samedi 28 février 2009

La gazette d'Almendralejo

Aux Etats-unis, le président Obama a prononcé pour la première fois un discours devant le congrès. Afin d'atténuer le sentiment d'anxiété que ces messages ont pu provoquer, il s'est évertué en exposant les lignes de son budget, à dégager une impression plus sereine de l'avenir. Dans le même temps, il semble enfin tenir son sécretaire d'état au commerce, en la personnage de Gary Locke, un américain d'origine asiatique. En Israël, c'est Benjamin Nethanyou qui a la lattitude de former un gouvernement comme il en a été désigné par le président d'Israël, S.Pérès, il essuya promptement un refus de la part de sa concurrente Livni, qui déclina pour des raisons imparablement idéologique un ministère de grande importance. Des troubles ont agité la ville de Ciudad Juàrez au Mexique, dès lors que l'autoritaire chef de la police a été poussé à la démission, contraint par le chantage de la pègre locale, qui réclamant son départ, tuait un policier tous les deux jours jusqu'à son départ. En Turquie, les programmes retransmettant des élocutions parlementaires ont été interrompus dans la mesure où un député kurde s'est adressé en langue kurde, alors que la loi l'interdit formellement.

vendredi 27 février 2009

DJ

Rob the Bank est un mix des Too many Dj's, élaboré pour une station de radio anglaise. Il brasse allègrement quatre-cent vingt chansons en une heure de temps. La liste -le tack-listing comme il est d'usage de dire dans le milieu, et une version téléchargeable peuvent se trouver sur cette page (ici exactement). Je donnerai mon avis ultérieurement.

mercredi 25 février 2009

Blow up


L'histoire du tournage de Blow-Up est particulièrement étonnante et reste peu connue. En effet Antonioni, réalisant un film à Londres, avait tenu à amener là-bas toute une équipe technique italienne, engendrant des frais de production considérables. Au bout du temps de tournage imparti, il s'entretient avec son producteur (et ami) Carlo Ponti, et lui fait valoir qu'il a besoin d'une rallonge de crédit pour terminer son film : il n'a en effet pas encore tourné la scène centrale notamment, celle du meurtre. Mais l'habitude d'Antonioni (commune à tous les cinéastes « à dépassement ») de ne jamais tourner au début les scènes importantes afin de faire pression sur le producteur le moment venu est bien connue de Carlo Ponti, qui cette fois ne cède pas. Antonioni doit rentrer en Italie, et envisager le montage du film sans certaines des scènes essentielles à la compréhension du spectateur.

mardi 24 février 2009

No lo olvides

Trois héros



En 1999, le magazine Time célébrait trois acteurs de premier plan qui auraient sauvé le monde, sans savoir que dix années plus tard ils allaient être au centre de toutes les condamnations. Cruelle ironie.
On leur impute aujourd'hui des décisions cataclysmiques qui ont encouragé la crise financière et économique. Qui sont ces trois dude? A notre droite, nous avons Larry Summers, regard un peu vide, absorbé dans son bleu pâle, double menton et la réputation de dire crûment ce qu'il pense ("Je pense que la logique économique qui veut que des masses de déchets toxiques soient déversées là où les salaires sont les plus faibles est imparable. » ou encore ces propos sur la faiblesse des femmes en mathématiques), rien n'arrête ce brillant économiste qui atteint le poste de secrétaire d'Etat au Trésor, poste qui lui était destiné, lui fils d'un couple d'économistes, neveu d'un ou deux prix nobel de la discipline (Samuelson et Arrow), un héritier qui n'a pas déçu, donc. L'homme a, sous son activité, promulgué l'abrogation du Glass-Steagall Act, loi votée en 1933, qui, tirant les leçons de la Crise, instaurait l'impossibilité de marier une banque de dépôts avec une banque d'investissement. En l'autorisant, pour faciliter à l'époque la naissance de Citigroup, Summers n'imaginait pas que ce diabolique mélange des genres allaient mettre le feu au poudre. Les banques d'investissment tapaient dans les fonds propres de la partie dépôt, pour alimenter leur machinerie financière. C'est ainsi que Northern Rock, respectable banque à papa, a été acculé à la faillite dans la même foulée que Bear Stearns, richissime banque d'investissement, disait adieu au royaume des vivants et de l'argent-roi. Il faut dire que l'argent coulait à flot, avant les scandales qui tétanisent le monde capitaliste, et s'il y en avait à ne plus savoir qu'en faire, on le doit à un homme, un génie déchu, Alan Greenspan. Alan Greenspan, l'iconoclaste, un mélange de Woody Allen et de Panoramix, que tout le monde célébrait, joueur de saxophone et amateur de belles-lettres, il était l'américain intellectuel et pragmatique que le monde enviait à l'Amérique, un Obama avant l'heure en quelque sorte. En tant que directeur de la FED et donc pilote de la politique monétaire de la première puissance du monde et donc du monde, il a maintenu artificiellement les taux d'intérêt à un niveau extrêmement bas pour pousser les agents économiques à la consommation. Devant un tel afflux de liquidités, les financiers ont inventé des instruments financiers (l'économiste Bouzou invoque Schumpeter pour parler des conséquences néfastes de l'innovation dans l'ingénierie financière) et mis au point le fameux "effet de levier" qui allait disséminer le risque en s'enrichissant par la dette. L'effet de levier faisait des miracles, des fusions-acquisitions gargantuesques, une croissance qui semblait infinie, le temps était au beau fixe, avant que la dette ne servit plus qu'à financer, faute de débouchés, des canaux insolvables. On aboutit pour l'heure à des bilans calamiteux et la crise du crédit. Enfin, à notre gauche, Robert E. Rubin, des faux airs d'Attali grisonnant, est voué aux gémonies, (nommé parmi les 10 personnalités les moins éthiques du business par Marketwatch), une sorte d'Hiltler de la finance, parce qu'il participe activement en tant que consultant grassement rémunéré à la déconfiture de Citigroup, importante banque américaine.
Mesdames, Messieurs, les héros d'hier sont les bouc-émissaires d'aujourd'hui.

