dimanche 30 mai 2010

Le journal d'un lecteur

L'autofiction des mamans


Maman m'engraisse. Nous avons mangé en tête-à-tête le délicieux repas qu'elle a mijoté depuis des heures. Le même qu'elle me sert depuis des années, à vrai dire. Je comptais lui parler d'Aurélien, mais je freine mes ardeurs. La pensée de l'héritage est trop importante, l'appartement à la côte est une richesse qui me mettrait à l'abri des défaillances de ma carrière. Mais pourquoi me nourrit-elle tant? Ne souhaite-t-elle pas que je sois un jeune homme sculpté, musculeux, dont elle pourrait être fière de montrer? Elle me parle d'un auteur que je lui ai fait découvrir, elle m'en remercie. Elle dit qu'elle a dévoré son oeuvre en un mois lors de la retraite à la côte. La côte...je la comprends. Je me glisse dans la douce rêverie de la vie confortable et de l'établissement. Aurélien relisant mes pages. Je pourrais demander à un ami homo d'en faire une photographie qui en porterait ce titre.

samedi 29 mai 2010

Je n'ai besoin d'aucun soleil

source
A quoi joue-t-elle, Est-elle parisienne?

España va muy bien

Extrait d'un article de L'écho du 26 mai, donnant une petite idée de ce qui se trame en Espagne

..."In­utile de pré­ci­ser que le comp­teur risque de s’af­fo­ler ra­pi­de­ment. Si près d’un tiers des caisses d’épargne a déjà fu­sion­né, le gou­ver­ne­ment Za­pa­te­ro es­time qu’un autre tiers de­vrait re­cou­rir ra­pi­de­ment au même pro­cé­dé. Du coup, les es­ti­ma­tions de l’agence de no­ta­tion Stan­dard & Poor’s et de la banque Mor­gan Stan­ley évoquent une ar­doise de 35 à 43 mil­liards d’euros pour les pou­voirs pu­blics.

Ce qui tombe au plus mal pour un pays qui a an­non­cé la se­maine der­nière un plan d’aus­té­ri­té de 15 mil­liards d’euros des­ti­né à ra­me­ner le dé­fi­cit pu­blic de -11,2% du PIB en 2009 à -9,3% en 2010.

Mar­chés in­quiets

Déjà énor­mé­ment en­det­té, l’Es­pagne, qui doit rem­bour­ser (in­té­rêts com­pris) la ba­ga­telle de 705 mil­liards d’euros d’ici 2019 (soit 288 mil­liards d’euros de plus que la Grèce), va donc en­core de­voir ac­croître son en­det­te­ment pour sta­bi­li­ser son sys­tème fi­nan­cier.

Une pers­pec­tive qui fait froid dans le dos des in­ves­tis­seurs. Échau­dés par la crise grecque, ils se mé­fient de plus en plus des dettes sou­ve­raines des pays de la pé­ri­phé­rie eu­ro­péenne. Pour em­prun­ter à dix ans, l’Es­pagne doit dé­sor­mais of­frir un ren­de­ment de 4,12%.

Même si ce n’est pas en­core aussi as­tro­no­mique que dans le cas des Grecs (7,78 %), le sur­plus de ren­de­ment par rap­port aux Bunds al­le­mands exigé par le mar­ché, pour se cou­vrir contre une éven­tuelle dé­faillance de paie­ment, se monte à 1,55 % (contre 5,2 % pour la Grèce).

Une prime de risque his­to­rique qui montre que les in­ves­tis­seurs ne sont pas plei­ne­ment ras­su­rés quant à la ca­pa­ci­té des Es­pa­gnols à ho­no­rer leurs en­ga­ge­ments fi­nan­ciers.

En Juillet, ils de­vront, no­tam­ment, rem­bour­ser près de 25 mil­liards d’euros. Et près de 79 mil­liards d’euros pour l’en­semble de l’exer­cice 2010, soit quasi 15 % de leur dette to­tale. À titre de com­pa­rai­son, la Grèce doit rem­bour­ser cette année 5,4 % de sa dette to­tale, soit trois fois moins. Même si l’Es­pagne n’est pas la Grèce, il n’est pas im­pos­sible que le pays soit, lui aussi, ac­cu­lé à faire appel au dis­po­si­tif eu­ro­péen de sou­tien aux pays en dif­fi­cul­té.

