lundi 29 novembre 2010

Oreilles au chaud

Cette semaine, mes ouailles, de bonnes émissions m'ont accompagné lors de mes promenades dans les frimas. Oreilles au chaud et mains gelées. Qu'ai-je appris dans mes ballades?
J'ai renoué avec l'excellence de France-culture puisque j'ai été emballé par une émission consacrée à un personnage de Proust, dont j'ignorais tout. Il y avait une conférence sur le vieillissement de la population qui m'a tenté et qui ne m'a pas trop déçu. J'ai retenu quelques arguments et quelques schémas d'avenir. Cette semaine, j'ai retrouvé l'émission de Chr.Dickès, qui avait invité un historien à la douce voix de sage rieur pour évoquer L'appel de Clermont et faire quelques rectificatifs sur les croisades. Enfin, une excellente émission intitulée Le rendez-vous des musiciens traitait de James Joyce et la musique.

Je vais m'acheter un disque dur externe afin de stocker ces émissions dont je dois malheureusement me débarasser pour cause de place sur mon lecteur Mp3 et mon ordinateur portable.

dimanche 28 novembre 2010

Sans commentaire

Belle trouvaille.

"Je préfère faire mon miel de la foultitude de nano informations inconscientes entraperçues dans les interstices d'une société abandonnée". Figaro Madame (une mine pour notre série)

Hélène Grimaud dans Diapason de Novembre n'est pas mal non plus.

vendredi 26 novembre 2010

L'esprit public entendu par un auditeur

Je ne suis pas un grand participant au forum, en règle générale, cela demande trop de temps et d'application. Néanmoins, l'exercice de style est exigeant.

Voici ma première contribution à un nouveau forum plutôt confidentiel :

Je souscris à certains points de l'analyse développé par Nessie (que je salue et remercie pour ses posts). L'esprit public était une excellente émission de table ronde, dont le succès et la qualité n'ont pas servi France Culture. J'ai découvert cette émission il y a de nombreuses années et m'y suis accrochée, car elle était ce que je cherchais sans trouver partout ailleurs: une discussion sur l'actualité sans coupure de paroles et sans gloussement, avec des intervenants de haute-tenue (j'admire Bourlanges, j'appréciais Michaud et B.Poulet faisait des interventions de bonne facture) et du temps pour des développements. J'aimais aussi les brèves, invitation à la culture et la présence d'un ou d'une journaliste étrangère qui apportait un regard différent de nos points de vue français. La chaîne a attiré bon nombre de journalistes et débatteurs qui y voyaient ici un espace pour faire les émissions qu'ils rêvaient (je crois le concept des grands entretiens de la grande table en est l'exemple-type, se servir de Fc pour faire ce qu'on rêverait faire sur France-inter, France II, etc...). Par la suite, je me suis aperçu que les interventions de Max Gallo était loin d'être transcendante, d'autant qu'il justifiait son récent Sarkozysme de façon caricaturale. Comme vous l'avez dit, ça devenait tiède et j'ai cessé d'écouter. Je me rappelle qu'un des bons moments était lorsque j'écoutais l'émission qui suivait, mélangeant littérature et cuisine. Quelqu'un d'obligeant parmi vous pourrait me rappeller le nom?

Je suis venu à Fc par la Rumeur du monde, l'esprit public et répliques, je suis donc involontairement responsable de son naufrage actuel.

La tempête

A l'origine, sonate (sonner) désigne une pièce instrumentale alors que cantate désigne une pièce chantée. La sonate est en général une pièce pour instrument soliste accompagné ou pour petit ensemble. On désigne aussi par ce terme - forme sonate, un agencement formel qui peut se résumer à l'exposition d'un thème, son développement et sa réexposition. Cette «forme sonate» est employée dans les concertos, les symphonies, la musique de chambre.


Beethoven by Hélène Grimaud


Extrait du disque Diapason, Novembre 2010, Hélène Grimaud

La Sonate pour piano n° 17 en ré mineur, op. 31 n° 2, de Ludwig van Beethoven fut composée en 1802et dédiée avec la n.16 à la comtesse de Browne. Son surnom « La Tempête » n'est pas de Beethoven, mais c'est pourtant lui qui aurait conseillé à ses auditeurs, pour en comprendre le sens, de lire La Tempête de William Shakespeare.


