Au regard des commémorations de nos grands défunts, on peut dire que certains ont plus belle mort que d'autres. Un professeur de français mien nous expliquait qu'un homme de lettres fraîchement décédé au grand dam de la société cultivée passait en quelques mois dans un état d'oubli, plus ou moins long d'une cinquantaine d'année que l'on appelait "purgatoire", avant de revenir, porté par de précieux critiques qui travaillent avec passion à faire entrer l'oeuvre ensevelie dans la postérité. Il serait, si le vocable n'était si tristement connoté, l'occasion de parler de lobbying. L'année 2009 offre un moment riche en anniversaires de décès, il est intéressant donc de nous pencher sur les forces et courants. Pour celui qui suit de près l'actualité, fait le nécessaire pour être un moderne, il ne lui aura pas échappé que nous célébrons en grande pompe les deux cent cinquante ans d'Haëndel, alors que nous passons sous silence les deux cent ans de la naissance de Mendelssohn. En outre, peu ou prou ont une pensée recueillie et respectueuse pour le cinq centième anniversaire de Jean Calvin. Qui s'émeut du fait que Ionesco aurait eu cent ans aujourd'hui? Je suis bien incompétent pour lire dans les entrailles de notre époque et pour connaître les raisons pour lesquelles on célèbre plutôt un Tel et pas un Autre, tout aussi génial que soient l'un que l'autre. J'ai peut-être une idée sur le fait qu'on omet de célébrer le deux cent cinquantième anniversaire de la mort de Tocqueville, préférant jeter toutes nos forces dans la glorification du cent deuxième anniversaire de la naissance ... de Jacques Tati.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire