jeudi 28 octobre 2010
La Chute de l'Abbé Jehoël de la Croix-Jugan
jeudi 21 octobre 2010
mercredi 20 octobre 2010
La pente de la célébrité
mardi 19 octobre 2010
La chair et les nerfs
lundi 18 octobre 2010
L'inspiration vient du Vermont
L'Ode au Vermont continue. Au hasard d'une lecture sur Wikipédia, cherchant des contes pour enfants, je cherche quelques informations sur la notice biographique de R.Kipling, célèbre écrivain anglophone que d'aucuns connaissent comme le créateur du Livre de la jungle, rédigé dans le Vermont.
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, le jeune couple retourna aux États-Unis et loua une petite maison près de Brattleboro dans le Vermont pour une somme de dix dollars par mois. Carrie était enceinte de leur premier enfant.
« Elle fut meublée avec cette simplicité d'une époque qui ne connaissait pas la location-vente. Nous fîmes l'acquisition d'une énorme chaudière de seconde ou troisième main qui alla dans la cave. Pour accommoder des tuyaux de fer-blanc de huit pouces de diamètre nous fîmes généreusement percer notre mince plancher (c'est pur miracle que nous n'ayons pas été brûlés dans nos lits au moins une fois par semaine cet hiver là) et nous vécûmes extrêmement, égocentriquement heureux. »
C'est dans cette maisonnette, surnommée Bliss cottage (la villa du bonheur parfait) que naquit leur premier enfant, une fille, Joséphine, « la nuit du 29 décembre 1892 sous trois pieds de neige. L'anniversaire de sa mère tombant le 31 et le mien le 30 du même mois, nous la félicitâmes de cet esprit d'à propos. » C'est dans cette maisonnette que Kipling eut pour la première fois l'idée de ce qui allait devenir Le Livre de la jungle :
« Mon bureau faisait sept pieds sur huit et de décembre à avril la neige s'accumulait jusqu'au rebord de la fenêtre. Or il se trouvait que j'avais rédigé une histoire sur les travaux forestiers en Inde où je parlais d'un enfant élevé par des loups. Dans le silence et l'attente de cet hiver 1892 je sentis remonter des souvenirs des lions maçonniques des magazines pour la jeunesse que je lisais enfant, et voici qu'une phrase du roman de Rider Haggard Nadia, the Lily (Nadia le lys) se combine avec l'écho de ce récit. L'idée une fois précisée dans ma tête, la plume fait le reste, et je n'ai qu'à la regarder commencer à écrire des histoires sur Mowgli et les animaux qui allaient constituer le Livre de la jungle.6 »
Après la naissance de Joséphine, la maisonnette devint trop petite et les Kipling achetèrent un terrain de dix hectares appartenant au frère de Carrie, Beatty Balestier. C'est là, sur le flanc d'une colline rocheuse surplombant le fleuve Connecticut, qu'ils firent construire une maison que Kipling baptisa « Naulakha » en l'honneur de Wolcott 8. Naulakha, qui signifie littéralement « neuf lakh » (ou neuf cent mille roupies) en hindî, était le nom donné aux colliers des reines dans les contes populaires de l'Inde du nord13, un « bijou sans prix », selon la traduction qu'en donnait Kipling.
Cette retraite au cœur du Vermont, ainsi qu'une vie « saine et propre », stimula l'imagination de Kipling. En l'espace de quatre ans, il produisit, en plus du Livre de la jungle, un recueil de nouvelles (The Day's Work, (Le Travail de la journée)), un roman (Capitaines courageux) et de nombreuses poésies, dont le volume des Seven Seas (Les Sept Mers). Le recueil de poèmes intitulé Barrack-Room Ballads, qui contient deux pièces célèbres, Mandalay et Gunga Din parut en mars 1892. Il prit un plaisir immense à rédiger les deux volumes du Livre de la jungle, chef d'œuvre d'imagination poétique, et à répondre à l'abondant courrier de ses jeunes lecteurs.
samedi 16 octobre 2010
mercredi 13 octobre 2010
Barbey d'Aurevilly par Kléber Haedens
Toujours sur le front de la Normandie, avec Barbey, je m'accorde le temps de consulter mon Haedens "Une histoire de la littérature française"(p.372).
