vendredi 26 décembre 2008

A propos du Chagrin des Belges

J'ai commencé il y a quelques semaines la lecture du Chagrin des belges, le célèbre roman d'Hugo Claus. Je m'étais dit en l'achetant que cette œuvre louée et recouverte d'éloge allait me procurer le plaisir du Classique et assouvir mon goût pour l'idée du roman national. Ici, la patrie est la Flandre, pays de sang qui est le mien. J'allais entrer pour une fois dans ses entrailles à travers ce qui se présente comme une chronique provinciale. A plusieurs reprises, j'ai voulu ici en toucher quelques mots, à commencer par la regrettable présentation du livre, qui en quatrième de couverture propose une citation bancale et quelconque d'un journal (Le Monde) qui a laissé paraître l'idée que La République fût un livre rédigé par Socrate. La courte biographie de l'auteur, la citation en sus donnent la pénible impression d'une œuvre de circonstance, hâtivement rééditée pour satisfaire aux curiosités de l'im-médiate actualité, Hugo Claus s'est plus ou moins donné la mort (par euthanasie) il y a quelques mois, ce qui a comblé d'aise et de roucoulement toute la clique de la bourgeoisie anversoise, qui n'a pas manqué d'assister bruyamment aux obsèques télévisées. Défunte subversion. La première partie qui conte l'enfance de Louis Seynaeve avant la seconde Guerre Mondiale et brosse le portrait des membres de sa pittoresque famille pose d'emblée le roman comme un roman d'apprentissage, dont on pressent à travers la malice de l'auteur, que ce peut être un roman d'apprentissage sans finalité, un roman d'apprentissage vers rien (apprendre à être belge?). On peut aussi lire ce roman comme une œuvre d'autofiction et suivre le cheminement de l'auteur à devenir tel qu'il s'est défini subtilement "un flamingant francophone". C'est pourquoi j'ai regretté ne pas le lire en néerlandais, car l'auteur joue sur les registres de langue, passant du haut-flamand au bas-flamand, perdant ainsi la drôlerie, mais aussi le message politique dans la quête d'une identité communautaire. Mais visiblement, je ne suis pas le seul : "Et pendant ce temps, pour libérer le pays, des couriers limbourgeois transportant les plans tactiques salvateurs mais ne comprenant pas le patois de Flandre Occidentale s’égaraient dans les champs en mâchant du salami"(p.335). Néanmoins, grand est le plaisir de lecture, j'espère à l'occasion fournir quelques extraits savoureux.

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