Des défis im­menses

Avec un taux de chô­mage, qui culmi­nait à plus de 20 % au pre­mier tri­mestre, l’Es­pagne est le plus mau­vais élève de la classe dans la zone euro, mais aussi dans l’OCDE.

On voit mal, dès lors, com­ment la crois­sance (le FMI évoque à peine 1,5 % à 2 % sur le long terme) pour­rait ra­pi­de­ment venir au se­cours des au­to­ri­tés es­pa­gnoles.

Comme le ré­sume le fonds mo­né­taire in­ter­na­tio­nal, "les défis sont im­menses: un mar­ché de tra­vail en état de dys­fonc­tion­ne­ment, l’écla­te­ment de la bulle im­mo­bi­lière, un im­por­tant dé­fi­cit bud­gé­taire, un lourd en­det­te­ment du sec­teur privé […], une hausse de la pro­duc­ti­vi­té qua­si-in­exis­tante, une faible com­pé­ti­ti­vi­té et un sec­teur ban­caire pré­sen­tant des îlots de fai­blesse"."

jeudi 27 mai 2010

Les banques dans le bourbier

L'économiste N.Véron suggère dans un article que la crise de la dette grecque contient des relents de la crise financière. Les Etats européens auraient accepté d'intervenir pour ne pas compromettre leurs banques engagées fortement dans la dette hellène.. Et cela pour des raisons peu avouables de patriotisme économique. Il rejoint en cela David Thesmar qui dans Les Echos, introduisait la situation de la sorte :
Dans l’affaire grecque, l’épopée que nous racontent les communicants de l’Elysée ne manque pas de panache : parvenant à convaincre nos voisins allemands d’abandonner leur mesquinerie, notre vaillant gouvernement est venu à la rescousse d’un petit pays pris à la gorge par les spéculateurs et les agences de notation qui le jugent insolvable (les premiers par rapacité, les seconds par incompétence). En organisant la résistance de la zone Euro aux financiers voyous, notre président évite que l’incendie ne se propage à d’autres pays. Un bel exemple de volontarisme : on affirme le primat du politique sur les jeunes traders avides. Voilà du bon marketing politique.

Or, comme le signale N.Véron, "La crise européenne résulte de la confluence de trois défis majeurs. Un défi budgétaire : certains États ont mal géré leurs finances, sans que le pacte de stabilité y ait changé grand-chose. Un défi de compétitivité : dans plusieurs pays, croissance et bulles immobilières ont masqué des pertes de performance qui ne peuvent désormais être comblées que par des réformes structurelles douloureuses. Un défi bancaire, moins visible mais qui a été au coeur des événements spectaculaires du mois de mai.

Le rachat de Fortis prend une tout autre coloration et un goût amer.

Vous pouvez lire les articles de N.Véron, ici ou de Thesmar, par là.


Qui poursuit qui?

L'homme poursuit son jogging (un an après, No lo olvides)

mercredi 26 mai 2010

Mais des chansons spirituelles Voltigent parmi les groseilles.

Sur la route de Tervuren à Louvain, à la radio, il y avait ce samedi un concert. Je l'écoutais d'une oreille distraite, sauf les commentaires et les présentations, qui instructifs et riches d'anecdotes, attirent souvent mon attention. Soudain, je m'écris : "Mais, je connais cet air". Pour ma maigre culture musicale, c'est un bien grand exploit et presque une coïncidence d'ordre mystique. Il s'agit d'une pièce de Jean Sibelius.


Je crois que si j'étais producteur d'une émission de radio, j'utiliserais ce morceau comme générique d'entrée de mon programme. Ne sous-estimons pas son importance. Des émissions dont nous sommes les fidèles, nous nous imprégnons des musiques du générique. Ainsi je suis fou de Glenn Gould depuis que j'ai en tête sa variation qui ouvre l'émission de Finkielkraut et je ne savais pas que je fredonnais du Rachmaninov à l'écoute de l'émission Un jour dans l'histoire. On a remplacé les génériques par des jingles synthétiques et on s'est privé ainsi d'une manière de véhiculer la culture.

mardi 25 mai 2010

France culture

Grâce à l'outil Google Reader, il est possible de s'abonner aux podcast d'émissions et de pouvoir les écouter in situ. Cela permet d'éviter notamment de se promener sur le nouveau site de France culture qui décontenance. La station ne se cache plus dans sa volonté de ne devenir qu'un France Inter deux. On ne compte plus en effet les émissions qui collent à l'actualité im-médiate, qui se fendent de décryptage et du monde d'aujourd'hui. On cherche en peine des émissions qui placent le savoir, la connaissance, la Culture sur un piédestal. Je crois que la station souffre de l'entrisme d'animateur-producteurs qui l'utilisent comme tremplin pour des cieux mieux exposés.


Mémoires de guerre, W.Churchill


Un ami mien, connu tant pour la douceur de ces mœurs que la folie de ses cheveux, me remémorait un moment radiophonique partagé à quelques milliers de kilomètres de distance. Je l'en savais friand, mais je ne doutais pas que cette recommandation allait susciter l'enthousiasme qu'il me communiqua ce jour récent où la distance était effacée. J'en fus débonnairement reconnaissant. Il avait apprécié les émissions sur Churchill. Puis-je lui conseiller dans le semainier une émission du canal proposant la lecture des Mémoires de guerre de notre ami anglais, c'est ici. Téléchargez-le, balladodiffusez-le. Ecoutez-le dans votre jogging, en promenant le chien, en vous endormant, en masquant les bruits du voisin du dessus. Le Sir a aussi obtenu le prix nobel de littérature.

samedi 22 mai 2010

Bonne presse

Par une des chances que le joyeux destin veut miséricordieusement m'octroyer dans un élan de grande tape amicale de la main invisible, j'ai gagné un abonnement de deux mois au journal économique belge, L'écho. Depuis cinq jours que je trouve cette gazette couleur saumon dans ma boîte aux lettres, dès potron minets, je suis ravissement, je suis même joie. Cette lecture quotidienne, quoique chronophage, est tout à fait rassénérante ( du verbe, rassénérer deje, deje, voir la suite en chanson ici). Parfois, c'est exigeant, car je dois réfléchir pour saisir toutes les ficelles de la finance mondiale. Ainsi sur les Credit Default Swap ou sur les "crédits à nu". Plus utile, les pages consacrées aux prochaines élections résumant les trois dernières annés d'infernale vie politique belge. La stratégie du journal me paraît efficace et sensée. Le site se met à jour régulièrement et se nourrit de l'incessant roulement de l'actualité, tandis que le journal propose de nombreuses analyses. Il n'est pas trop épais, une petite équipe encadre la pubnlication, évitant la sensation de trop-plein du lecteur débordé. J'adhère.

mardi 18 mai 2010

L'autofiction des mamans


Aujourd'hui, Maman m'a encore fait un succulent repas, je suis repu. Elle me fait quelques doux reproches sur mon poids, mais nos sourires complices atténuent sa sévérité. Je l'écoute parler, elle élabore des théories fleuves dans une belle langue. De retour, ici, quelques jours, je vais me poser, bouquiner dans la librairie de Maman, me couler dans la morne province comme dans un bon bain, avant de retourner dans la capitale, le travail, les rencontres et Aurélien. Je dois lui dire, mais ce n'est pas le meilleur calcul. J'ai eu beau glisser des allusions, mais son aveuglement me convient. Je compte m'installer avec Aurélien, Maman peut ne pas le savoir, après tout. Elle risque de faire des scènes, les garçons avec les garçons. Je ne suis pas contre garder l'appartement de la côte, j'y pense aussi, bien sûr.

mercredi 12 mai 2010

La crise en Grèce

La crise financière n'en finit pas d'alimenter les gazettes et ce blog. Comme il était prévisible, la crise s'est muée en crise de la dette. Mais les ressorts ne sont pas toujours facile à comprendre.



J'ai trouvé cette intervention éclairante.

mardi 11 mai 2010

Alphaville

J'ai vu il y a quelques semaines Alphaville, un film de science-fiction tourné par Godard. C'est très bien. Exigeant et audacieux. Je dois lui rendre justice, la scène d'introduction est formidable, j'adore ce plan séquence parodique et maîtrisé, mais surtout la scène où l'héroïne récite un poème d'Eluard m'a renvoyé vers la poésie, qu'il en soit remercié. Je conseillerais à quiconque peu habitué à la poésie de l'écouter d'abord déclamer, on saisit mieux la beauté que lorsqu'on peut le lire.



Alphaville est une ville des planètes extérieures dans laquelle tout est réglé selon la logique. Des mots comme amour disparaissent du dictionnaire. L'agent secret Lemmy Caution est chargé de détruire l'ordinateur Alpha 60 qui régit la ville.

lundi 10 mai 2010

Paul Wittgenstein, le pianiste qui ne renonça jamais


L'itinéraire peu commun d'un "pianiste manchot" pour lequel ont composé Ravel ou Prokofiev.

À l'âge de 27 ans, le pianiste autrichien Paul Wittgenstein, frère de Ludwig, perd son bras droit à la guerre de 14 où il combat comme officier. D'une volonté de fer, il poursuit sa carrière de pianiste. De grands compositeurs comme Maurice Ravel, Richard Strauss, Sergueï Prokofiev, Benjamin Britten écrivent à son intention des concerts pour main gauche. Son interprétation à une seule main fait un triomphe.
De Vienne à New York, le réalisateur part sur les traces de l'artiste. Il rencontre des membres de sa famille, des musicologues, des témoins d'époque et des historiens. Ainsi que d'autres "pianistes manchots", qui voient en Wittgenstein un précurseur et un modèle. Des œuvres de piano pour main gauche, genre que le musicien a su créer grâce à ces commandes, constituent la bande son du film.

Ce soir à la télévision.

samedi 8 mai 2010

No lo olvides

Quand les ouvriers de Turin et de Milan commenceront aussi à lutter pour une réelle démocratisation de cet appareil fasciste qu'est la télé, on pourra réellement commencer à espérer. Mais tant que tous, bourgeois et ouvriers, s'amasseront devant le téléviseur pour se laisser humilier de cette façon, il ne nous restera que l'impuissance du désespoir.
Pier Paulo Pasolini (1972)


vendredi 7 mai 2010

Boulevard sans mouvement ni commerce

-Boulevart sans mouvement ni commerce
Muet tout drame et toute comédie,
Réunions des scènes infinies,
je te connais et t'admire en silence.

Qui rêve en haut, jauni par le vitrail livide

Phototographie de Von Gibus, toute reproduction sans autorisation se soumet à des attaques pénales implacables et féroces

L'Eglise Notre-Dame du Finistère surplombe la rue commerciale, fièrement, sans que personne n'y fasse trop attention, son carillon ne produit plus le tintamarre qui ameute les fidèles, les bruits de la rue neuve couvre l'appel du battant. En bas, les gens se pressent dans les tourniquets soufflants.

jeudi 6 mai 2010

La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux

J'ai découvert ce site. Il fournit des liens vers des œuvres lues, poèmes, livres ou textes que l'on peut télécharger et balladodiffuser. La liste des auteurs est longue et les instigateurs de cette heureuse initiative débordent de générosité. Comme je lis de la poésie en ce moment, je me suis approprié des poèmes lues de Rimbaud et Jammes. Écouter Le bateau ivre en achetant un sandwich à une caisse automatique est ce que l'on pourrait nommer une expérience moderne. Francis Jammes se prête très bien à ce moment. Nietszche, moins. C'est un étalon de mesure commode de la modernité d'un littérateur. En revanche, j'ai fait preuve de trop de gourmandise en téléchargement deux chapitres de l'éducation sentimentale, mais je suis projeté sur le bateau et me suis rémémoré quelques souvenirs de lectures point désagréables. Flaubert, anti-moderne.

Je m'imagine bien sur le canapé de ma terrasse, un soir avant le week end de l'employé, somnolant dans la douce chaleur du printemps, me concentrant sur quelques poèmes et pourquoi pas fumant un cigare. Peut-être cela se prête aussi bien à la conduite sur l'autoroute, la promenade du chien, le repassage, un voyage en transport en commun, la descente des poubelles.

lundi 3 mai 2010

Pensée des Jardins

photographie de von Gibus

J’aime ce qui est nacré, ce qui est phosphores­cent comme un jardin d'Avril. Ce qui fait la grâce des premières journées de Printemps, ce sont les arbres fleuris encore que la feuille y manque. Elles sont des jeunes filles toutes nues dont le chignon n'est pas encore défait.
Francis Jammes, Pensée des Jardins

Un meilleur format sous ce lien : ici