mercredi 26 novembre 2008

Sur Le Portement de Croix de Bruegel

Peinte en 1564, le portement de la croix est une toile singulière, où parmi cinq cent personnages, se joue la passion du Christ.



Suite à l'adoption de la Réforme dans la ville d'Anvers, les tuniques rouges, des mercenaires cruels, sont envoyés par les haut représentants de l'empire espagnol pour persécuter les hérétiques. C'est dans ce contexte que Bruegel l'aîné lie deux sujets, l'un métaphysique, l'autre historique, lui faisant valoir plus que jamais l'appellation de "Shakespeare des Flandres". Bruegel dissimule le Christ au milieu d'une foule qui se dirige vers le lieu de l'exécution tout en jouant, se chamaillant et conversant comme si elle allait à un spectacle populaire. Quatre questions intriguent l'observateur : Pourquoi le Christ est-il si bien caché? Pourquoi les femmes et Saint Jean sont peints au premier plan dan un style différent? Pourquoi le moulin est-il si haut perché sur le rocher? Pourquoi les troupes qui emmènent le Christ vers le Golgotha sont-ils guidés par la bannière des Habsbourg?

Le critique d'art Michaël Gibson livre lors d'une conférence quelques passionnantes explications (lien).

Sur ce site, il est possible de voir des morceaux de la toile témoignant de l'extrême minutie du peintre.

mardi 25 novembre 2008

Notre jeunesse


L'an passé, j'ai eu la chance de découvrir Coetzee un auteur sud-africain, récompensé par le prix Nobel de littérature. Son livre Disgrace est un roman saisissant, profondément marquant, âpre et beau, dont je recommande la lecture autant que je le peux. Je me suis toujours demandé si un tel chef d'œuvre pouvait être porté par une voix française dans un contexte qui trouve quelques similitudes pour peu qu'on veuille bien les voir. Je pense en parallèle que l'écrivain dont notre époque a besoin serait une sorte d'"Orwell grinçant ou insolent" tant nous sommes enserrés dans un politiquement correct procédurier et inquisiteur (Connaissez-vous la Halde?). Sur internet existent des témoignages effroyables de ce qui se passe en France qui fournissent des documents incontestables de notre disgrace. Je vous imagine honnêtes et vous prie de parcourir ce lien (ici). Nous ne pourrons déménager éternellement.

Jusqu'à quel point notre génération baissera la tête? En attendant l'écrivain qui nous réveillera de notre torpeur...
Il y a là, messieurs, un rôle historique à prendre.

dimanche 23 novembre 2008

Célimare, le bien-aimé

Célimare, riche rentier de quarante-sept années, est sur le point de se marier avec Emma, une douce et juvénile fine fleur de dix-huit ans. Ainsi il compte bien mettre fin à une existence volage faite d'intrigues et d'aventures avec des femmes mariées, dont il a toujours choyé les maris pour pouvoir approcher facilement les conquêtes. Mais lorsqu'il s'agira de mener une vie rangée, il sera bien difficile de se débarrasser de ces amis encombrants charriant avec eux un passé plein de secrets inavouables qu'il faudra cacher pour ne mécontenter personne.

Cette pièce de Labiche est un vaudeville chanté, une très amusante comédie de mœurs jouée au théâtre du Parc. Le spectateur passera sur quelques petits bafouillages dans le texte pour ne retenir que la joie de jouer des acteurs et l'esprit quasi délirant de l'écriture.

mardi 11 novembre 2008

Schild en vriend

"Ecu et ami" : cri de guerre des Brugeois en révolte contre Philippe le Bel en 1302 lors des célèbres "Mâtines brugeoises". La tradition veut que les révoltés aient obligé tout inconnu à prononcer ce cri de guerre, afin de reconnaître les Français à leur accent (notamment en raison de leur inaptitude à prononcer le ch guttural flamand).

vendredi 7 novembre 2008

Main basse sur les médias

La réalité étant ce qu'elle est : compliquée, vous n'aurez pas toujours à vos côtés un Alexandre Adler pour vous narrer les soubassements du pourquoi du comment, un Jacques Attali pour vous prédire le futur et un Emmanuel Todd pour vous l'avoir bien dit et bien prévenu, heureusement que patrouille la blogosphère, qui s'est autoconfiée l'auguste mission quasi-zoophile de lever les lièvres. C'est ce que je vais faire de ce pas pressé, non par plaisir pervers, mais par devoir, je vais donc débusquer des complots, jeter une lumière crue et insupportable sur des agissements de l'ombre. Ces derniers mois, saignée par l'interminable crise sur le gâteau, le monde de la presse, après les États généraux, a décidé de prendre les mesures indispensables à sa survie. On s'est donc activement remué dans les couloirs mais toujours dans le secret d'alcôve et le silence des échotiers, toujours prompts pourtant au nombrilisme et à l'auto-satisfaction de ses grandes manœuvres. Que s'est-il passé? Un des plus puissants et redoutés journal, j'ai nommé la dernière heure-les sports (la vénérable "dh"), qui doit son prestige, sa solidité, sa réputation aux faits divers les plus sordides, qu'elle raconte avec poésie et objectivité mêlant déontologie et style, s'est appropriée tous les journaux francophones. Sans le dire, -la presse est modeste-, nous avons donc le soir-les sports mais aussi le figamonde-les sports (né d'une triple fusion que votre perspicacité aura deviné). Le dernier en date : Libération-Les sports, j'en détiens la preuve formelle. Un article sur les mœurs cavalières d'un patron de station radiophonique avec tous les détails affriolants qui satisfont d'ordinaire la curiosité des amateurs de gazettes à scandale et qui se trouve désormais étalé sur les étagères de nos plus brillantes universités. C'est par . Il manque le flegme des plumitifs expérimentés de la dh ainsi que l'ironie mordante des commentateurs, mais on ne s'improvise pas maître de l'information comme cela.

