dimanche 22 février 2009

Pour l'amusement des lecteurs oisifs

En consultant la page internet d'une émission de radio dont je ne suis plus l'assidu, m'a été proposé de prendre connaissance de l'existence d'un livre de Simon Leys, Les idées des autres : Pour l'amusement des lecteurs oisifs. Je me suis souvent dit que je devrais lire Simon Leys et que je ne serais pas déçu. J'ai donc tapé le loyal Google pour avoir quelques informations sur le livre dont l'éditeur fit une présentation commercialement alléchante, puis tout naturellement céder à ma pulsion d'achat frénétique à coups de clics. Puis, je suis accidentellement tombé, hasard de la navigation virtuelle, sur une communication de Simon Leys pour le moins accrocheuse : il est question de Don Quichotte et du statut de classique, dont on oublie originellement que pour la plus part d'entre eux ils étaient produits afin de permettre à leur auteur de gagner beaucoup d'argent. Et que, incidemment, je me suis souvent surpris à rire à la lecture d'œuvres nimbées pourtant du plus sérieux, du plus solennel et du plus suprême respect. Mais n'en dévoilons pas davantage et allons lire ce texte qui parle de Cervantès, le génie et le pathétique par ici
Il commence en ces termes :

L’Imitation de notre seigneur Don Quichotte : Cervantès et quelques-uns de ses critiques modernes

Quand, dans une discussion, on traite quelqu’un de Don Quichotte, c’est toujours avec une intention insultante — ce qui m’étonne. En réalité, il me semble que l’on ne saurait imaginer de plus beau compliment. À voir la façon dont beaucoup de gens invoquent le nom de Don Quichotte, on pourrait croire qu’ils n’ont pas lu le livre. Et d’ailleurs c’est souvent le cas. Il serait amusant de faire une petite enquête à ce sujet : qui a lu Don Quichotte? Les résultats seraient sans doute assez surprenants, mais la question risquerait aussi d’embarrasser pas mal de monde, car beaucoup d’hommes éduqués ont cette curieuse notion qu’il existerait un certain nombre de livres qu’il faut avoir lus, et il leur paraîtrait donc honteux de devoir admettre qu’ils ont manqué à cette obligation culturelle. Je vous avoue que je ne partage pas cette vue. Il me semble que l’on ne devrait lire que pour le plaisir. Mais, bien sûr, je ne parle ici que de littérature pure, et non de la littérature scientifique que les universitaires et les membres des professions libérales sont naturellement tenus de maîtriser pour s’acquitter avec compétence de leurs devoirs professionnels. Il est tout normal, par exemple, que vous attendiez de votre médecin qu’il ait étudié divers traités d’anatomie et de pathologie, mais il serait sans doute abusif d’exiger de lui qu’il ait également lu les nouvelles complètes de Tchékhov. (Quoique, quand on y songe, s’il me fallait choisir entre deux docteurs dont les qualifications médicales seraient par ailleurs égales, je croie bien que je me fierais plutôt à celui qui lit Tchékhov.) la suite por aqui

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