mardi 21 octobre 2008

Le Grand Siècle eldorado

En entrant dans une salle de cinéma du centre-ville, qui porte le nom de grand Eldorado et qui dans un souci de conformité avec son sobriquet pare scrupuleusement l'immense salle de dorures kitsch et de fresques naïves alignant mythes empilées et foutraques, je me suis imaginé, toujours sous le charme tenace de la stupéfaction devant tant d'esthétique-toc, cette salle faisant l'objet dans quelques décennies, de visites touristiques et de pompes cérémoniales dûes à notre patrimoine. J'espère que cela n'arrivera pas, que les lambris s'affaisseront, s'écrouleront, de préférence sur un public belge, goguenard et reniflant, comme il a la coutume de le faire quand il s'affale devant un spectacle. Je verrai, si les choses tournent mal, dans ce futur des files de touristes, cultivés ou pas, devant "un monument" que j'avais jadis méprisé. Cela me fera bizarre. Mon fils, fauché comme son père, aura la chance d'occuper un emploi d'agent de médiation à l'intérieur de ce majestueux site. Déambulant entre les sièges pliables, il aura la louable tâche de "renseigner" le public pressé des vertus culturelles et des beautés artistiques de l'endroit, fleuron de la culture démocratique de notre siècle, "le Grand siècle eldorado", ainsi que l'aura nommé non sans malice le sage et toujours juvénile Jack Lang.

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