Les historiens de l'économie datent la production du rire aux premières années de l'an deux-mille. Au début, de fabrication artisanal, son usage courant a permis aux entreprises de passer assez rapidement au stade industriel. Le son du pouffement de rire fut dans ses balbutiements délivrés dans des boîtes où des techniciens du son mixaient des rires épars et collectés auprès de joyeux volontaires. Mais avec l'apparition de la bonne humeur comme mode de civilisation, le rire est devenu un accessoire indispensable à la compagnie de l'homme. Les chaînes de télévision, bien sûr, mais aussi les métros des zones périurbaines sont d'importants et d'insatiables clients. Ainsi, des rieurs professionnels, des rieurs de vocation, diplômés, ont rejoint des sociétés dont l'organisation et le sens aigu de la compétition n'ont toujours rien à envier aux multinationales et as du marketing. Les centres du rire de Gagny-sur-Oise et de Lupiac-lès-Toulouse sont d'immenses hangars de la gaudriole, qui regroupent des employés souriants qui chaque matin satisfont à leur quota de rire, dispatché en fin de journée au quatre coins de la planète. Force est de reconnaître que la France, en tant que patrie de Sim et Stéphane Guillon, est une nation pionnière dans le rire et la texture du rire gaulois est un label de qualité, incontestablement. Néanmoins, on a craint les délocalisations. La région d'hiperbad en Inde a annoncé un complexe du rire de quelques dix mille mètres carrés, permettant d'inonder le marché du rire, d'un rire bon marché et modulable, ce que ne peut proposer pour l'instant les producteurs français, qui se plaignent de la trop grande réglementation qui les accable, faisant dire malicieusement à un entrepreneur qui tient à rester anonyme, "On ne peut plus rire de tout".
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