigüe. Je pense que le regard de Haydn sur le monde tel qu'il évoluait à la fin de sa vie était pessimiste. Il voyait le début de l'ère industrielle, l'emploi de la machine à vapeur. Il sentait que le rapport de l'homme à la nature, qui est au cœur des Saisons, allait profondément changer. En esprit du XVIIIème siècle, il appréhendait le monde comme ce qu'il peut travailler avec ses mains. Les Saisons chantent ce contact individuel et intime avec la nature, qui va se perdre. C'est une ode à un monde qui touche à sa fin. Une ode heureuse, sur un arrière-plan pessimiste.
Nikolaus Harnoncourt, Diapason décembre 2009

Les Fumées sont une œuvre optimiste, mais de façon ambigüe. Je pense que le regard de Brentley sur le monde tel qu'il évoluait à la fin de sa vie était pessimiste. Il voyait le début de l'ère informatique, l'emploi de l'ordinateur, de l'objet qui se dématérialise, qui se "virtualise "et se déracine. Il sentait que le rapport de l'homme avec la machine, qui est au cœur des Fumées, allait profondément changer. En esprit du XXème siècle, il appréhendait le monde comme ce qu'il peut travailler avec ses outils. Les Fumées chantent ce contact individuel et intime avec la machine, qui va se perdre. C'est une ode à un monde qui touche à sa fin. Une ode heureuse, sur un arrière-plan pessimiste.
Von Gibus, radioalmendralejo.blogspot.com, décembre 2009
(c'est un pastiche)

lundi 14 décembre 2009

Le croisé cathodique

L'inarrêtable Cohn-Bandit se démène beaucoup sur le front médiatique. Il est très, très colère contre le résultat du référendum suisse qui a fait couler beaucoup d'encre d'où dégoulina un flot d'indignation. "Il faut revoter"; comme on l'a fait pour le traité de Lisbonne et comme, il semble qu'on le fasse, lorsque le vote n'est pas conforme. Il a dit que la démocratie pouvait ne pas avoir raison et il a à de nombreuses reprises parlé de l'Allemagne de 1933, dont le peuple aurait démocratiquement confié les rênes du pays aux Nsdap. J'aimerais faire une précision que nombre de journalistes auraient pu émettre. Hitler n'a pas été porté au pouvoir par le peuple.

Le livre d'AlainF a connu un certain succès et a été l'objet de beaucoup d'émissions. On peut penser qu'il a été lu par les maîtres d'œuvre de ces dites-émissions. S'ils l'eussent fait attentivement, peut-être auraient-ils tenu compte de la lecture que fait Finkielkraut d'un beau livre, poignant, d'une certaine hauteur d'âme, Histoire d'un allemand, de Sébastian Haffner. Ils auraient remarqué et passé le message d'un fait historique non-négligeable. Hitler devient chancelier en janvier 1933, alors que son parti n'était pas en tête des élections législatives. Il était même en perte de vitesse puisque ses suffrages réunissaient 33,1% du corps électoral au lieu de 37,3% en juillet. Il a perdu deux millions de voix sur un total de 17 millions en quatre mois. Il a été nommé par von Hindenburg à la suite de tractations et d'aveuglement d'une partie de la classe politique. Par ailleurs, ce furent bien des députés français qui ont confié à Pétain les pleins pouvoirs (la loi dite constitutionnelle). Les approximations martelées par Cohn-Bendit méritent quelques corrections. Il y a donc là quelques mythes bien commodes, quelques faussetés utiles pour la classe politique. Je n'aime pas beaucoup ces basses manœuvres de simplifications. Comme l'a écrit Orwell, dans 1984,"Qui contrôle le passé, contrôle le futur ; qui contrôle le présent, contrôle le passé", les sorties du député confirment son embarras de la démocratie, moi, elle me "rappelle lez-heures-les-sombres" et même d'une certaine démogogie anti-populiste, si vous me permettez cette contorsion mentale.

