Comme je consacre un peu de mon temps à l’œuvre de David Cronenberg, j'ai vu grâce aux facilités du streaming un de ses derniers films, un film qui si ma mémoire est bonne a reçu un bon accueil de la presse. Il s'agit de A History of Violence, sans traduction française si ce n'est par Une histoire de la violence qui irait très bien. Je n'en suis guère étonner. Dans la mesure où le film est façonné comme un conte un peu allégorique, un peu intellectuel et un peu "superbe réflexion sur la société américaine", il avait tout pour convoquer en rangs serrés les mines réjouies de nos masques et nos plumes. Certes, il y a du métier et du savoir-faire chez le maître, mais force est de constater que depuis Spiders, il délaisse le fantastique pour se ranger vers des fables gentilles que nous offrent par pelletées tout le cinéma indépendant américain. Il y avait pourtant matière à faire ressurgir le grand Cronenberg, maître de l'étrange et du bizarre. Un père de famille vit paisiblement dans une bourgade de l'Indiana où il gère une petite cafeteria. Lorsque celle-ci est braquée, il fait preuve d'un courage et d'une violence insoupçonnée. Alerté par les journaux, d'étranges personnes veulent avoir affaire à l'homme qu'ils sont persuadés qu'il est. Pourquoi est-il capable d'autant de violence? C'est en substance la question qui intrigue le spectateur, son fils, de surcroît, en fait contre toute attente la démonstration. Mais là où le Cronenberg, ambitieux de The Brood aurait scruté les pulsions, le Cronenberg moraliste (et un peu facile) fait remonter le passé. Il y avait lieu pourtant de faire une lutte trouble et féroce contre son corps, son identité double ou la contamination malsaine, ce qui sont des thèmes avec lesquels il a démontré l'étendue de son talent.
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