Parmi les grands enjeux sociétaux du vingt-et-unième siècle, le vieillissement de la population, conjugué à l'explosion démographique, constitue certainement une préoccupation majeure. L'Ires, l'Institut de Recherches économiques et sociales établi à Louvain-La-Neuve, vient d'ailleurs de lui consacrer une étude complète. Dans le dernier numéro de "Regards économiques", David de la Croix pose la question de savoir s'il y a lieu ou pas de mener une politique nataliste pour rééquilibrer les populations vivant sur la surface de la Terre et assurer leur bien-être.
Hiver démographique
Le siècle passé, à lui seul, a vu le nombre d'humains passer de 1,6 à 6 milliards d'habitants. Mais comme l'explique le professeur d'économie de l'UCL, la crainte d'une explosion insoutenable de la population mondiale s'est apaisée: "les projections démographiques les plus récentes indiquent que la population terrestre culminera vraisemblablement vers la fin de ce siècle autour de 10 milliards d'habitants". Cette crainte a fait place à une nouvelle préoccupation: celle de connaître, à terme, un hiver démographique, une situation où les sociétés les plus développées en premier, - et le monde entier par la suite, - seraient composées d'une population vieille, incapable de subvenir à ses besoins, et ayant perdu tout dynamisme.
La Belgique, elle, prendrait un sacré coup de vieux. Dans le scénario moyen retenu par l'Organisation des nations unies, l'âge médian sur terre passerait de 29,2 années en 2010 à 41,9 années en 2100. Tandis que pour la Belgique, il passerait de 41,2 à 44 ans. Toujours d'après la même source, les parts des différents groupes d'âges dans la population belge, qui permettent de mesurer le vieillissement démographique, se modifieraient sensiblement jusqu'en 2050. Les groupes 20-44 ans et 45-65 baisseraient au profit du groupe 65 +. "Ce vieillissement relativement rapide est une conséquence de la fin du baby-boom des années 1950-60, et du passage progressif à la retraite des enfants engendrés à cette époque" note l'auteur de l'étude. Après 2050, la composition de la population se stabilise, le vieillissement est achevé, mis à part un léger accroissement de la part des 65 + lié à l'augmentation possible de l'espérance de vie. "Par la suite, je ferai référence à la période 2012-2050 comme une période de transition, et à la période 2051-2100 comme étant le long terme".
David de la Croix relativise: "la plupart des théories économiques prédisent que l'effet à long terme de la baisse de la population est globalement positif". Et l'économiste de citer une contrainte budgétaire simple, vraie au niveau de la famille comme de la société: plus il y a de bénéficiaires (d'enfants), moins les dépenses par enfant peuvent-elles être généreuses.L'éducation et la santé seraient les premières victimes de cette politique nataliste. En outre, elle ne produirait un effet important qu'après de nombreuses décennies, le temps de cumuler la légère augmentation de fécondité qu'elles pourraient générer.
Pour faire face à la période de vieillissement accéléré dans les quarante années qui viennent, David de la Croix préconise plutôt de renforcer "certains principes connus depuis longtemps", tels que l'égalité des chances (grâce à l'éducation) et la mobilité internationale pour les travailleurs. "Cette politique engendrerait des gains d'efficacité au niveau mondial plus important que la libéralisation du commerce et des mouvements de capitaux" conclut l'auteur.
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