Dans son journal, Renaud Camus évoque ce jeu de l'esprit qui occupe son ami, le photographe Frank Horvat. Il est tout à fait stimulant.
Frank Horvat adhère sans réserve à cette idée de Nietzsche selon laquelle les peuples honorent entre toutes les vertus la plus contraire à leur caractère, celle qu'ils possèdent le moins, qui leur est le moins naturelle. Nietzsche donne l'exemple des Allemands qui, s'ils placent au premier rang la loyauté, c'est parce qu'ils sont traîtres comme pas deux.
Corée, l'absente, journal 2004, éditions Fayard, Renaud Camus p.153
Elle me demande pourquoi convoquer Nietzsche alors que l'adage populaire espagnol le dit aussi bien et sans droit d'auteur : "dime de qué presumes, y te dire de qué careces ».
Pour ce qui concerne les français, je ne crois pas me tromper en mettant en avant son esprit ou -prétendu - esprit de résistance. Au pays d’Astérix, il n’est pas un jour sans qu’on entende quelqu’un entrer bruyamment en résistance. Un fonctionnaire des postes, un étudiant à la charge de ses parents, des blogeurs, des rolléristes, tous se satisfont d’être en opposition avec l’ordre des choses et d’y risquer beaucoup, plus que tout. Il m’a toujours semblé que la France, dans ses plus tristes manies, épousait avec vingt ans de retard les modes américaines. Comme rarement se déchaîne le politiquement correct, comme rarement tout le monde est en résistance. J’essaie de trouver à quoi nous résistons, nous français, à la mondialisation ? à l’avenir ? à l’argent ? au nazisme ? au chiraquisme ? Que ceux qui le font fougueusement ne résistent pas pour une fois à la tentation de nous le révéler.