La merditude des choses est un film flamand, inspiré d'un roman quasi-autobiographique qui a rencontré son petit succès dans la littérature très circonscrite de la communauté flamande. Son adaptation a elle aussi rencontré un succès tout aussi populaire que critique. Une famille de quatre frères, les Strobbe, prennent un malin plaisir à saboter leur existence, une fois que la chance peut leur permettre de sortir de leur misère. Faternité et saoûlerie. J'ai pu penser que j'allais voir un film dans le verve de Hugo Claus, mais la satire, la poésie en moins, le comique joyeux et la tendresse en plus. Ce film est un succès grâce à la distance adoptée, nous avons imaginer un instant la catastrophe que cela eût pu être si le film français s'était emparé de la misère sociale en Flandres. La critique de Paris, d'ailleurs, n'a pas su saisir le film. Cette distance, c'est-à-dire, ni emphase pathétique, comme les Dardenne, ni complaisance rigolarde, doit certainement à une circonstance, il s'agit d'un film autobiographique d'un baraqui qui tente d'échapper au destin imposé par la fratrie, dont le bonheur est dans le bar, le panache dans la beuverie. Si j'étais pointu, je remarquerai que la caste des oncles est une protection au premier abord mais surtout un enfermement, cela a été fait mille fois. Une protection contre le monde extérieur qui les juge et rejette, un enfermement, car il empêche aux membres de s'émanciper, le paradoxe cependant étant que le narrateur ne rencontre le succès littéraire, après bien des déboires, qu'une fois qu'il se penche et donc revient dans le giron familial castrateur et libérateur. Le succès, comme dans la beuverie, est dans le fait de tenir la distance.
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