samedi 27 février 2010

Les aléas du principe de précaution

Répliques, l'émission du 27 février
Une bonne émission cette semaine à disposition des fidèles, un bon sujet et des intervenants de qualité, qu'ils en soient remerciés.

Principe de précaution :« l'absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement à un coût économiquement acceptable »

Partant du cas de la grippe H1N1, il était question des aléas du principe de précaution. Est-ce que les dérives communément admises sont-elles le fruit du principe en lui même ou alors de sa mauvaise ou non-application?

François Ewald met en avant la nature proliférante de ce principe qui contient en lui-même, dans "son épistémiologie", les germes de sa propre dérive. Il a pointé sans le nommer le paradoxe d'Ellsberg, qui fait que si on repère un risque tôt, et donc, dans un état de connaissances liminaires, le centre de gravité de la conscience de ces dommages se déplace vers une aggravation. La peur s'alimente elle-même. Par conséquent, la science n'est plus considérée par ce qu'elle nous révèle mais par ce qu'elle nous cache. Le principe de précaution exige de la science qu'elle nous donne des garanties définitives, ce qu'elle ne peut pas faire, c'est dans son principe même. Dès lors, l'opinion, échaudée par la mesure des experts, se concentre davantage sur ce qui est caché, tapi dans l'ombre de l'incertitude. D'où disproportion et exagération qui sapent l'autorité de la science, des organes politiques de régulation et de la démocratie, au nom de "l'heuristique de la peur". La société éclatée se concentre sur ses propres affects. De son côté, Olivier Godard rappelle que la situation de décalage entre l'innovation et la maîtrise de cette innovation nécessite un filtre, une réponse du "raisonnable" au "calculable", ce que propose le principe de précaution, qui est rarement mis en application selon lui, car elle est victime et non la cause du mouvement où les enjeux d'opinion publique l'ont emporté sur la gestion effective des risques. Est-ce lié, par exemple, au niveau d'éducation qui entraîne l'hystérie sur des sujets tels que le réchauffement climatique, les OGM ou alors est-ce parce que la prudence et la précaution qui introduisent cette si grande peur devant l'incertitude?

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