dimanche 12 avril 2009

Le contemporain selon Agamben


J'ai lu dans l'avion un petit ouvrage qui reprend une conférence tenue par le philosophe Giorgio Agamben en 2007 et dont l'intitulé était "Qu'est-ce que le contemporain?". Très intéressant. J'ai pensé au mécontemporain Péguy et au Bernanos, des conférences regroupées dans l'ouvrage La liberté, pour quoi faire? à la lecture des phrases :
"Celui qui appartient véritablement à son temps, le vrai contemporain, est celui qui ne coïncide pas parfaitement avec lui ni n'adhère avec ses prétentions et se définit, en ce sens, comme inactuel [(c'est le Nietzsche de "considérations inactuelles")], mais précisément pour cette raison, précisément par cet écart et par cet anachronisme, il est plus apte que les autres à percevoir et à saisir son temps.[...]. Un homme intelligent peut haïr son époque, mais il sait qu'il lui appartient irrévocablement. (p.9-p.10)
aux modernes anti-modernes, définis par Compagnon, qui rendent caduques les attaques de réactionnaire et aussi, plus loin, à la notion de temps et de présent chez Bergson.

Puis j'ai été saisi par cette définition :
Contemporain est celui qui reçoit en plein visage le faisceau des ténèbres de son temps.
L'évocation des off-cells de la neuropsysiologie et la notion d'obscurité dans l'astrophysique, sont, si vous me permettez l'expression, éclairant et bien plus explicite que leur intitulé le laisse penser, croyez-moi. Vous pouvez vous plonger de bon cœur dans cet ouvrage précis.






samedi 4 avril 2009

La version Claus selon Josse De Pauw

Ces temps-ci, parmi les beaux jours d'Avril, les services culturels de la ville proposent un cycle consacré à Hugo Claus, l'écrivain de génie, "pervers et rance". Ses films, dont il n'était pas fier, paraît-il, et une pièce (un monologue autobiographique) sur sa vie dissolue, tiennent l'affiche. Ils devraient remuer les dépôts du livre lu il y a quelques mois.
Josse de Pauw, acteur bilingue, joue des séries d'interviews de Claus faisant les questions et les réponses, sous la forme d'un monologue. Ce dernier devait probablement se faire ses propres interviews dans sa tête, afin d'être prêt à les restituer aux journalistes; les formules sont travaillées, les images belles. Il fait de l'entretien un genre littéraire à part entière. De surcroît, l'homme est malin, arrogant, hâbleur, habile, fabulateur, irrespecteux, bluffeur et provocant. Le type idéal qui se la raconte avec talent. Le malicieux Claus insistait beaucoup sur la valeur du mensonge, si bien que ce qu'il venait à dire était toujours dévalué par le doute, et, pourtant, il en ressortait toujours des éléments de vérité. Il le dit lui-même : "le sauvetage du monde est dans le mensonge, mais le mensonge s'effrite quand quelqu'un le croit."C'était brillant, épatant et drôle. L'acteur incarne à merveille l'écrivain de telle sorte qu'on sentait naître la fusion.
Chaudement recommandé.

La vie est ailleurs