dimanche 22 février 2009

Pour l'amusement des lecteurs oisifs

En consultant la page internet d'une émission de radio dont je ne suis plus l'assidu, m'a été proposé de prendre connaissance de l'existence d'un livre de Simon Leys, Les idées des autres : Pour l'amusement des lecteurs oisifs. Je me suis souvent dit que je devrais lire Simon Leys et que je ne serais pas déçu. J'ai donc tapé le loyal Google pour avoir quelques informations sur le livre dont l'éditeur fit une présentation commercialement alléchante, puis tout naturellement céder à ma pulsion d'achat frénétique à coups de clics. Puis, je suis accidentellement tombé, hasard de la navigation virtuelle, sur une communication de Simon Leys pour le moins accrocheuse : il est question de Don Quichotte et du statut de classique, dont on oublie originellement que pour la plus part d'entre eux ils étaient produits afin de permettre à leur auteur de gagner beaucoup d'argent. Et que, incidemment, je me suis souvent surpris à rire à la lecture d'œuvres nimbées pourtant du plus sérieux, du plus solennel et du plus suprême respect. Mais n'en dévoilons pas davantage et allons lire ce texte qui parle de Cervantès, le génie et le pathétique par ici
Il commence en ces termes :

L’Imitation de notre seigneur Don Quichotte : Cervantès et quelques-uns de ses critiques modernes

Quand, dans une discussion, on traite quelqu’un de Don Quichotte, c’est toujours avec une intention insultante — ce qui m’étonne. En réalité, il me semble que l’on ne saurait imaginer de plus beau compliment. À voir la façon dont beaucoup de gens invoquent le nom de Don Quichotte, on pourrait croire qu’ils n’ont pas lu le livre. Et d’ailleurs c’est souvent le cas. Il serait amusant de faire une petite enquête à ce sujet : qui a lu Don Quichotte? Les résultats seraient sans doute assez surprenants, mais la question risquerait aussi d’embarrasser pas mal de monde, car beaucoup d’hommes éduqués ont cette curieuse notion qu’il existerait un certain nombre de livres qu’il faut avoir lus, et il leur paraîtrait donc honteux de devoir admettre qu’ils ont manqué à cette obligation culturelle. Je vous avoue que je ne partage pas cette vue. Il me semble que l’on ne devrait lire que pour le plaisir. Mais, bien sûr, je ne parle ici que de littérature pure, et non de la littérature scientifique que les universitaires et les membres des professions libérales sont naturellement tenus de maîtriser pour s’acquitter avec compétence de leurs devoirs professionnels. Il est tout normal, par exemple, que vous attendiez de votre médecin qu’il ait étudié divers traités d’anatomie et de pathologie, mais il serait sans doute abusif d’exiger de lui qu’il ait également lu les nouvelles complètes de Tchékhov. (Quoique, quand on y songe, s’il me fallait choisir entre deux docteurs dont les qualifications médicales seraient par ailleurs égales, je croie bien que je me fierais plutôt à celui qui lit Tchékhov.) la suite por aqui

