Comme chaque moment de rêvasserie tournait à la rage. Le téléphone se mit à vibrer. Il n'avait pas envie de répondre. Son temps était compté, aujourd'hui encore, il s'était imposé un emploi du temps rempli de lectures trop brèves, de menus travaux et d'émissions instructives, toute une science dont personne, en vérité, ne lui demanderait des comptes, si ce n'est le temps, justement, qui trop compressé, l'enverrait sans embarras sur un lit d'hôpital. Il répondit. Bien assez tôt, son interlocuteur, Arthur Saurin, le célèbre assistant parlementaire, allait se mettre à parler longuement de lui même, c'est alors qu' il glissa une allusion sur son chien récemment décédé. La voix se consumait, la conversation se termina dans des doléances désolées. "Toute cette science qui s'accumule dans mon esprit, si foutraque que je ne sais plus m'exprimer clairement. Tout ce savoir, qui jamais ne vit, qui jamais ne respire, m'intoxique, c'est mon propre poison que je secrète"... Comme chaque moment de rêvasserie tournait à la rage! Il passait son temps libre de la sorte, se plaignant avec emphase de ce qu'il appelait quand il s'en souvenait, "l'empoisonnement de sa vie intérieure". En vérité, je vous le dit, tout ceci est un peu pompeux, car si vous le rencontriez, vous vous diriez qu'il n'est pas si instruit.
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