mercredi 18 février 2009

Faites entrer AccusaMan



En guise de protestation, je me suis mis en congé temporairement de mon émission d'investigation préférée : Faites entrer AccusaMan. Certains flâneurs sur ce blog l'auront remarqué et auront bien compris qu'à ce penchant voyeuriste et sordide, je fasse protestation. Cependant, toutes les bonnes choses ont une fin et je me suis replongé dans les frissons du mardi, puisque dans les griffes de la nuit, j'ai regardé d'un œil à peine voilé par mes doigts crispés quoiqu'entrouverts cette émission qui nous rend fier de payer des impôts et que le monde entier devrait nous envier: Let Accusaman in.

De quoi, bienveillant liseur, était-il question?

Une fois encore, l'épisode du soir (Ndb:10/2) nous conduisait dans la France profonde, dans ses entrailles, puisque nous allions dans les Vosges, ce département méconnu et qui évoquent pour moi le nom des vieux hôtels des années cinquante situés à proximité des gares, car il était courant, en Alsace du moins, que les habitants partaient en vacances dans ce coin doucement forestier, comme le dit la maxime.

Nous sommes au début des années 1984, les années Reagan, Orwell et Attali. Un petit garçon qui ne connaîtra pas la rap, le lycée technique et le Président Chirac est retrouvé emmitouflé, ligoté et noyé dans la rivière qui coulait sous les ponts de Bruyères et de Docelle, la Vologne. Un "corbeau", qui harcelait depuis des années de lettres féroces le jeune couple propriétaire de l'enfant, s'invite dans la psychose en téléphonant vingt minutes avant la découverte du corps et en envoyant une lettre vengeresse le lendemain.
Nous sommes dans les fonds de vallée des Vosges, où comme le dit l'historien, les haines sont tenaces parmi ces gens durs au labeur et accrochés à leur terre. Le père suscite les jalousies, un peu moins maintenant. Les photographies sont belles, plus vraies que nature, elles donnent chair au fait divers, les journalistes accourent, la tragédie familiale devient un drame national.

Elle s'appelle Muriel, une lointaine cousine du village d'à côté."Une peute" comme on dit par ici. Elle a quatorze ans, elle deviendra la sorcière de la vallée. Dénonçant son beau-frère, elle se rétracte le lendemain. Elle l'a condamné. En effet, bien qu'acquitté, il sera tué par le père de l'enfant, persuadé de sa culpabilité.
Le petit juge, les journalistes surchauffés jusqu'au délire, les familles des victimes ont vite éclipsé la mémoire du défunt. C'est un théâtre macabre qui inquiète le pays, jusqu'à ce que l'impensable se produit. On inculpe la mère pour l'infanticide. La mécanique est enrayée, tout devient possible dans les supputations les plus folles. On ne connaîtra jamais le coupable, qui a tué en plein jour comme on crève un pneu.


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