J'ai terminé le lecture de La princesse de Clèves, qui assurément mérite sa gloire posthume et les longues études qui lui furent consacrées. Le livre est porté par un beau style, probablement celui des différentes cours royales où le langage est l'outil d'élévation tant morale que d'estime ou diplomatique. Avec de nombreux subjonctifs, l'écriture nous paraît hardie, mais retranscrit bien la science des intrigues comme la lettre de Mme de Thémines, la prise de pouvoir du Cardinal de Lorraine ou d'autres contées de main de maîtresse. Il n'y a que la scène de l'aveu et de la présence secrète de l'être aimé, qui suscite quelques froncements de sourcils quant à sa vraisemblance. Certes, La princesse de Clèves montre l'effet ravageur de la passion dans une âme qui se veut maîtresse d'elle-même, mais je me dis qu'on devrait peut-être lire le roman à l'aune de Pascal et du jansénisme. Ce n'est pas tant un roman sur l'amour qu'un conte moral, à mon avis, qui insiste sur l'impérieuse nécessité de la paix de l'âme, son repos préférable aux troubles tempétueux de la passion amoureuse même au prix de quelques moments de bonheur. En un mot comme en mille, l'ataraxie. Madame de Lafayette salue à de nombreuses reprises l'austère vertu de l'héroïne qui place très haut l'honneur, la parole, la mémoire des défunts, la retenue, qui dictent ses choix. Faut-il préférer le repos de l'âme, socle pour la hauteur et une élévation quasi mystique ou l'émancipation des sentiments, l'agitation vers la quête du bonheur au risque de s'égarer?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire