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lundi 8 octobre 2012

Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer

Je ne sais pourquoi j'apprécie tant prendre le train pour me rendre sur mon lieu de stage. J'ai besoin de cinquante minutes porte-à-porte en voiture et -attendez je calcule- cent minutes en train, avec le risque de rater une correspondance qui me laisse quatre minutes pour sauter d'un train l'autre. La plupart du temps, je me heurte au bruit. Cependant, j’apprécie cette aventure dans la routine. Je brave le froid, je pédale la nuit, j'attends sur le quai, je me presse fébrilement et je coupe à travers champ les mains gelées. C'est un exploit invisible au panache inutile comme nous savons si bien le faire dans la famille. Ma journée n'a pas commencé, je sais ce que j'ai enduré. Ce n'est pas à cela qu'on mesurera mes mérites et mon efficacité. Pourtant, comme on le dit en anglais, cela fait ma journée. Je dois dire aussi que dans le train, en plus d'économiser de l'essence, je peux lire et qu'ainsi je ne goûte guère à mon amertume.

lundi 5 avril 2010

La distance

La merditude des choses est un film flamand, inspiré d'un roman quasi-autobiographique qui a rencontré son petit succès dans la littérature très circonscrite de la communauté flamande. Son adaptation a elle aussi rencontré un succès tout aussi populaire que critique. Une famille de quatre frères, les Strobbe, prennent un malin plaisir à saboter leur existence, une fois que la chance peut leur permettre de sortir de leur misère. Faternité et saoûlerie. J'ai pu penser que j'allais voir un film dans le verve de Hugo Claus, mais la satire, la poésie en moins, le comique joyeux et la tendresse en plus. Ce film est un succès grâce à la distance adoptée, nous avons imaginer un instant la catastrophe que cela eût pu être si le film français s'était emparé de la misère sociale en Flandres. La critique de Paris, d'ailleurs, n'a pas su saisir le film. Cette distance, c'est-à-dire, ni emphase pathétique, comme les Dardenne, ni complaisance rigolarde, doit certainement à une circonstance, il s'agit d'un film autobiographique d'un baraqui qui tente d'échapper au destin imposé par la fratrie, dont le bonheur est dans le bar, le panache dans la beuverie. Si j'étais pointu, je remarquerai que la caste des oncles est une protection au premier abord mais surtout un enfermement, cela a été fait mille fois. Une protection contre le monde extérieur qui les juge et rejette, un enfermement, car il empêche aux membres de s'émanciper, le paradoxe cependant étant que le narrateur ne rencontre le succès littéraire, après bien des déboires, qu'une fois qu'il se penche et donc revient dans le giron familial castrateur et libérateur. Le succès, comme dans la beuverie, est dans le fait de tenir la distance.