jeudi 25 novembre 2010

La mémoire d'hier

J'ai trouvé cette affiche sur un site américain, il me rappelle le film que j'avais beaucoup aimé (je n'aime pas revoir les films). Une scène qui me vient de temps en temps à l'esprit est celle où un des employés marchant dans la rue tape au carreau de la voiture du héros pour savoir si tout allait bien. Il pose la question suite à une opération qui consistait à lui effacer la mémoire et aurait peut-être mal tournée. Il n'y a donc aucun intérêt à lui poser la question, mais le héros tourmenté par autre chose, répond que tout va bien sans se demander pourquoi l'inconnu s'inquiète, il est seulement dans sa voiture.
Sur l'affiche, il y a des cassettes à bande magnétique de la marque Maxell (je disais toujours Maxwell). Elles sont mes premiers pas dans la haute technologie. Quelle ne fut pas ma stupeur lorsque je découvrais que cela ne coûtait que 7 francs.

mardi 23 novembre 2010

Le prix trente millions d'amis a un avis sur tout

Michel Houellebecq et son chien célèbrent le prix Goncourt.

Si on ne connaît pas grand chose en économie, en art contemporain, si on n'est pas très porté sur le sentiment paternel et qu'on n'est un peu léger en connaissances architecturales, mais qu'on apprécie les théories rapides et originales dites sur un ton de certitude péremptoire* alors on a beaucoup de chance d'aimer le dernier livre de Michel Houellebecq, romancier pour ados. Si un voyage en avion nous inspire en pensées autant qu'un passage au supermarché ou qu'un bref séjour d'ethnologue ERASmus, qu'on apprécie Cioran débarrassé de la munificence du style et aussi la science-fiction, on se dit que Houellebecq est pour nous. La carte symbolise l'empreinte de la civilisation qui peu à peu s'efface au détriment du territoire, de la nature, illustrant ainsi le caractère périssable et presque vain de l'humanité. Le triomphe de la végétation est total. Houellebecq continue donc les problématiques qui ont fait son succès, la dérive de l'homme moyen vers sa finitude ou quelque chose comme ça. Seulement, je pense que Dantec et Beigbeider l'ont aidé à terminer le bouquin. Ce n'est pas très bon.

*Un avis sur Picasso, Le Corbusier, le capitalisme, Julien Lepers, Fourier, JP Pernaud, les chiens et plus particulièrement les bichons, comme disent les jeunes ça va deux minutes.

jeudi 18 novembre 2010

L'homme et le psittacisme

Comme procrastination, psittacisme est un mot, savant à l'oreille, qui entendu chaque fois, nécessite de ma part une recherche de sa signification dans le dictionnaire (ou sur google), ignorance persistante qui se rapproche de celle des mots dont on doute toujours de l'orthographe correcte ("j'appelle", dans mon cas). C'est dommage, c'est un mot très utile, qui m'aurait beaucoup servi à l'université. Je lis qu'en vérité, ce nom si compliqué provient de la traduction littérale de perroquet en latin, psittacus, mais alors pourquoi pas une francisation en "perroquisme," bien plus clair et immédiat pour le badaud?

mercredi 17 novembre 2010

Gai savoir

Amis bruxellois de la ballado-diffusion, Goed dag, bonjour. Profitons de ce temps remarquable pour écouter quelques instructifs programmes tout en nous promenant dans les avenues jonchées de feuilles mortes. Cette semaine, nous proposons une émission dont je me suis longtemps méfié. Il s'agit d'une émission d'actualité des relations internationales animée par Th. de Montbrial (que je confondais avec Pas.Boniface). Il est question, entre autres d'Obama et des élections perdues, complément à la lecture d'article de The Economist que j'entame sur le sujet avec quelques semaines de retard. Concomittament, nous soulignons avec joie et emphase le retour dans nos oreilles de Christian Saint-Etienne dans un exercice de futurologie bienvenue et plaisant et stimulant comme un plan de relance. Un autre intellectuel se distingue au cours de cette semaine riche en intelligence, Jean-Luc Marion, dont l'oeuvre tente de respecter une ambition "Penser "autrement" la mort de Dieu", à entendre. Enfin, une histoire du nombre Pi (Л), avec des réminescences de nos années de cinquième.

Une bonne livraison!
Les liens : Affaires internationales, Guerre et paix au XXIè, comprendre le monde de demain, Jean-Luc Marion, Pi : un nombre irrationnel

lundi 15 novembre 2010

Érudit voleur


‎"Le cheval dort aussi bien debout que couché. La plupart du temps, il somnole debout, les yeux mi-clos, ce qui lui permet de prendre la fuite rapidement en cas de danger. Ce type de sommeil est très léger, et le cheval doit s’allonger pour pouvoir dormir plus profondément.Le cheval ne se couche que quand il se sent en sécurité, par exemple dans son box, ou au sein du troupeau".