samedi 21 février 2009

La gazette d'Almendralejo

Au Vénézuela, les résultats du référendum ont couronné de succès l'initiative du président Chavez. Désormais, selon la volonté du peuple, le nombre des mandats n'est plus limité à deux, le président Chavez, au pouvoir depuis dix ans, a d'ors et déjà annoncé qu'il se représenterait en 2012, tant il est vrai que l'édification du socialisme intégral et la révolution bolivarienne ne se font pas en un jour. Notons en parallèle que le président Sarkozy, a lui fait passé l'an passé une résolution constitutionnelle qui limite le nombre des mandats présidentiels à deux. Ce dernier se heurte pour l'heure aux violences qui ponctuent un mois de grève général en Guadeloupe, les habitants de ce lieu-dit "territoire d'outre-mer" exige une hausse du salaire minimum et se plaignent de la spoliation de leurs biens par des propriétaires exclusivement blanc. Pendant ce temps, les marchés financiers sont secoués par les mauvaises nouvelles qui proviennent d'Europe de l'est, l'Ukraine ne peut plus tenir ses engagements auprès du FMI, tandis que la monnaie polonaise inquiète tout comme les prévisions macroéconomiques sur l'économie russe. Au Zimbabwe, le nouveau premier ministre, Morgan Tsvangirai a proposé que le paiement des émoluments des fonctionnaires soit fait en une devise étrangère, ce qui laisse les gouvernements occidentaux sceptiques quant à sa possibilité. Le Roi Abdallah d'Arabie Saoudite a rebâti de fond en comble son gouvernement, faisant place nette aux factions réformistes, mettant au ban les éléments les plus réactionnaires, il est même allé jusqu'à nommer une femme ministre de l'éducation des femmes dans un pays où les femmes n'ont pas le droit de conduire. Le ministre des Affaires étrangères des Etats-Unis, Hillary Clinton a entamé son premier voyage à l'étranger, elle a symboliquement choisi les pays d'Asie, allant jusqu'à demander au premier ministre japonais l'honneur d'être le premier hôte étranger de la Maison Blanche. Cela constitue un premier faisceau d'indices sur la détermination nouvelle de la diplomatie étatsunienne de promouvoir l'Asie comme partenaire stratégique de la doctrine multilatéraliste qui s'annonce. Le Pakistan a établi des concessions aux forces islamistes rebelles en permettant l'institution de la charia, la loi islamique, dans la région du Swat, au nord-est du pays à la frontière de l'Inde. Le créateur d'une chaîne de télévision câblée qui se donne pour mission d'établir des ponts entre la communauté musulmane et le reste de la société américaine, est inculpé pour avoir décapité sa femme, qui avait lancé l'instruction d'une procédure de divorce. Les associations féministes de Buffalo dénonce un crime d'honneur.

Pakistan, avant la crise

Almendralejo-Kalam (Pakistan): 6784 km

source :
De très belles photos de la vallée du Swat, au nord-est du Pakistan, des montagnes pareilles aux rocheuses du Canda (paraît-il)

vendredi 20 février 2009

Guide des impressions - sur la crise financière



Plusieurs points intéressants comme souvent avec le professeur Aglietta. On notera dans son explication sur le mécanisme du marché immobilier qui est à l'œuvre, un cas d'école de la théorie de la déflation par la dette développée par Irving Fisher.

Doit-on s'inquiéter?
Mon sentiment de la semaine est que oui, nous devrions nous inquiéter.
A la lecture des points de vue d'Eric le Boucher, Dominique Strauss-Kahn et Christian Saint-Etienne (qui prévoit même l'implosion de l'Euro), je me fais à l'idée que nous n'échapperons pas à un choc, né d'une seconde vague. Les crédits de bonne qualité deviendront sous l'effet de la contraction de l'activité des actifs toxiques disséminés dans des titres réparties dans les actifs des banques. Même si le monde croule sous la liquidité, les banques ne prêteront pas (credit crunch et crise de confiance) et les investisseurs eux seront trop endettés. Sale temps.

mercredi 18 février 2009

Faites entrer AccusaMan



En guise de protestation, je me suis mis en congé temporairement de mon émission d'investigation préférée : Faites entrer AccusaMan. Certains flâneurs sur ce blog l'auront remarqué et auront bien compris qu'à ce penchant voyeuriste et sordide, je fasse protestation. Cependant, toutes les bonnes choses ont une fin et je me suis replongé dans les frissons du mardi, puisque dans les griffes de la nuit, j'ai regardé d'un œil à peine voilé par mes doigts crispés quoiqu'entrouverts cette émission qui nous rend fier de payer des impôts et que le monde entier devrait nous envier: Let Accusaman in.

De quoi, bienveillant liseur, était-il question?

Une fois encore, l'épisode du soir (Ndb:10/2) nous conduisait dans la France profonde, dans ses entrailles, puisque nous allions dans les Vosges, ce département méconnu et qui évoquent pour moi le nom des vieux hôtels des années cinquante situés à proximité des gares, car il était courant, en Alsace du moins, que les habitants partaient en vacances dans ce coin doucement forestier, comme le dit la maxime.

Nous sommes au début des années 1984, les années Reagan, Orwell et Attali. Un petit garçon qui ne connaîtra pas la rap, le lycée technique et le Président Chirac est retrouvé emmitouflé, ligoté et noyé dans la rivière qui coulait sous les ponts de Bruyères et de Docelle, la Vologne. Un "corbeau", qui harcelait depuis des années de lettres féroces le jeune couple propriétaire de l'enfant, s'invite dans la psychose en téléphonant vingt minutes avant la découverte du corps et en envoyant une lettre vengeresse le lendemain.
Nous sommes dans les fonds de vallée des Vosges, où comme le dit l'historien, les haines sont tenaces parmi ces gens durs au labeur et accrochés à leur terre. Le père suscite les jalousies, un peu moins maintenant. Les photographies sont belles, plus vraies que nature, elles donnent chair au fait divers, les journalistes accourent, la tragédie familiale devient un drame national.

