jeudi 11 décembre 2008

Bar à Tapas



Lors d'un cours du soir d'espagnol, dans une de ces trop nombreuses discussions de comptoir, où le bon alcool est remplacé par le mauvais espagnol, tout aussi saoulant, j'ai eu l'occasion unique de mettre en avant, d'exposer les effets de la surpopulation. Je trouvais un peu risible qu'on s'échine à insulter les gens qui ne ferment pas le robinet au moment du brossage de dents, alors que pendant ce temps, l'accroissement démographique, l'explosion démographique, engendrait les dégâts que l'on imagine en un temps où l'activité humaine occasionne des effets de toute sorte qu'on dénonce à l'envi. Toujours dégourdi par mon énervement quoique tempéré par les effluves quasi-éthylliques de mon mauvais espagnol, j'ai demandé ce qu'ils pensaient des OGM, ce moyen techno-scientifique à la productivité redoutable, qui seul permettraient de nourrir tout ce beau monde. J'ai fait, je dois le reconnaître, une erreur stratégique, OGM est tabou depuis que l'assistance a un jour vu à la télévision un reportage conspirationniste sur la question. Une donzelle m'a répondu à propos de la surpopulation : "Ben qué, no vamos a matarlos." Parole d'ivrogne ibérique, certes, mais qui a le mérite de mettre en lumière l'inconscient de l'argument, dénoncer la surpopulation est criminel. Le malthusianisme n'a pas bonne presse, il fallait à ce moment aller à contre courant avec une force qui me dépassait et qui sous l'emprise de mon espagnol bafouillant aurait été pathétique. Je suis reparti avec la sensation d'une occasion perdue.


N'est pas Claude Lévi-Strauss le premier ivrogne venu. Dans la vidéo ci-dessous, il dit à propos de la surpopulation, que c'est "un régime d'empoisonnement interne, en quelque sorte". Parole pythique qu'il faudra quelques décennies à demêler et à saisir, imaginez bien qu'un esprit vacillant en mode hispanique à bien du mal à exprimer devant des acolytes hostiles.





1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est bien en Français que l'on dit "mourir de succès". Les politiques durables ne peuvent pas chercher à éterniser l'humanité. L'humanité aura forcement une fin. Les hommes, en bons animaux (dans le bon sens du terme) cherchent à se conserver et se réproduire.

On pourrait probablement inhiber des tels instincts, mais si l'on inhibe le propre de l'homme, il y lieu de se demander s'il vaudrait encore la peine de chercher à faire durer l'humanité.

Alors, ce n'est pas sur que la surpopulation soit une question à être posée. Un espagnol aproximatif exprimer cela avec un "no vamos a matarlos" certes pas trop juste. Mais avec un peu plus de pratique, l'on pourrait dire que el deseo de reproducción y autoconservación son innatos al hombre, y que probablemente, en efecto, la conservación de la Humanidad debería pasar por la represión de la humanidad del hombre. Personalmente, prefiero aprender a aceptar, como lucho por aceptar mi propia mortalidad, que la Humanidad no es infinita, y que lo máximo que podemos hacer es intentar que la Humanidad dure lo máximo posible respetando lo que en el hombre hay de humano.