J'ai trouvé un site d'érudition que je garde pour moi. Le savoir est croustillant.

dimanche 14 novembre 2010

La carte et le territoire, guide des impressions

Le seul et unique type vivant qu'ils mettent au monde, au monde de la fiction, c'est leur moi distribué sous diverses espèces et permanent sous d'innombrables hypostases ; que le perpétuel dialogue avec soi-même puisse se substituer sans vergogne à la tentative plus humble qui était jusque-là celle du roman d'imiter les accidents, les rencontres et la variété de la création, c'est l'effet non pas d'une incrédulité grandissante du lecteur vis-à-vis de la personnification romanesque, mais plutôt d'une foi presque insolente de l'auteur dans la capacité immanente à la fiction de faire tout accepter, y compris non seulement le mystère de la transsubstantiation réédité, mais encore le miracle des noces de Cana.»
Julien Gracq,En Lisant, en écrivant, Corti, p.122-3

Hormis une page sur Ryanair et d'amusantes remarques sur des produits de consommation, je ne retire pas grand chose d'excitant du dernier livre de Michel Houellebecq, La carte et le territoire. Or l'excitation, c'est ce qui attirait chez lui, l'observation polémique qui désormais n'est qu'un contre-pied prévisible, et aussi le fait qu'il faisait des hommes moyens des héros involontaires de leur temps. Les bons écrivains de nos jours doivent se tordre de douleur devant ce succès. Comme souvent, la critique consacre les œuvres les moins réussies et fécondes de leurs auteurs. Je salue tout de même ce talent français de gloser avec art et profondeur.
Jusqu'à la page 200, on dénombre quelques ratés exemplaires, la relation amoureuse entre Olga et Jed, dérisoire et insignifiante, les conversations entre Houellebecq, personnage et Jed, sans intérêt et presque puériles, le personnage Begbeider, une commande sans conviction, le pastiche de Kéchichian, grossier. Nous aimions les héros houellebecqien, celui-ci (Jed Martin) n'en est qu'une ébauche. On garde tout de même l'impression d'une oeuvre bâclée. Faible par le style, il commence à ressembler à MG Dantec, j'ai la malchance de le lire après Barbey, faire l'expérience de la comparaison d'une lecture à voix haute est un exercice cruel.

L'an 2000 avec fracas et style




Source photographique : Steve Giovinco
Je recommande de jeter un oeil à la série Nightlandscapes

Lorsque j'allais à l'université avec AccompagnaMan, un des rituels de notre groupes d'étudiants était le déjeuner au restaurant universitaire, parfois le Barnave, parfois le Condillac, le plus souvent le Diderot. Il m'arrivait me réveillant vers 11h de passer le petit-déjeuner pour ne manquer sous aucun prétexte le copieux déjeuner qu'un petit coupon orange et modique payable en francs français nous offrait. C'était la plupart du temps le seul moment où nous nous retrouvions. Avec Richie, nous allions au Ru de la faculté de médecine pour avoir du rabiot de tartiflette, Yorba, le soir, au Didérot avant qu'il ne parte en Middle-week, Accomp' au petit Barnave parce qu'il aimait les frites, gourmand. Je me souviens aussi que j'avais lu un livre de Michel Houellebecq et que j'avais fait une tentative de parodie dans laquelle je décrivais ces restaurants universitaires. Certains de mes amis avaient imprimé ces textes et l'avaient lu en cours, la photographie plus haut m'y fait penser. On n'avait pas encore inventé les blogs. Merci l'an deux mil.
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Ceci appartient à une série de textes de célébration de l'an deux mille. Le premier date du 14 mars.

samedi 13 novembre 2010

Fred McDowell - Shake 'Em On Down



J'ai choisi cette chanson-ci, mais d'autres auraient convenu. Je l'ai découvert à la radio, il y a deux ou trois samedis de cela. Quelle bonne surprise!
Vous allez rire, sarcastique lecteur, mais j'avoue que je me suis formé au blues par Beck (One Foot in the Grave) et Jon Spencer (Orange), maintenant, Back to the Roots.

vendredi 12 novembre 2010

Pirates de l'air

Jean-Cyril Spinetta, 66 ans, président du conseil d'administration d'Air France-KLM:

Ryanair a-t-elle atteint son apogée ?