source: wikipedia; hérodote

vendredi 11 décembre 2009

Je travaille à la Fnac

A l'aube des années deux mille, on était jeune, on était les maires du couloir de l'université, on lisait la presse parisienne et on morguait car on disait tout connaître de la musique. On balançait des listes de groupes à des personnes dont la connaissance partagée nous assurait une connivence des gens qui savent, de vrais jeunes. L'époque n'avait pas de secret à travers nos émissions subventionnées de service public. On était snob, dans nos soirées, on s'ennuyait, personne n'osait danser. On aurait pu être parisien mais on passait notre temps à la fnac.


lundi 7 décembre 2009

Femme espagnole

Ses magnifiques cheveux du noir le plus éclatant, ses vastes yeux de gitane captive, "d'où semblaient couler des ténèbres", mais où flottait l'escadre vaincue des Résignations, la pâleur douloureuse de son visage enfantin dont les lignes, modifiées par de très savantes angoisses, étaient devenues presque sévères, enfin la souplesse voluptueuse de ses attitudes et de sa démarche lui avaient valu la réputation de posséder ce que les bourgeois de Paris appellent entre eux une tournure espagnole.

La femme pauvre -épisode contemporain- Léon Bloy, 1887, p.25

vendredi 4 décembre 2009

L'assassinat d'Henri IV

Jean-Christian Petitfils est un historien français dont les ouvrages salués et primés ornent les bonnes bibliothèques particulières. J'ai pour ma part conservé de lui un bon souvenir de son livre sur Louis XVI que je lisais dans mes mois de célibataire géographique à la bibliothèque de Strasbourg lorsque celle-ci n'était point trop surchargée du bruit de la marmaille étudiante. J'ai une fois ouï qu'il s'était aventuré dans le roman sans trop de succès d'estime cependant. Par la suite, j'ai été surpris d'apprendre qu'il collabora au fameux livre noir de la révolution. Toutefois, l'émission diffusée cette semaine sur canal académie consacrant son dernier ouvrage marque le retour du prolifique et fécond historien qui par la qualité de sa recherche éclaire d'un jour nouveau un moment obscur de l'histoire de France. "Obscur", "jour nouveau", ne considérez ces mots que pour moi qui ignore à peu près tout d'Henri IV dont les seuls "édit de Nantes" et "Ravaillac" viennent à l'esprit mien, malingre et pauvre. Dans cette émission passionnante, l'assassinat d'Henri IV, Jean-Christian Petitfils rappelle comment Ravaillac, un angoumoisin illuminé, a commis un régicide. De nombreuses théories du complot ont été élaborées au fil des ans. Ici, nous nous aventurons sur la piste étrangère et plus précisément sur la piste belge. Le complot flamand. En ce temps, il n'était pas question de Belgique mais de Pays-bas espagnol, administré depuis Bruxelles par Albert de Habsbourg, allié de l'ennemi espagnol et qui était le refuge des ultra-catholiques qui fuyaient la tolérance religieuse du roi Henri IV.

C'est une émission que vous pouvez écouter à partir de cette page ou ici que vous pouvez télécharger et écouter en ballado-diffusion.

mardi 1 décembre 2009

Quizz "Helvètes Underground"

Qui a dit?

J'aimais la Suisse comme je ne l'avais jamais aimée. J'étais toujours venu volontiers dans ce pays grandiose malgré son peu d'étendue, et que sa diversité rend inépuisable. Mais je n'avais jamais éprouvé aussi vivement le sens de son existence : l'idée suisse de la cohabitation sans hostilité des nations dans un même espace, cette maxime très sage de hausser jusqu'à la fraternité les différences des langues et des populations, par l'estime réciproque et la démocratie honnêtement vécue. Quel exemple pour toute notre Europe en proie à la pire confusion ! Refuge de tous les persécutés, depuis des siècles asile de la paix et de la liberté, hospitalière à toutes les opinions tout en conservant avec la plus grande fidélité son caractère particulier - combien s'est révélée importante pour notre monde l'existence de cet Etat supranational unique !

1.Yannick Noah, résident fiscal dans sa demande de permis de résidence
2.Stefan Zweig, écrivain dans Le monde d'hier
3.Gérard Veluet, professeur de droit constitutionnel dans son cour
4.Kevin L####r, exilé parisien sur meetic.ch
5.Laurent Joffrin, journaliste dans l'émission d'hier