Elle s'appelle Muriel, une lointaine cousine du village d'à côté."Une peute" comme on dit par ici. Elle a quatorze ans, elle deviendra la sorcière de la vallée. Dénonçant son beau-frère, elle se rétracte le lendemain. Elle l'a condamné. En effet, bien qu'acquitté, il sera tué par le père de l'enfant, persuadé de sa culpabilité.
Le petit juge, les journalistes surchauffés jusqu'au délire, les familles des victimes ont vite éclipsé la mémoire du défunt. C'est un théâtre macabre qui inquiète le pays, jusqu'à ce que l'impensable se produit. On inculpe la mère pour l'infanticide. La mécanique est enrayée, tout devient possible dans les supputations les plus folles. On ne connaîtra jamais le coupable, qui a tué en plein jour comme on crève un pneu.


mardi 17 février 2009

Le protectionnisme en question


La semaine dernière, l'hebdomadaire anglais, the economist, affichait sur une de ses plus laides couvertures, sa hantise du retour du protectionnisme économique. De fait, le journal n'a jamais caché ses penchants libéraux (ou ultranéolibéraux selon les terminologies). Alors que les banques sont recapitalisées en toute hâte par les Etats, force est de constater que tous se sont mis d'accord de la nécessité -du moins provisoire, de l'acteur étatique d'intervenir dans la bonne marche de l'économie. En pareil cas, le "spectre" du protectionnisme refait surface, comme l'atteste la mention du "Buy America" dans le plan de stimulation présenté au Sénat américain. "Spectre", le mot est un peu forcé, car l'éditorial de la semaine ne convainc guère sur la nocivité de la doctrine. On peut devant l'irresponsabilité, la rapacité, la vénalité dont on fait preuve les agents économiques mondialisés affirmer une manoeuvre responsable, solidaire (contre les délocalisations) et original face à l'épandage de la camelote uniforme. Les echos proposait une tribune intitulée "il n'y a pas de bon protectionnisme". Martin du guiers, le von Gibus du monde papier a rétorqué ceci :

Je partage votre sentiment. Le protectionnisme est un repli sur soi inefficace à long terme, de surcroît, la France n'a pas à rougir de ses atouts dans la compétition internationale. Néanmoins, je ne souhaite pas que les ennemis du protectionnisme s'appuient sur des aspects moraux, tels qu'on peut le lire dans cet article sous ces phrases "encourageant les penchants les plus sordides et les moins avouables de la nature humaine". La mondialisation a révélé la rapacité et la malveillance de ceux qui se débarrassaient de toute responsabilité, on peut arguer dans le sens du protectionnisme d'un principe de solidarité et de mesure.


La protectionnisme comme retour du politique?

Je me suis enfin procuré l'ouvrage d'aglietta, qui semble facile et rapide à lire. Mais avec ma proverbiale lenteur, on ne sait si je serais en mesure de proposer un résumé avant la prochaine crise.


vendredi 13 février 2009

A propos de "Tout sur ma mère"

J'ai revu Tout sur ma mère, que j'avais vu pour la première fois il y a dix ans et que je n'avais pas aimé. Les cordes de ma sensibilité adolescente d'alors ne s'accordaient pas avec une vision de la misère magique. Je n'y croyais pas aux prostituées posant parmi les honnêtes génies. Simplement conditionné par mon époque, je ne goûtais alors qu'au réalisme social qui allait accoucher du succès des frères Dardenne et que je considérais comme l'intégrité initiale à toute démarche artistique. Je me trompais bien évidemment. Cette prétendue intégrité n'est d'ailleurs qu'une vision artificielle de la réalité, je m'en rends bien compte avec toutes les déformations du politiquement correct qui sévissent dans tous les films "criant de vérité", criant de vérité pour toutes ces personnes qui ne savent relater correctement un simple fait divers et qu'on appelle journaliste. Puis, je m'apercevais bien en voyant ce film qu'un artiste a tout à fait le droit de créer une esthétique, une vision magnifiée, un univers, c'est même le minimum qu'on lui demande. Un pan de mes illusions venait de s'effondrer, je peux dire j'ai compris. Il est d'ailleurs tout à fait intéressant de noter que l'académisme officiel qui a cours a progressivement abandonné ou marginalisé le réalisme social, un peu sinistre, pour des œuvres autocentrés et plus nombrilistes - il y a qu'en France, on fait des films après la digestion-, comme si les cris de "la vérité criante de vérité" insupportaient nos fines âmes -il y a qu'en France on baisse la tête. Pour en revenir au film espagnol, c'est, force de le reconnaître dix ans plus tard, du bon travail, émouvant et bien construit. Je crois que le titre évoque le fait que la mère d'un jeune défunt en voulant revenir sur son passé en son hommage joue la pièce que son fils lui aurait écrit en son honneur.


mardi 10 février 2009

Les mots valise se font la malle

Nouveau mot dans le blogos, ce concept qui a fait entrer l'homme et la démocratie dans une ère nouvelle, tout en désirs d'avenir et en intelligence collective. J'ai nommé La blogorhée. C'est une sorte de clavardage oiseux et intempestif, un besoin irrésistible de blogguer qui demeure être un acte de résistance et de vigilance citoyenne.