Lorsque le patron de Ryanair déclare : «Si je suis soumis aux mêmes charges que les autres, alors je m'en vais, je quitte Marseille», il reconnaît que son modèle économique ne fonctionne plus s'il doit se plier aux mêmes règles que ses compétiteurs d'Europe continentale. Il vient de faire la même chose à Francfort. Pourtant, le droit européen est clair : toute activité basée dans un pays doit respecter les droits sociaux de ce pays. Il est inacceptable que les règles européennes soient à ce point bafouées par Ryanair. Sans subventions et avec des charges sociales équivalentes, l'écart de coût entre les deux modèles sera nettement moins grand. Moi qui suis corse, je suis effaré par ce qui se passe à Figari : il manquerait 60.000 euros sur la subvention promise à Ryanair, alors elle décide de tout arrêter instantanément. Michael O'Leary fait ainsi la démonstration qu'il a besoin d'argent public pour soutenir son modèle.

Lu dans le Figamonde-les Sports

Certains dénonceront le capitalisme sauvage, sans foi ni loi, tandis que d'autres avanceront que c'est l'intervention des Etats, par le biais de subventions qui faussent les règles du jeu et que la concurrence des territoires entretient le casse social. Cela promet un peu de fumée dans les fora.

jeudi 11 novembre 2010

La cuisine de l'Almendralejo

J'ai récupéré quelques poireaux prédécoupés et congelés, je l'ai mis dans l'huile d'olive et de supermarché chauffée à feu très doux, puis j'ai ajouté des zestes de citron et du cumin, deux pincées. J'espérais faire "fondre" le poireau. J'ai tapissé un plat des poireaux cuits sur lesquels j'ai dressé du colin, cela a été enfourné. J'ai enfin débarassé le plat du poisson pour pouvoir mieux faire revenir les poireaux avec de la crême fraîche. C'est à peu près ce qui m'est arrivé de faire, lorsque j'ai voulu reproduire fidèlement la recette cabillaud sur fondue de poireaux.

La vie des vélos

Rappel : Ce velo, rapporté d'Allemagne que j'ai confié à un poteau de la rue Wafelaerts, Bruxelles supporte la rouille et les indélicats depuis Novembre 2004. J'aimerais le délivrer de son sort, mais il me manque la clé du cadenas qui, aux dernières nouvelles, se serait fait la malle avec la roue avant.

Nous l'avons retrouvé grâce à internet, dans l'Idaho.









mercredi 10 novembre 2010

Le retour des dames patronesses

Je me suis souvent demandé pourquoi des ligues de vertus, aussi ridiculeusement représentatives de personne, avait autant de voix aux chapitres médiatiques. Que ce soit le Cran, le Mrap, etc... Il semble que les journalistes, qu'un minimum de déontologie retient encore, viennent chercher à l'extérieur les porte-voix de leurs arguments. On peut également ajouter que l'indignation a bonne presse, les cris outragées de nos Marie-Chantal se diffusent avec la même rapidité sans obstacle de la bonne morale dans les cerveaux de nos bisounours. Les personnalités sont choquées, indignées, estomaquées, désemparées, traumatisées, émues, déçues, pas contentes, tristes. Pauvre petite personne. L'image la plus évocatrice de notre époque pourrait être cette scène télévisuelle dans laquelle Marie-Christine Angot, hystérique, hurle en se fermant les oreilles. Bien sûr, il existe un revers plus sombre, où ces mêmes personnes, vertueuses, poursuivent d'une haine impitoyablement mesquine les personnes salies pour toujours (Frêche, Sevran, RC, Taguieff). Vous me direz qu'il devient aisé pour nos jeunes subversifs de choquer le bourgeois. Mais je crains que ma génération qui cherche tant à se caser, tout simplement n'ose pas.

vendredi 5 novembre 2010

L'homme qui avait une vie culturelle grâce aux jeux-concours

Cher Monsieur, Chère Madame,

Félicitations ! Nous avons le plaisir de vous annoncer que vous avez été tiré au sort pour remporter 2 places pour assister au concert du Collegium Vocale Gent & Accademia Chigiana Siena dirigés par Philippe Herreweghe, ce jeudi 28 octobre à 20h au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, Salle Henry Le Boeuf.
Les deux places seront réservées à votre nom sur une liste de gagnants Musiq’3 et pourront être retirées à partir de 19h au desk VIP-PRESS dans le Hall d’entrée.
Nous vous souhaitons une excellente soirée! Et merci de nous prévenir en cas d’empêchement afin que nous puissions faire d’autres heureux.

Cordialement,

Céline Harcq pour Musiq’3

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Cher Monsieur, Chère Madame,

Félicitations ! Nous avons le plaisir de vous annoncer que vous avez été tiré au sort pour remporter 2 places pour assister au concert du Quatuor Artemis, ce mardi 09 novembre à 20h au Conservatoire Royal de Bruxelles. Les deux places seront réservées à votre nom sur une liste de gagnants Musiq’3
Nous vous souhaitons une excellente soirée! Et merci de nous prévenir en cas d’empêchement afin que nous puissions faire d’autres heureux !

Cordialement,

Céline Harcq pour Musiq’3

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A suivre...

mercredi 3 novembre 2010

La dernière Heure d'Almendralejo (n·2)

Cliquer sur ce lien pour voir l'intégrale de cette belle page

Ce modeste blog a décidé de poursuivre l'édition de son propre journal, un tabloïd qui devrait lui redonner du souffle et du tonus. Double-cliquez pour lire la couverture de La dernière Heure d'Almendralejo, édition number 2.

Vitesse de croisière s'amuse

Je termine le roman de Barbey avec le sentiment d'avoir usé du bon rythme de lecture. Le texte a ruminé, les personnages ont grandi comme les ombres d'un feu de cheminée, l'intrigue s'est installée quitte à m'accompagner dans mes rêveries. Il ne faut pas se précipiter à la lecture, je me souviens de quelqu'un qui lisait un roman par jour et qui devait le relire, ce n'est pas ce que je conseille. A quel rythme doit-on lire? Pense-t-on au moment de relecture du livre que l'on lit?
Il est vrai que l'on peu lire plus vite afin de commencer le prochain qu'on a déjà en tête, ce qui n'est pas faire honneur au livre qui nous occupe dès lors comme un fardeau. Prendre son temps à la lecture comme si c'était la dernière peut néanmoins paralyser le lecteur qui sent qu'il passe irrémédiablement à côté du chef d'œuvre. Je lis lentement et garde peu en mémoire les personnages de mes lectures, j'en parle peu, ce qui n'aide pas non plus à entretenir vivante ou ressuscitée l'œuvre et malgré tous ces handicaps, j'aime bien lire. J'en suis à un point où le style, la forme compte beaucoup, je ne lis pas, même si c'est plus rapide, de livres mal rédigés, même avec une brillante histoire.

lundi 1 novembre 2010

Les chansons du hangar


En 1878, à vingt et un ans, Edward Elgar était un musicien obscur, employé au magasin de musique paternel dans la rue commerçante, High Street, de Worcester (la cathédrale de Worcester recevait, tous les trois ans, le célèbre Festival annuel dit des Trois Choeurs). Le jeune homme dut laisser passer le bel âge, c’est-à-dire attendre encore vingt ans avant de se faire connaître du grand public, grâce au succès londonien des Variations Enigma. Entre-temps, il fut organiste, musicien d’orchestres locaux, amateurs ou semi-professionnels, et il se consacra de plus en plus à la composition. Les morceaux enregistrés ici font partie d’un assortiment qu’il écrivit en 1878 –1879 pour le plaisir de jouer avec quatre amis. À vrai dire, les cinq musiciens entre eux formaient un ensemble assez peu orthodoxe: deux flûtes, hautbois, clarinette et basson – pas de cor. Les flûtistes: Hubert Leicester et Frank Exton, l’hautboïste, Frank Elgar, jeune frère du compositeur, étaient des musiciens de bon niveau professionnel, tandis que William Leicester, frère de Hubert, clarinettiste d’un niveau inférieur aux autres, ne pouvait exécuter que des morceaux très simples. Le compositeur, au demeurant excellent violoniste (il allait bientôt devenir chef d’attaque des premiers violons de l’Orchestre de la Worcester Philharmonic Society) n’était pas bassoniste, mais il avait appris lui-même à jouer du basson et savait mettre ses connaissances à profit. À la partie la plus conséquente de son assortiment, une série de plusieurs numéros, il donna le nom d’Harmony Music, selon le terme allemand Harmoniemusik qui désigne un ensemble d’instruments à vent. Les quintettes de cette série s’appelaient aussi “Musique du hangar”, du fait que les musiciens répétaient dans une espèce de remise. Jerrold Northrop Moore, biographe spécialiste d’Elgar, précise, d’après les mémoires du compositeur, que les cinq musiciens se réunissaient tous les dimanches après-midi, et chaque semaine ils exécutaient un morceau nouveau, fraichement composé ou arrangé. Le morceau avait été écrit le plus souvent dans la tribune de l’orgue de l’église catholique Saint George, pendant le sermon “qui durait en moyenne plus d’une demi-heure”.

Extrait du livret Complete Works for Wind Quartet, Athena Ensemble