Le film français se penche sur le réalisateur Bruno Dumont.
Jeudi soir, je vous ne le cache pas, j'étais empli de perplexité. D'Espagne nous parvenait une vidéo d'un critique cinéma d'un journal bien établi et sérieux, laquelle évoquait un film présenté lors d'un festival ibérique en des termes tabloïdiques, si vous me permettez cette expression ou alors en des termes
westcoast évoquant des filles et les désirs qu'elles peuvent susciter si vous préférez. Le critique disait pis que pendre sur le nouveau film de Bruno Dumont. Vous connaissez peut-être mon inclination doucereuse pour le Film français, alors j'entendais avec intérêt un avis étranger et extérieur sur la sensible question, tel un opposant son samizdat. Tant il est vrai qu'en France, la critique autorisée, puissante, a institué un épais brouillard qui se fait d'elle-même une caste retranchée dont l'influence va à un point tel qu'il existe une légion de réalisateurs qui ne tourne des films que pour elle et ne vit que par elle, suivant le chemin bien huilé de subventions sans passer par l'assentiment du public (introuvable et à moitié-inculte). Bruno Dumont connaît une carrière de réalisateur honorable, sur le curriculum, vaquant de films en films puis de récompenses en récompenses lors de festivals internationaux. Il résiste donc aisément à l'absence de succès public car il persévère dans une oeuvre exigeante, sans concession, libre, dans la veine d'un réalisme cru et métaphysique, ce sont à peu près les mêmes termes qui reviennent à chacun de ses films dans l'encre des professionnels avertis, sans qu'il soit d'ailleurs nécessaire de ne plus aller les voir par ailleurs. Bruno Dumont, donc, est bien installé dans le paysage, entraînant dans son sillage un petit groupe de fans, des critiques et des cinéphiles qui veulent le devenir. Qu'est-ce qui les poussent donc à supporter et même à se réclamer d'un cinéaste que Carlos Boyero, l'homme de la vidéo, n'encense pas, parlant pour son dernier film d'un film "indescriptiblement mauvais", d'un film prétentieux et lent qui se veut profond mais qui est bête, un film boursouflé de vanités intellectuelles? Toutefois, Dumont est philosophe et je suis enclin à lui accorder de ce fait crédit, pas mal de crédits. J'ai écouté quelques uns des entretiens qu'il accorda et je reste mitigé sur les théories primaires sur le cinéma, qu'il débite "ben, le cinéma c'est une situation réelle qui n'est pas vraie." ou "moi ça m'intéresse pas de fournir aux spectateurs les émotions dans la forme à laquelle il s'attendent, conformément à leurs clichés". Mais il n'est pas là pour s'expliquer avec des mots, car son métier est de s'exprimer avec des images, des scènes, des situations, des films. Je suis partagé,
zweifärbig, "deux couleurs", comme diraient mes amis teutons (rares amis). J'ai vu dans mes folles années de adolescents français
La vie de Jésus, mais je n'en ai garde aucun souvenir, sauf peut-être un type qui se ballade en mobylette. Dois-je m'entêter sur son cas? peut-être quelques lecteurs pourraient m'éclairer. Ses scénarii n'en demeurent pas moins d'authentiques perles pour alimenter la rubrique le film français de ce weblog.
La video en question :
ici en espagnol