samedi 7 février 2009

Darwin et le bouleversement du monde, Répliques

Je ne pensais pas qu'un jour je devrais m'intéresser aux différentes polémiques liées à l'œuvre de Charles Darwin. Mais rattrapé par l'ère du temps, l'intempestif Zeitgeist, ses immédiates mondanités et l'agenda Finkielkrautien, j'ai cédé aux sirènes commémoratives, je me suis mis à la page des hommages, ceux du deux-centième anniversaire de Darwin et du cent cinquantième de son livre, L'origine des espèces*. L'émission de la semaine, difficile et passionnante, se consacrait au livre du médecin Jean-Claude Ameisen, Dans la lumière et les ombres : Darwin et le bouleversement du monde, dont l'auteur en conversation avec la philosophe Elisabeth de Fontenay revenait sur le cas Darwin.

"La blessure infligée au narcissisme humain", cette vexation qui se lie à la vexation cosmologique (Copernic) et psychologique (Freud) trouve encore des résistances à notre époque, qui voit fleurir des objections fortes aux théories de l'évolution reconnue pourtant par l'Église Romaine. L'homme, vue comme "une émergence tardive, aveugle et contingente", contredit une vision créationniste obsédée par l'idée d'une intention de Dieu ("Dieu crée l'homme à son image", la Génèse). Elisabeth de Fontenay souligne justement que le choc de la révélation darwinienne fut de mettre fin à la croyance téléologique de l'homme comme une finalité. En étant le fruit provisoire de l'évolution, l'homme peut se réduire au jalon d'un projet inabouti, si bien qu'on peut nier à l'humain son libre-arbitre, la liberté, "l'homme prisonnier de ce qui l'a donné naissance". Le débat, un peu académique, s'est attaché à comprendre comment dans un monde de connaissances influencé par les idées de Darwin, (la biologie, les sciences cognitives et même sociologie (darwinisme social)) penser philosophiquement la signification de l'humain et son éthique, afin que, pour contredire Spinoza, du "prescriptif dérive le descriptif".


*
“On the Origin of Species by Means of Natural Selection, or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life” est son titre véritable.

L'émission Répliques en écoute pour un mois : ici

Un article assez complet dans la revue de référence explique ce que les idées de Darwin doivent au temps "By the beginning of the 19th century, the idea of evolution was in the air", que l'histoire des idées auraient pu retenir Alfred Russell Wallace, Lamarck ou William Charles Wells et que Darwin a une dette envers Malthus.

vendredi 6 février 2009

Alexandre Adler a eu raison

Nombreux sont parmi vous qui raillez ma bienveillante et aveugle admiration pour Alexandre Adler, je n'en ai cure. Rares sont, il est vrai, les motifs de réjouissance, de fanfariole* ou de ces instants en bandoulière où je fais plastron. Ces dernières années, il fallait être solidement accroché à son adlerophilie (qui n'est pas le porté d'Adler) et je le fus. Mais cette semaine, nasillards coquins, je suis récompensé de mon opiniâtreté de marin breton, de mon sisu alsaco-flamand, Adler a eu raison. Lors des conférences de Davos, qui n'est que la pâle copie suisse des fora altermondialistes et tropicaux, j'en conviens, il a été reconnu qu'Alan Greenspan, l'ancien directeur de la Réserve fédérale américaine, a fait des erreurs intellectuelles, notamment sur sa politique du crédit, dont nous mesurons les conséquences aujourd'hui et demain. A l'inverse, le tant moqué, le tant critiqué, Jean-Claude Trichet, intransigeant à la limite du rigorisme, est désormais et bien tardivement célébré. Je glisse entre parenthèse qu'Alain Madelin s'est une nouvelle fois trompé, comme souvent et comme tant d'autre. Alexandre Adler a souvent vanté le courage de Trichet et pas seulement par une amitié partagée et suspecte pour Chirac, il l'a nommé "homme de l'année", je m'en souviens, au moment où le directeur de la Banque Centrale fut vilipendé par ses confrères économistes, plus faux-frères que confrères. Comme souvent, Alexandre A. a eu le nez creux et pour une fois, les événements se sont conformés à la vérité, la vérité sort toujours de la bouche d'Adler, c'est la réalité qui divague.

