samedi 7 février 2009

Darwin et le bouleversement du monde, Répliques

Je ne pensais pas qu'un jour je devrais m'intéresser aux différentes polémiques liées à l'œuvre de Charles Darwin. Mais rattrapé par l'ère du temps, l'intempestif Zeitgeist, ses immédiates mondanités et l'agenda Finkielkrautien, j'ai cédé aux sirènes commémoratives, je me suis mis à la page des hommages, ceux du deux-centième anniversaire de Darwin et du cent cinquantième de son livre, L'origine des espèces*. L'émission de la semaine, difficile et passionnante, se consacrait au livre du médecin Jean-Claude Ameisen, Dans la lumière et les ombres : Darwin et le bouleversement du monde, dont l'auteur en conversation avec la philosophe Elisabeth de Fontenay revenait sur le cas Darwin.

"La blessure infligée au narcissisme humain", cette vexation qui se lie à la vexation cosmologique (Copernic) et psychologique (Freud) trouve encore des résistances à notre époque, qui voit fleurir des objections fortes aux théories de l'évolution reconnue pourtant par l'Église Romaine. L'homme, vue comme "une émergence tardive, aveugle et contingente", contredit une vision créationniste obsédée par l'idée d'une intention de Dieu ("Dieu crée l'homme à son image", la Génèse). Elisabeth de Fontenay souligne justement que le choc de la révélation darwinienne fut de mettre fin à la croyance téléologique de l'homme comme une finalité. En étant le fruit provisoire de l'évolution, l'homme peut se réduire au jalon d'un projet inabouti, si bien qu'on peut nier à l'humain son libre-arbitre, la liberté, "l'homme prisonnier de ce qui l'a donné naissance". Le débat, un peu académique, s'est attaché à comprendre comment dans un monde de connaissances influencé par les idées de Darwin, (la biologie, les sciences cognitives et même sociologie (darwinisme social)) penser philosophiquement la signification de l'humain et son éthique, afin que, pour contredire Spinoza, du "prescriptif dérive le descriptif".


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“On the Origin of Species by Means of Natural Selection, or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life” est son titre véritable.

L'émission Répliques en écoute pour un mois : ici

Un article assez complet dans la revue de référence explique ce que les idées de Darwin doivent au temps "By the beginning of the 19th century, the idea of evolution was in the air", que l'histoire des idées auraient pu retenir Alfred Russell Wallace, Lamarck ou William Charles Wells et que Darwin a une dette envers Malthus.

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