samedi 4 octobre 2008

Un ogre

Nous parlâmes de la joie mauvaise qui secoua comme des possédés l'ensemble de la presse au sujet de la crise financière et du système économique qui va à vau-l'eau. Bien sûr, nous y voyons un tropisme gaucher (bolshy) dans les consciences pures et objectives des salles de rédaction, le monde diplomatique, l'éminent, le respectable Monde Diplo a barré sa Une, derrière laquelle on imagine bien se contorsionner de bonheur et de grandeur moralisatrice les éditorialistes, "le jour où Wall Street est devenu socialiste". La presse s'est payé le marché. Sous ces injonctions, le capitalisme va cesser d'exister. En parallèle se déroule, et sans qu'on comprenne bien pourquoi la foire corporatiste tient place dans l'Agenda présidentiel, les États généraux de la presse. Le chef de l'État y a tenu discours devant des professionnels de la profession soucieux et profondément méditatifs avant et après la digestion. Entre autres choses, on y apprend par le biais d'une jolie expression dans notre canard fétiche ("tendre la sébile") que le budget de l'État réserve une enveloppe de 284 millions d'euros pour le secteur. Nous l'ignorons, mais les journaux, loin d'être de fières groupes indépendants, ressemblent davantage à des demi-associations subventionnées. On comprend mieux leur aversion du marché. Le marché les a plumé. Et il est donc déontologique de dire du bien de son bienfaiteur et de nourrir rancœur et amertume. A ce titre, les professeurs proliférant dans les cursus de l'économie et social dans la grande maison de l'Educ-Nat prodiguent la bonne parole théorique de l'État et les vertus de l'impôt, dont ils sont, il ne faut pas l'oublier, les bénéficiaires.
Par quelque occasion, l'État ne manque pas de rappeler de sa nécessité et de son emprise tous les jours grandissante.

*Agenda : ce qui doit être fait
*"Et l'écueil d'une nouvelle mise sous perfusion de la presse habituée par l'Etat depuis des années à « tendre la sébile » (284 millions d'euros d'aides directes à la presse budgétées en 2009)", les Echos du deux octobre

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