*fanfariole : mélange de fanfaronnade et de gloriole

jeudi 5 février 2009

Guide des impressions

"Ils restent là sans bouger et ils rient, dit-il en son cœur : ils ne me comprennent pas, je ne suis pas la bouche qui sied à ces oreilles." A.p.Z, Niet., p.38


source

Une mine à exploiter

On devrait écouter plus souvent ce qui se dit dans les fora de Davos. Dans un article qui résumait les idées qui ont germées sur un parterre fleui de maîtres du monde, les journalistes des Echos ont glissé dans le nouveau lexique, des mots d'un effrayant cynisme. La notion qui commence à faire fleurs est celle de « Crowdsourcing », voici la manière dont il nous l'est expliqué: " faire faire un travail gratuitement par une foule de gens n'appartenant pas à l'entreprise. Exemple : un programme informatique, une encyclopédie sur Internet. Mine à exploiter." Un peu comme lorsque M.Didier Goux voyait les textes de son blog repompé par une publication hebdomadaire, un peu comme ce qui est exposé ici par un dénommé Chictype. On nous parlera partage du travail, solidarité, valeurs libertaire, intelligence collective, universalité. Je ne crois pas qu'à Belem, où on nous peinturlure un monde meilleur dans des combats d'arrière-garde, on ait pleinement conscience de cette régression sociale (j'ose le mot) où le travailleur est privé de la récompense de son salaire. Ces dernières années, est monté en moi une méfiance pour les entrepreneurs, dont je respecte pourtant la perspicacité, la maîtrise de l'engagement et de l'idée, j'ai de moins en moins envie de les croire, surtout lorsqu'en 2009, ils insistent sur l'éthique et expulsent de leurs cerveaux avides, fièvreusement avides des "mines à exploiter" telles que le crowdsourcing.

mercredi 4 février 2009

Qui avait intérêt à salir la réputation du Pape ?

Je reproduis ici une lettre de l'évêque de Clermont-Ferrand qui apporte un éclairage bienvenu sur la récente polémique dont souffre l'Église catholique.

Lettre ouverte à ceux qui veulent bien réfléchir...

Je ne sais pas si je suis en colère ou si je suis malheureux : la vérité tient sans doute des deux. Mais trop, c’est trop, alors je dis : ça suffit ! Le déchaînement médiatique contre le Pape Benoît XVI, qui aurait réintégré quatre évêques intégristes, dont un négationniste avéré, ne relève pas de la critique, mais de la calomnie et de la désinformation. Car, quoi que l’on pense des décisions du Pape, il faut dire, répéter et souligner que ces quatre évêques n’ont pas été réintégrés. Et donc, Mgr Williamson, dont les propos tenus à la télévision suédoise sont effectivement intolérables, n’est toujours pas revenu au sein de l’Eglise catholique et il ne relève toujours pas de l’autorité du Pape. Les informations qui parlent de réintégration reposent sur une confusion grave entre levée des excommunications et réintégration à part entière.

J’accorde volontiers mon indulgence à tous les journalistes et à tous les commentateurs qui ont pu confondre, de bonne foi, la levée de l’excommunication et la réintégration pure et simple. Les catégories utilisées par l’Eglise peuvent prêter à équivoque pour le grand public. Mais la vérité oblige à dire que, selon le Droit de l’Eglise, ce n’est pas du tout la même chose. Si on confond les plans on devient victime de simplifications qui ne profitent qu’à ceux qui veulent faire de la provocation. Et on se fait complice, involontairement, de ces derniers. De façon habituelle, le grand public est en droit d’exiger d’un journaliste sportif qu’il sache distinguer, par exemple, entre un corner et un essai. Pourquoi l’Eglise n’aurait-elle pas le droit d’avoir aussi son vocabulaire « technique » et pourquoi devrait-on tolérer des approximations aussi graves simplement sous prétexte qu’il s’agit de religion ?

Reprenons donc exactement ce qui s’est passé. Suite à l’élection du Pape Benoît XVI, en Avril 2005, les évêques de la Fraternité Saint-Pie-X, fondée il y a plus de trente ans par Mgr Lefebvre, ont demandé à reprendre le dialogue avec Rome, mais ils avaient mis deux préalables : premièrement, la libéralisation du Missel de 1962, ce qui a été fait par le motu proprio, en juillet 2007 et, deuxièmement, la levée des excommunications.

Que signifie la levée des excommunications ? Pour prendre une comparaison familière, je dirai ceci : quand Mgr Lefebvre est sorti, c’est-à-dire quand il a désobéi en ordonnant quatre évêques malgré l’avis formel du Pape, c’est comme s’il y avait eu, automatiquement, une barrière qui était tombée et un feu qui s’était mis au rouge pour dire qu’il était sorti. Cela voulait dire que si, un jour, il voulait rentrer, il faudrait qu’il fasse d’abord amende honorable. Mgr Lefebvre est mort. Paix à son âme ! Aujourd’hui, ses successeurs, vingt ans après, disent au Pape : « Nous sommes prêts à reprendre le dialogue, mais il faut un geste symbolique de votre part. Levez la barrière et mettez le feu au clignotant orange ! » Le Pape, pour mettre toutes les chances du côté du dialogue, a donc levé la barrière et a mis le feu au clignotant orange. Reste à savoir maintenant si ceux qui demandent à rentrer vont le faire. Est-ce qu’ils vont rentrer tous ? Quand ? Dans quelles conditions ? On ne sait pas. Comme le dit le cardinal Giovanni Battista Re [préfet de la Congrégation des évêques], dans son décret officiel : « il s’agit de stabiliser les conditions du dialogue ». Peut-être que le Pape, dans un délai que nous ne connaissons pas, leur donnera un statut canonique. Mais pour l’instant, ce n’est pas fait. Le préalable au dialogue est levé, mais le dialogue n’a pas encore commencé. Nous ne pouvons donc pas juger les résultats du dialogue avant qu’il n’ait eu lieu.