mercredi 5 novembre 2008

Lendemains de liesse et à-propos

J'ai un peu honte de reprendre mot pour mot l' intervention d'un dénommé jmarc, d'un forum qui plus est, mais elle me semble particulièrement avisée au lendemain de liesse qui convulsionne les ravis du spectacle.
Par ailleurs, vous pouvez lire toutes les interventions de causeur.fr sur le sujet.

J'ai passé la nuit à suivre, par la toile, la soirée (nuit) électorale à la fois sur ABC, CNN... et la télévision française.


Tout cela m'a confirmé dans plusieurs de mes impressions :

- la nullité des journalistes français, qui ne connaissent rien à l'Amérique, et qui voient en M. Obama une sorte de Besancenot qui aurait réussi ;

- l'extrême dignité et la très grande correction de M. McCain ;

- l'habilité des états-majors politiques des deux grands partis, et l'efficacité redoutable des "tickets" (le site de CNN permettait d'avoir le vote comté par comté, et cela m'a permis d'observer que M. Biden et Mme Palin ont accompli leur mission : l'un "fixer" l'électorat "blue collar", l'autre mobiliser l'électorat conservateur, alors que les deux "hopefuls" étaient sans doute un peu trop centristes) ;

- la fermeté de M. Obama, et j'attends avec impatience que les journalistes français découvrent qu'il n'est pas de gauche.



La saint Charles

Hier, vous l'ignoriez peut-être mais nous fûmes le jour de célébration de la Saint Charles Borromée. C'est ce haut dignitaire de la vie catholique*, il fut archevêque de Milan en 1550, qui prêta son saint nom à la KarlKirche de Vienne, remarquable et considérable église que tout touriste digne de ce nom visite et admire puis en fait, comme moi, un fidèle fond d'écran ou alors à la non moins fameuse chapelle St Charles Borromée situé à St-pol de Léon.
Jadis, on célébrait davantage le jour du saint avec qui on partage le nom que son propre anniversaire. bonne fête donc à tous les Charles sans oublier les Borromée, à qui on a une petite pensée, et courte, vu qu'ils ne doivent pas être très nombreux.


*Une courte biographie : ici

lundi 3 novembre 2008

Encart à caractère publicitaire

Il m'arrive de faire de modestes contributions pour un site communautaire rassemblant les supporters d'une équipe de football de l'est de la France où je fis mes quartiers (en tant que suiveur). C'est por aqui et d'un intérêt tout relatif et déclinant. Je nous rappelle que nous sommes en temps de fiasco financier.

dimanche 2 novembre 2008

A propos de Don Quichotte

Benoît XVI, «Teoría de los principios teológicos», publié en Espagne par Herder, "Théorie des Principes religieux", à propos de Don Quichotte :

Don Quichotte commence comme une bouffonade, une sorte de plaisanterie amère qui n’est pas du simple ressort de la fantaisie ou de la littérature. L’auto-da-fé que commettent le curé et le barbier, au chapitre VI, avec les livres du pauvre hidalgo ont un air de réalisme absolu : ainsi est liquidé le monde médiéval et la porte se referme irrémédiablement sur le passé. Par la figure de Don Quichotte, une ère nouvelle émerge… Le chevalier est devenu fou. Se réveillant des rêves d’antan, une nouvelle génération rencontre la vérité, nue, sans affectation. L’allègre espièglerie des premiers chapitres aboutit à une éclosion… Quelle noble folie dans celle de Don Quichotte qui élit une profession où la noblesse de la pensée, l’honnêteté de la parole, la libéralité des actes, la vaillance dans les réalisations, la patience dans le travail, la générosité avec les opprimés, et finalement le maintien de la vérité, bien qu’il lui en coûte la vie de la défendre ! La folie insensée se convertit en l’expression d’un cœur pur…
Brûler le passé, voici l’heure de la synthèse. Aujourd’hui, le noyau de la folie touche le niveau de la conscience, cela coïncide avec l’extraction de la bonté d’un monde dont le réalisme se trompe…
Il ne s’agit pas d’un retour au monde du temps de la chevalerie, mais de rester éveillés afin de ne jamais perdre de vue les dangers qui menacent les hommes quand, brûlant leur passé, ils perdent une part d’eux-mêmes …