dimanche 12 décembre 2010

Une semaine, France-Culture, par l'entremise des nouveaux chemins de la connaissance, a diffusé une série d'émissions qui prenait pour thème quatre personnages de la Recherche du temps perdu. C'était instructif et intéressant, animé par un enthousiasme communicatif, sans trop de pédanterie pour le badaud ignorant que je représente si bien et intentionné par la transmission du goût d'en découvrir davantage. Attiré par les nombreux commentaires élogieux et plein de gratitude laissés sur le site, j'ai téléchargé les émissions que j'ai écouté en plusieurs temps. J'ai aimé l'émission sur Albertine, celle sur la Verdurin était coupée, sur le baron de Charlus, agréable et la dernière qui se concentrait sur Charles Swann un peu en-deçà. Il y a eu à vrai dire un incident curieux qui m'a nécessité un temps certain pour en dissiper le trouble qu'il m'a coûté. L'invitée, une spécialiste de l'œuvre de Proust, je crois même qu'elle y consacre sa vie, affirme qu'elle a compté à la main les occurrences de Swann dans toute la Recherche et qu'elles étaient au nombre de cinq cents, autant que celles de Charlus, voulant dire par là que Swann est à peine mentionné par rapport à l'importance qu'il occupe dans toute l'œuvre. Peu de temps après, mais pas tout de suite, l'animateur, R.Enthoven, philosophe et sémillant, la reprend pour corriger : "non, madame, je viens de vérifier il y a 1647 occurences de Swann". Un passage a dû être coupé au montage, car on n'entend pas l'invitée se défendre et elle ne parle plus pendant un moment assez long enchaînant sur un autre aspect, toute honte bue. J'ai trouvé, même au nom de la vérité, cette reprise disgracieuse. Je ne crois pas que l'animateur, occupé à son émission "d'août à juillet, du lundi au vendredi", puisse dans ses moyens, quoiqu'il semble travailleur et savant, lire toute la Recherche pour préparer son émission, comme il ne peut pas lire tout Hannah Arendt la semaine dernière, et enchaîner sur l'œuvre de Bergson. Il est aidé d'une bombardée de collaborateurs, qu'il cite tous les jours au commencement de son émission. C'était inélégant, parce qu'il a pris un ton je-monte-sur-mes-grands-chevaux, alors que probablement il venait de consulter google. J'ai eu du mal à avoir un avis tranché de suite, je crois qu'il a été pris dans le piège du ton qu'il aime employer -un ton dramatique et sautillant, d'autant qu'il faisait tout pour montrer qu'il connaissait La Recherche, plaçant de-ci de-là quelques informations complémentaires, pas toujours utiles et même accessoires et coupantes. J'ai souvent pensé à un sketch comique qui pourrait en être extrait. Cependant, ces émissions furent d'excellentes invitations à la lecture de l'œuvre.

Aucun commentaire: