samedi 24 janvier 2009

Prends garde à la douceur des choses

Réveil

Si tu savais encor te lever de bonne heure,
On irait jusqu’au bois, où, dans cette eau qui pleure
Poursuivant la rainette, un jour, dans le cresson
Tremblante, tes pieds nus ont leur nacre baignée.
Déjà le rossignol a tari sa chanson ;
L’aube a mis sa rosée aux toiles d’araignée,
Et l’arme du chasseur, avec un faible son,
Perce la brume, au loin, de soleil imprégnée.
P-J. Toulet



Aujourd'hui, chers amis, ce fut une excellente journée de fin de semaine, comme le créateur s'eût plu à les faire s'Il s'était aidé du concours de l'homme. L'abus de vin de la veille m'avait desséché la bouche, un pinot noir de Bourgogne et un vin noir de Cahors s'y étaient épaissis, j'avais soif derechef. A l'aube, je ne voulais plus me recoucher. J'attendais l'émission de Finkielkraut, qui n'allait pas me décevoir, car ses émissions qui traitent de littérature sont les plus remarquables, en effet. Ils ont lu de la poésie à l'antenne, c'était gracieux, érudit, courtois, délicat dans l'humilité, jouissif dans le savoir, la culture avec un grand C. Par la suite, je me suis procuré un magazine (assez vulgaire) qui traitait de musique classique et évoquait Luther, qui reviendra plus tard sur mon chemin. Bien sûr, un samedi n'aura pas toute sa saveur si nous manquons Petitrenaud, qui encore une fois nous offrait une roborative émission de bonne tenue, où il était question de vins, d'agneau et de tapenade, à se taper la tête contre les murs recouvert de sang de végétariens étripés (je plaisante). A l'image d'un furieux couple moderne, Elle s'est mise en tête de commencer un puzzle reproduisant une peinture de Brueghel, pendant que je gonflais les watts des Lieder de l'ami Schubert, passé prendre l'apéro. Puis nous ponctuâmes cette délicieuse journée par une soirée au théâtre, où assistant à Erasme et Pantagruel, je suivais en même temps à mes côtés l'hilarité d'une très vieille dame riant de bon cœur (fragile) des dérapages rabelaisiens ("Lacrima Christi", ah!). Contrairement à ce que je craignais, la pièce n'était pas un simple dialogue entre Erasme et Rabelais, mais une joyeuse mise en scène montrant de quelle manière le frustre et délirant Rabelais s'était inspiré de l'austère et élitiste Érasme, dont il faisait passer sous l'apparence de l'exagération bouffonne les principaux messages.

Et demain, un orgue, au loin, se taira.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Délicieux week-end, indeed.