Là-dessus, la veille du jour où devait être publié le décret du Cardinal RE, voici qu’une télévision suédoise publie ou republie les propos clairement négationnistes de l’un des quatre évêques concernés, Mgr Williamson. Le Pape, quand il a donné son feu vert à la signature du décret par le Cardinal pouvait-il connaître les discours de Mgr Williamson ? Très honnêtement, je crois pouvoir dire que non. Et c’est en un sens plutôt rassurant : c’est le signe que le Vatican n’a vraiment pas les moyens de faire surveiller tous les évêques et toutes les chaînes de télévision du monde ! C’est donc ici qu’il ne faut pas se tromper d’interprétation : que signifie cette coïncidence entre la signature d’un décret, prévue pour le 21 Janvier, et donc connue de Mgr Williamson, et la diffusion des propos télévisés du même personnage ?

Que chacun se demande : à qui profite le crime ? A qui profite le scandale provoqué par des propos d’une telle obscénité ? La réponse me semble limpide : à celui ou à ceux qui voulaient torpiller le processus inauguré par la signature du décret ! Or, pour peu que l’on suive un peu ces questions et les différentes interventions de Mgr Williamson depuis quelques années, il est clair que lui ne veut à aucun prix de la réconciliation avec Rome ! Cet évêque, dont je répète, qu’il n’a encore aujourd’hui aucun lien de subordination canonique vis-à-vis de Rome, a tout simplement utilisé la méthode des terroristes : il fait exploser une bombe (intellectuelle) en espérant que tout le processus de réconciliation va dérailler. Il fait comme tous les ultras de tous les temps : il préfère laisser un champ de ruines plutôt que de se réconcilier avec ceux qu’il considère comme des ennemis.

Alors je le dis avec tristesse à tous ceux qui ont relayé, - avec gourmandise ou avec douleur-, l’amalgame entre Benoît XVI et Mgr Williamson : vous avez fait le jeu, inconsciemment, d’un provocateur cynique ! Et, en prime, si j’ose dire, vous lui avez offert un second objectif qui ne pouvait que le ravir : salir de la pire des manières la réputation du Pape. Un pape dont il se méfie plus que de tout autre, car il voit bien que ce Pape ruine absolument tout l’argumentaire échafaudé jadis par Mgr Lefebvre. Je ne peux pas développer ici ce point. Je ne fais que renvoyer à un article que j’avais publié dans les colonnes du journal Le Monde, l’an dernier, au moment de la publication du Motu Proprio : « Quand je lis, un peu partout, que le Pape accorde tout aux intégristes et qu’il n’exige rien en contrepartie, je ne suis pas d’accord : il leur accorde tout sur la forme des rites, mais il ruine totalement leur argumentaire sur le fond. Tout l’argumentaire de Mgr Lefebvre reposait sur une prétendue différence substantielle entre le rite dit de Saint Pie V et le rite dit de Paul VI. Or, réaffirme Benoît XVI, il n’y a pas de sens à parler de deux rites. On pouvait, à la rigueur, légitimer une résistance au Concile si l’on pensait, en conscience, qu’il existait une différence substantielle entre deux rites. Peut-on légitimer cette résistance, et a fortiori un schisme, à partir d’une différence de formes ? »2

Pour un fondamentaliste, et qui plus est, pour un négationniste forcené comme Mgr Williamson, Benoît XVI est infiniment plus redoutable que tous ceux qui font l’apologie de la « rupture » introduite par le Concile Vatican II. Car s’il y a rupture, alors il est conforté dans son opposition à la « nouveauté ». Mais celui qui démontre paisiblement que le Missel de Paul VI, la liberté religieuse et l’œcuménisme font partie intégrante de l’authentique Tradition Catholique, celui-là lui enlève toute justification.

J’ai bien conscience qu’il faudrait développer mon argumentation. Que chacun veuille bien me pardonner de renvoyer aux sites internet où tout ceci est visible. Mais je souhaite surtout que chacun veuille bien se méfier des provocations trop bien montées. Quant à ceux qui s’obstinent à répéter que Joseph Ratzinger a servi dans les Jeunesses hitlériennes, qu’ils veuillent bien relire le témoignage qu’il a donné à Caen, le 6 Juin 2004, pour le soixantième anniversaire du Débarquement en Normandie, et qu’ils se demandent ensuite ce qu’ils auraient fait à sa place... Quand on hurle un peu trop fort avec les loups d’aujourd’hui, on ne fait pas bien la preuve que l’on eût été capable de se démarquer des loups de l’époque…

Reste un point qui est second mais cependant très grave : il faudra tout de même s’interroger sur la communication des instances romaines lorsqu’il s’agit de sujets aussi sensibles. Après la polémique de Ratisbonne (qui mériterait elle aussi d’être démontée attentivement..), j’espère – mais je me réserve d’en parler plutôt en interne - que les responsables de la Curie vont procéder à un sérieux débriefing sur les ratés de leur communication. Pour le dire d’un mot, voici comment j’ai vécu les choses : Mercredi 21 janvier, les milieux intégristes italiens, qui croyaient triompher, « organisent une fuite » dans « Il Giornale ». Aussitôt le tam-tam médiatique, se met en route. Mais nous, membres des conférences épiscopales, nous ne savons absolument rien ! Et pendant trois jours les nouvelles – erronées, qui parlent à longueur de journée de réintégration – prolifèrent dans tous les sens comme un feu de brousse. Tout y passe. Arrive alors la « bombe » de Mgr Williamson… Et c’est seulement samedi matin, - trois jours trop tard ! -, que nous recevons le communiqué officiel du Cardinal RE. Comment voulez-vous que nous puissions remettre le débat sur des bases correctes ? Le Cardinal Ricard s’y est employé, de très bonne façon, mais le feu était parti, et plus personne ne pouvait alors entendre une parole raisonnable.

Maintenant que la poussière commence à retomber, essayons de reprendre calmement nos esprits. Comme disait ma grand-mère : d’un mal Dieu peut faire sortir du bien. Le mal c’est que le Pape Benoît XVI a une nouvelle fois été traîné dans la boue par une majorité de grands médias, excepté, Dieu merci, La Croix et quelques autres. Beaucoup de catholiques, et beaucoup de gens de bonne volonté, sont dans l’incompréhension et la souffrance. Mais le bien, c’est que les masques sont tombés ! Si le dialogue continue malgré tout avec les évêques de la Fraternité Saint Pie X - sous réserve, bien sûr, qu’ils passent la barrière maintenant levée -, le discernement pourra se faire, car tout le monde sait un peu mieux ce qu’ils pensent les uns et les autres.

Pour conclure, j’ai envie de m’adresser aux fidèles catholiques qui peuvent, non sans raison, avoir le sentiment d’être un peu trahis, pour ne pas dire méprisés, en cette affaire : méditez la parabole du Fils prodigue, et prolongez-la. Si le Fils aîné, qui avait d’abord refusé d’entrer dans la fête, dit qu’il veut rentrer, allez-vous le refuser ??? Ayez suffisamment confiance en vous-mêmes et en l’Esprit qui conduit l’Eglise, et qui a aussi guidé le Concile de Vatican II, pour penser que la seule présence de ce fils aîné ne suffira pas à étouffer la fête. Donnez à ce dernier venu un peu de temps pour s’habituer à la lumière de l’Assemblée où vous vous tenez…


+ Hippolyte SIMON,
Archevêque de Clermont
Vice-Président de la Conférence des évêques de France
Le 29 janvier 2009

mardi 3 février 2009

Le bizarre incident de l'orgue pendant la messe

Dimanche 2 février, en l'Église Ste-####, la messe commençait, comme à l'accoutumée, en avance. Par respect pour le saint patron des ponctuels, diront les plus doctes, par excitation insubmersible des ouailles, diront les plus compréhensifs, toujours est-il que l'habitué de la messe des familles s'installait nonchalamment sur son siège habituel sans savoir qu'il allait vivre un excellent moment, le faisant passer par toute sorte de sentiment contradictoire et exaltant. En ce jour, concluant une semaine ordinaire, de labeur et de quotidien vulgaire, un ponte de la hiérachie, un poids lourd de l'épiscopat s'était déplacé pour animer l'eucharistie, une célébration spéciale où nous assisterions à une confirmation. Le prêtre a prononcé un passionnant sermon, de très bonne tenue, poignant, il nous a interpellé sans nous houspiller, il nous a éveillé sans nous brutaliser. Puis les chants se sont enchaînés dans la ferveur dominicale, tout à la joie poussant le dévergondage et l'audace d'un chant en latin, toujours soutenu par un organiste invisible, méticuleux quoique fougueux. L'organiste fit froncer sévèrement les doux sourcils de notre broussailleux prêtre en continuant de jouer les ultimes et non-nécessaires notes au moment précis où ce dernier allait prononcer de très saintes et sages paroles, cet instant, je l'ai retenu lorsque pris de ferveur, d'émotion et d'enthousiasme rentrés, je me suis empêcher de décréter que "cette messe frôle la perfection", elle frisote avec tout au plus, même si mon goût pour l'estocade fut amadoué par les piques, -je l'interprétais comme telles-, pour nos frères et néanmoins rivaux du protestantisme, puisqu'il fut question d'un texte de saint-Paul sur le célibat des prêtres mais aussi de la confirmation d'une corréligionnaire allemande, que nous tirâmes des griffes de Luther et autres parpaillots schismatiques que son district de naissance lui prédestinait pourtant. Je fus un peu moins conquérant lorsque je vis non loin de moi les regards foudroyants d'une bigote à l'encontre d'une autre bigote qui ne comblait pas de quelques amabilités pécuniaires la corbeille, que nous nous passâmes comme la paix du christ.