Mes chers compatriotes, il est de mon devoir à cette période de l'année de vous rappeler aux devoirs velléitaires que vous vous promîtes à l'orée de l'année toute neuve, à la première minute du premier janvier. C'était il n'y a pas si longtemps, deux mois, pour être quasi-précis, et vous vouliez entamer un calendrier sans rature gonflé d'ambition et de prouesses qui ont été lamentablement négligées les années précédentes. En votre for intérieur, vous profitiez de cette page blanche pour y suggérer quelques grandes ou petites œuvres qui vous exhausserez du commun de vous-même. Sinon, à quoi bon une nouvelle année si ce n'est pour être le même, un dernier homme ratatiné, vidé, épuisé, par douze mois moroses, qui succèdent à douze précédents mois du même tonneau, c'est-à-dire contre lesquels on crée des nouvelles années pour permettre d'en faire table rase et être plein de bonnes résolutions. Une seconde chance, en quelque sorte ou pour être précis, une trentième, une cinquantième chance. Une résolution est quelque chose, une action, une activité qu'on n'a toujours souhaité faire, qu'on n'a manqué de faire soit par paresse, soit par faiblesse, soit par autre priorité et qu'on s'oblige à faire enfin pour être paix avec soi ou se proroger une once de fierté supplémentaire. Par exemple, cette année, j'ai décidé de me laver les dents tous les jours, je ne le faisais pas jadis parce que c'est fatigant, qu'en plus je crois que personne ne s'en rendra compte et aussi, je devais aller au bureau (autre priorité). Ma résolution serait de me laver les dents tous les jours, je m'y contraindrais, me donnant ainsi la sensation que mon année serait réussie, car elle m'aura apporté quelque chose de nouveau, un petit plus qui me ferait sentir un homme meilleur. Bien sûr, je conseillerais de ne pas être trop ambitieux dans ses résolutions, piloter un boeing n'est pas une "bonne résolution", car en plus de vous dégoûter des résolutions, vous vous sentirez affaibli, démoralisé sur votre capacité à ne pas savoir faire ce que vous vous infligez. Ne pas être à la hauteur de vos espoirs est un très mauvais signe de vitalité et vous ne rendez pas service à cette année pimpante qui vous aura accordé une nouvelle chance, en vous disant : " ah, oui, 2011, c'est l'année où je n'ai encore pas composé mon opéra!". Soyez réaliste dans vos résolutions : perdez un peu de poids, aller courir quelques mètres, achetez quelques plantes en pot, soyez attentionné avec votre copine. Pour ma part, il y a deux résolutions que je rate chaque année, envoyer des cartes de vœux et offrir une fleur à mon épouse le jour de la st-Valentin. Car, on se heurte ici à l'écueil des résolutions : on les oublie très vite. D'où ce rappel à l'ordre, doublé d'une proposition. Si d'aucuns ont la mémoire des noms, des visages, bien peu ont la mémoire des résolutions. C'est triste, mais la nature est ainsi faite. Vous pouvez les noter sur un bout de papier mais 90% des personnes qui le font déjà oublient l'endroit où ils ont laissé ce précieux sésame, c'est totalement inefficace, et obsolète à l'heure d'internet. Je propose donc que nous prenions nos résolutions chaque début de mois, car, si elles ne sont respectées ils vous restent le mois prochain pour avoir une autre chance. Les plus hyperactifs d'entre nous pourraient prendre des résolutions à chaque nouvelle heure, à chaque nouvelle minute, mais je me dois dans un souci de globalité de les mettre de côté, comme aussi les petits malins qui voudraient prendre de "mauvaises" résolutions, perdre ses cheveux, dire du bien d'Ikea ou piquer le courrier dans la boîte aux lettres des voisins. Ceux-la sont de biens mauvais sujets pour notre noble cause.
Vous me remercierez plus tard.
C'était Moi, dans Cycle des conférences inutiles, partie 1 mes petits conseils à la France
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