Extrait d'un article de L'écho du 26 mai, donnant une petite idée de ce qui se trame en Espagne
..."Inutile de préciser que le compteur risque de s’affoler rapidement. Si près d’un tiers des caisses d’épargne a déjà fusionné, le gouvernement Zapatero estime qu’un autre tiers devrait recourir rapidement au même procédé. Du coup, les estimations de l’agence de notation Standard & Poor’s et de la banque Morgan Stanley évoquent une ardoise de 35 à 43 milliards d’euros pour les pouvoirs publics.
Ce qui tombe au plus mal pour un pays qui a annoncé la semaine dernière un plan d’austérité de 15 milliards d’euros destiné à ramener le déficit public de -11,2% du PIB en 2009 à -9,3% en 2010.
Marchés inquiets
Déjà énormément endetté, l’Espagne, qui doit rembourser (intérêts compris) la bagatelle de 705 milliards d’euros d’ici 2019 (soit 288 milliards d’euros de plus que la Grèce), va donc encore devoir accroître son endettement pour stabiliser son système financier.
Une perspective qui fait froid dans le dos des investisseurs. Échaudés par la crise grecque, ils se méfient de plus en plus des dettes souveraines des pays de la périphérie européenne. Pour emprunter à dix ans, l’Espagne doit désormais offrir un rendement de 4,12%.
Même si ce n’est pas encore aussi astronomique que dans le cas des Grecs (7,78 %), le surplus de rendement par rapport aux Bunds allemands exigé par le marché, pour se couvrir contre une éventuelle défaillance de paiement, se monte à 1,55 % (contre 5,2 % pour la Grèce).
Une prime de risque historique qui montre que les investisseurs ne sont pas pleinement rassurés quant à la capacité des Espagnols à honorer leurs engagements financiers.
En Juillet, ils devront, notamment, rembourser près de 25 milliards d’euros. Et près de 79 milliards d’euros pour l’ensemble de l’exercice 2010, soit quasi 15 % de leur dette totale. À titre de comparaison, la Grèce doit rembourser cette année 5,4 % de sa dette totale, soit trois fois moins. Même si l’Espagne n’est pas la Grèce, il n’est pas impossible que le pays soit, lui aussi, acculé à faire appel au dispositif européen de soutien aux pays en difficulté.
Des défis immenses
Avec un taux de chômage, qui culminait à plus de 20 % au premier trimestre, l’Espagne est le plus mauvais élève de la classe dans la zone euro, mais aussi dans l’OCDE.
On voit mal, dès lors, comment la croissance (le FMI évoque à peine 1,5 % à 2 % sur le long terme) pourrait rapidement venir au secours des autorités espagnoles.
Comme le résume le fonds monétaire international, "les défis sont immenses: un marché de travail en état de dysfonctionnement, l’éclatement de la bulle immobilière, un important déficit budgétaire, un lourd endettement du secteur privé […], une hausse de la productivité quasi-inexistante, une faible compétitivité et un secteur bancaire présentant des îlots de faiblesse"."
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