Jules Barbey d'Aurevilly (1808 1889) est un homme d'un autre âge et il ne faut pas chercher ailleurs les raisons de son insuccès. Barbey a traversé son époque en protestant avec hauteur contre tout, contre les fausses réputations, contre les médiocres, extraordinairement vêtu, capable de vider un verre d'eau de vie sans sourciller, aussi légendaire que d'Artagnan, catholique et royaliste incorruptible, ayant beaucoup lu dans sa province normande, lançant des mots frappants et terribles, prodiguant sa verve et ses images et tournant dédaigneusement le dos à la foule.
Une vieille maîtresse, L'Ensorcelée, Un prêtre marié, Le Chevalier Des Touches, Une histoire sans nom, romans déséquilibrés, pleins d'histoires effrayantes, de mouvement, de satire véhémente, livres inégaux, rocailleux, soudain pathétiques, doivent une grande part de leur puissance à l'atmosphère de la campagne normande qu'ils évoquent avec passion. Le chef d'oeuvre de Barbey, Les Diaboliques, recueille des nouvelles admirables et tourmentées dont certaines coupent le souffle et rappellent le meilleur Balzac. Barbey avait la haine des naturalistes, de leur minutie, et il se laissait emporter par son imagination, son langage abondant et plein de sève. Mais le plus étonnant exemple de ses partis pris se trouve dans sa critique littéraire. Barbey s’y montre toujours prêt à se lancer tête baissée dans ses injustices épiques, et l’on n’en finirait pas de relever ses erreurs et es incompréhensions têtues, éclatant d’une noble fureur. Mais Barbey, lorsqu’il tombe juste, peut aller aussi loin que le plus pénétrant des critiques et laisser tomber négligemment des images magnifiques qui définissent un homme pour l’éternité.
lundi 11 octobre 2010
Le ventre
Il n'y a aucune raison de lire L'Ensorcelée de Jules Barbey d'Aurevilly (1852). C'est un livre d'aucune actualité, qui ne s'accroche à aucune des branches du monde moderne. Un goût affirmé pour la littérature et ses plaisirs vous épargnera de passer à côté de ce chef d'oeuvre.
Un jour, cherchant un peu de documentation sur Diderot, j'ai eu la chance de trouver un texte critique d'une mauvaise foi d'enragé de Barbey sur l'auteur de Jacques le fataliste. J'ai aimé le style comminatoire et affolé de cet ami de Léon Bloy. De surcroît, je pensais benoîtement que Les diaboliques, film de Clouzot, était inspiré d'une des nouvelles de Barbey d'Aurevilly. Je m'imposais donc la lecture d'un classique qu'un professeur de français mien, je me souviens, nous avait conseillé l'été de notre classe de seconde. Ce livre est profondément ancré dans son territoire, un chef d'oeuvre d'une portée universelle réduit dans quelques kilomètres carrées d'une terre désolée, la lande de Lessay, ou comme l'expliquait son auteur sur sa tentative, "faire du Shakespeare dans un fossé du Cotentin". En outre, ce roman du terroir, du folklore sulfureux des mœurs déchus, penche vers les aventures des perdants de l'Histoire, ajoutant aux intrigues leur part d'étrangeté et de mélancolie d'un monde vibrant sur le point de mourir et de ressusciter. Enfin, il est amusant de lire les complaintes de l'auteur se plaindre du monde moderne (le sien), ce qui pour nous lointain lecteur ne peut que nous faire dire que "décidément c'était mieux avant Avant" ou que "même notre n’est pas à la hauteur de leur après Avant".
Je propose de reproduire ici quelques citations dont le souci coïncide avec le goût de ce weblog. Comme l’indique le titre, nous avons trouvé une remarquable description d’un Ventre, ancêtre de tous les ventres, qu’ils soient Ventre Un, ventre Deux, fils du Ventre, etc…
"Il avait été fort célèbre dans le Cotentin, pays de grands mangeurs et de buveurs intrépides, et il était devenu, sur la fin de sa vie, d'un embonpoint si considérable qu'il avait été obligé de faire une entaille circulaire à sa table pour y loger la rotonde capacité de son ventre. Le curé de Blanchelande l'avait connu pendant l'émigration, à Jersey, où il étonnait et émerveillait les Anglais par les prodiges de son estomac, toujours prêt à tout, et le bon abbé Caillemer en avait conservé une telle mémoire qu'il n'achevait jamais un repas plantureux et gai sans parler du prieur de Regneville. On pouvait même apprécier le degré d'excitation cérébrale du curé par le nombre d'anecdotes qu'il racontait sur le prieur". p.129